"La terreur est arrivée dans notre ville" a estimé Jan Wenzel Schmidt, chef de l'AfD du Land de Saxe-Anhalt, devant les personnes réunies dans cette ville du nord-est du pays toujours sous le choc d'un attentat qui a fait cinq morts, dont un enfant, et plus de 200 blessés.
"Nous devons fermer les frontières (...), nous ne pouvons plus accueillir des fous furieux venus de tous les pays", a-t-il ajouté, devant les militants du parti d'extrême droite. Il a condamné "l'échec politique monstrueux" qui a mené au drame. La coprésidente du parti Alice Weidel a quant à elle demandé "du changement pour que nous puissions enfin vivre de nouveau en sécurité", alors que la foule entonnait "expulsions, expulsions, expulsions!"
Samedi déjà, un millier de manifestants d'extrême droite étaient rassemblés sur la place centrale Magdebourg, alors que cette attaque à la voiture-bélier a fait ressurgir les questions d'immigration dans la campagne pour les élections législatives anticipées, prévues le 23 février.
Récupération dénoncée
A la même heure, une chaîne humaine organisée par l'initiative "Gib Hass keine Chance" ("Ne donne aucune chance à la haine") devait se former sur les lieux du drame, proche de l'église Saint-Jean dont le parvis est recouvert d'une marée de cierges et fleurs en hommage aux victimes.
"Nous constatons avec effroi et colère que des personnes veulent instrumentaliser cet acte cruel pour leur politique", indique l'initiative.
"Bien que le contexte du terrible attentat de Magdebourg n'ait pas encore été clarifié, une chose est claire: il y aura un 'avant' et un 'après' dans cette campagne électorale", a jugé de son côté le tabloïd Bild, estimant que l'attaque va recentrer la campagne sur les questions sécuritaires et migratoires.
À l'inverse, l'association allemande de la police criminelle (BDK) a mis en garde lundi contre "des accusations prématurées ou même l'instrumentalisation politique des événements", surtout à un moment où l'état de certaines victimes reste très grave.
Discours complotistes
Depuis vendredi soir, les médias s'interrogent sur les motifs qui ont poussé le suspect, un psychiatre saoudien de 50 ans titulaire d'un statut de réfugié, à commettre l'attaque. Présenté à un juge samedi soir, il a été placé en détention provisoire.
Lors de son arrestation, il a pêle-mêle exprimé des opinions hostiles à l'islam, sa colère contre les fonctionnaires allemands de l'immigration et son soutien aux récits d'extrême droite sur une "islamisation de l'Europe". Auparavant, il avait tenu des propos similaires dans de nombreuses publications sur les réseaux sociaux.
Certains reprochent également aux autorités de ne pas avoir suffisamment pris au sérieux les signaux inquiétants que l'assaillant envoyait depuis des années.
Selon le magazine Der Spiegel, les services secrets saoudiens avaient adressé il y a un an une mise en garde à leurs correspondants allemands du BND (Service fédéral de renseignement), au sujet du médecin. En cause: un de ses tweets dans lequel il menaçait l'Allemagne d'un "prix" à payer pour son traitement des réfugiés saoudiens.
L'avertissement est resté sans effet alors que l'homme s'enfermait dans des discours complotistes et accusait l'Allemagne de ne pas protéger les Saoudiens fuyant l'islam rigoriste tout en "accueillant des musulmans radicaux".
"Psychopathe d'ultradroite"
En août dernier, il écrivait encore sur son compte X: "Existe-t-il une voie vers la justice en Allemagne sans faire exploser une ambassade allemande ou égorger au hasard des citoyens allemands? Je cherche cette voie pacifique depuis janvier 2019 et je ne l'ai pas trouvée".
Son profil interpelle. Mina Ahadi, présidente du Conseil central des anciens musulmans, le décrit comme un "psychopathe d'ultradroite conspirationniste" haïssant tous ceux qui ne partagent pas sa haine.
doe avec agences
Le gouvernement Scholz sous pression
Le gouvernement d'Olaf Scholz a promis dimanche une enquête rapide et minutieuse pour clarifier d'éventuelles erreurs des autorités dans la prévention de l'attaque.
La ministre de l'Intérieur Nancy Faeser ainsi que des hauts fonctionnaires seront auditionnés le 30 décembre par la commission des affaires intérieures du Bundestag, preuve de la pression accrue des députés sur le chancelier, à deux mois du scrutin anticipé.
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