"Pourquoi?", demande dimanche le quotidien Bild, le plus lu d'Allemagne, dans un éditorial. Pourquoi le médecin de 50 ans suspecté d'avoir causé la mort de 5 personnes, et d'en avoir blessé plus de 200 autres vendredi soir, n'a-t-il pas été mis hors d'état de nuire alors que depuis des années il multipliait les signaux inquiétants en Allemagne?
"Les autorités chargées d'enquêter éclairciront tous les aspects de l'affaire" ce qui inclura "un examen minutieux des indices existants dans le passé et de la manière dont ils ont été suivis", a déclaré la ministre de l'Intérieur, Nancy Faeser, au journal dominical Bild am Sonntag, alors que le suspect a été placé en détention provisoire.
Signe de la pression sur le gouvernement du chancelier Olaf Scholz, à deux mois d'élections anticipées fin février: Nancy Faeser sera auditionnée dès le 30 décembre sur les dysfonctionnements ayant pu conduire à l'attaque.
Elles sera interrogée, ainsi que plusieurs hauts fonctionnaires, par la commission parlementaire de contrôle et la commission des affaires intérieures du Bundestag (chambre basse du Parlement), a appris l'AFP de source parlementaire.
Avertissement ignoré
Selon le magazine Der Spiegel, les services secrets saoudiens avaient adressé il y a un an une mise en garde à leurs correspondants allemands du BND. En cause: un des tweets du suspect dans lequel il menaçait l'Allemagne d'un "prix" à payer pour son traitement des réfugiés saoudiens.
L'avertissement est resté lettre morte, alors que l'homme s'enfermait toujours plus dans des discours complotistes et virulents.
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Il ne cessait d'accuser l'Allemagne de ne pas assez protéger les Saoudiens fuyant leur pays pour échapper à un islam rigoriste, et en revanche d'accueillir à bras ouverts des musulmans radicaux d'autres pays.
En aout dernier, il écrivait encore sur son compte X: "Existe-t-il une voie vers la justice en Allemagne sans faire exploser une ambassade allemande ou égorger au hasard des citoyens allemands? Je cherche cette voie pacifique depuis janvier 2019 et je ne l'ai pas trouvée".
En 2013 il avait été condamné à une amende à Rostock pour "troubles à l'ordre public" et "menaces de commettre des crimes".
Même dans la communauté saoudienne exilée en Allemagne l'homme faisait peur. "Nous le connaissons bien, il nous a terrorisés pendant des années", a déclaré la présidente du Conseil central des anciens musulmans, Mina Ahadi. Elle l'a qualifié de "psychopathe adhérant à l'idéologie conspirationniste de l'ultra-droite" qui "ne déteste pas seulement les musulmans, mais tous ceux qui ne partagent pas sa haine".
La police allemande avait bien mené une "évaluation de risque" le concernant l'an dernier, concluant toutefois qu'il ne posait pas de "danger particulier", indique dimanche le quotidien Die Welt.
En conflit avec l'administration et la justice
Le psychiatre saoudien semblait aussi en conflit permanent avec l'administration et la justice allemandes.
La veille de l'attaque à la voiture-bélier, il ne s'est pas rendu à une convocation judiciaire à Berlin où il était poursuivi après avoir provoqué un esclandre dans un commissariat qui ne voulait pas enregistrer une de ses plaintes, selon des médias allemands.
"L'impéritie de l'administration, qui a permis l'horreur de Magdebourg, laisse sans voix", a critiqué la chef de file de l'extrême droite allemande en vue des prochaines élections législatives de fin février, Alice Weidel. Son mouvement, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), a demandé la tenue d'une session extraordinaire de la chambre des députés sur la situation sécuritaire "catastrophique" du pays.
Un autre parti anti-système, de gauche radicale cette fois, BSW, tient un discours similaire. Sa responsable, Sahra Wagenknecht, a demandé que le gouvernement explique "pourquoi un si grand nombre de mises en garde ont été ignorées".
Tout au long du week-end, les responsables politiques allemands ont défilé sur les lieux du drame à Magdebourg. Les cinq victimes décédées sont un garçon de neuf ans et quatre femmes âgées de 45 à 75 ans. Parmi les dizaines de victimes fauchées par la BMW noire que l'auteur de l'attaque conduisait, une quarantaine sont grièvement blessées.
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afp/fgn
Mandat d'arrêt émis contre l'auteur présumé à Magdebourg
Un mandat d'arrêt a été émis à l'encontre de l'auteur présumé de l'attentat meurtrier sur un marché de Noël de la ville de Magdebourg en Allemagne, a annoncé la police dans la nuit de samedi à dimanche.
Le suspect de 50 ans est placé en détention provisoire, accusé de quintuple meurtre et de plusieurs tentatives de meurtre. Il a été présenté devant un juge samedi soir.
Les enquêteurs estiment que le suspect a agi seul et qu'il n'y a pour le moment aucune indication qu'un autre suspect est impliqué. L'auteur présumé, monté à bord d'un puissant véhicule BMW, a fauché la foule en traversant à toute allure le marché de Noël, où 5 personnes, dont un enfant de 9 ans, ont été tuées et plus de 200 blessées vendredi soir. Le bilan pourrait encore s'alourdir car une quarantaine de personnes sont grièvement blessées.