Après la chute du régime syrien, la communauté internationale suit la situation de près
Aux Etats-Unis, le président Joe Biden s'est réjoui que "le régime d'al-Assad soit enfin tombé", lors d'une allocation à la Maison Blanche, conspuant un dirigeant qui devrait "rendre des comptes" pour les "centaines de milliers de Syriens innocents" qui ont été "maltraités, torturés, et tués". Saluant une "opportunité historique" pour les Syriens de "construire un meilleur avenir", il a aussi mis en garde contre "les risques et l'incertitude" qui découlent de la situation.
Le chef de l'ONU Antonio Guterres a également estimé qu'"après 14 ans de guerre brutale et la chute du régime dictatorial, le peuple syrien peut aujourd'hui saisir une occasion historique de construire un avenir stable et pacifique". Mais il a tenu à appeler à "éviter la violence en cette période sensible, tout en protégeant les droits de tous les Syriens, sans distinction".
Les enquêteurs des Nations unies sur les crimes de guerre en Syrie ont salué une journée qui "marque un nouveau départ historique pour le peuple syrien qui a subi une violence et des atrocités indescriptibles". Ils ont appelé à ce que les "atrocités" commises par le régime Assad ne se "répètent plus jamais".
De son côté, Amnesty International a souligné que les auteurs des crimes perpétrés sous le pouvoir de Bachar al-Assad devaient être jugés lors de "procès équitables" excluant la peine de mort, saluant une "opportunité historique" de rompre la spirale de violence.
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"Relations amicales" à conserver
La Russie, jadis un des principaux soutiens au régime syrien, a affirmé que Bachar al-Assad avait "démissionné de son poste" et quitté le pays "en donnant l'instruction de procéder au transfert du pouvoir de manière pacifique". La Russie aurait accueilli à Moscou le président déchu, selon les agences de presse. "La Russie, sur la base de considérations humanitaires, leur a accordé l'asile", selon une source au Kremlin.
L'Iran, soutien indéfectible de Bachar al-Assad et dont l'ambassade à Damas a été saccagée par des manifestants après la chute de la capitale aux mains des rebelles, a dit souhaiter la poursuite de "relations amicales" avec la Syrie.
La Chine "suit de près l'évolution de la situation en Syrie et espère que la Syrie retrouvera la stabilité dès que possible", a écrit le ministère chinois des Affaires étrangères. Si la Russie et l'Iran ont été les plus proches soutiens de la Syrie, ces dernières années, les liens de Damas avec la Chine se sont renforcés.
"L'axe du mal"
Israël a salué la chute d'un "maillon central" de "l'axe du mal" dirigé par l'Iran. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu y voit "une conséquence directe" des coups portés à l'Iran et au Hezbollah.
Autre voisin de la Syrie, l'Irak a appelé au "respect" de la volonté du peuple syrien et tenu à souligner que "la sécurité, l'intégrité territoriale et l'indépendance de la Syrie sont d'une importance capitale".
Sa chute est "positive" et était "attendue depuis longtemps" tout en montrant "également la faiblesse des soutiens d'Assad, la Russie et l'Iran", a dit sur X la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Kaja Kallas. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a assuré que l'UE était prête à aider à reconstruire une Syrie "qui protège toutes les minorités".
L'Ukraine, en guerre et envahie par la Russie en 2022, a elle affirmé que "les dictateurs qui ont parié sur Poutine" étaient voués à la chute.
"Régime barbare"
"L'Etat de barbarie est tombé", s'est félicité le président français Emmanuel Macron tout en soulignant que la France restait "engagée pour la sécurité de tous au Moyen-Orient" dans la région.
Le Royaume-Uni a également salué la chute d'un "régime barbare". Le Premier ministre Keir Starmer a souligné que "la priorité est désormais de garantir qu'une solution politique prévale".
Civils à protéger
En Suisse, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a appelé toutes les parties impliquées dans le conflit à respecter le droit international humanitaire. Les civils doivent être protégés. Les parties à la guerre civile devraient oeuvrer à la paix et à la réconciliation.
"L'Espagne va pousser, avec tous les pays les plus impliqués dans la région (...), pour que quelle que soit la solution pour l'avenir de la Syrie, elle soit pacifique", a de son côté affirmé le chef de la diplomatie José Manuel Albares. Même son de cloche du côté de l'Irlande, où le Premier ministre a insisté sur "la protection des vies civiles" et la tenue d'élections "libres".
En Allemagne, le chancelier Olaf Scholz a affirmé qu'"il est désormais essentiel que la loi et l'ordre soient rapidement rétablis en Syrie" et que cessent les "ingérences" étrangères dans le pays, une allusion notamment à la Russie, à l'Iran et la Turquie.
De son côté, la Turquie, qui a soutenu certains groupes rebelles, a affirmé qu'elle allait intensifier son travail "avec les pays de la région et les acteurs internationaux dans les prochains jours" pour assurer une "transition en douceur".
Pour sa part, un haut responsable des Emirats arabes unis a exhorté les Syriens à "travailler ensemble" pour éviter "le chaos".
Le Qatar a aussi exhorté à tout faire pour empêcher la Syrie de "sombrer dans le chaos", tandis que la Jordanie a appelé ses citoyens à quitter le territoire syrien "le plus tôt possible".
Enfin en Afghanistan, les talibans ont "félicité" les rebelles syriens.
afp/lan