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Au Bangladesh, la jeunesse contestataire au cœur de la transition politique

Au Bangladesh, la jeunesse contestataire désormais au coeur de la transition politique. [Keystone]
Au Bangladesh, les jeunes au cœur de la transition politique / Tout un monde / 4 min. / le 13 août 2024
Après avoir renversé la Première ministre Sheikh Hasina, la jeunesse bangladaise s’engage pour la réconciliation nationale sous la direction de Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix et leader du gouvernement intérimaire. Entre gestion de la sécurité et retour à la démocratie, les étudiants prennent en main l’avenir du Bangladesh.

La police bangladaise a repris lundi ses patrouilles dans les rues de la capitale Dacca, mettant fin à près d'une semaine de grève décidée au lendemain de la prise de contrôle du pays par l'armée et la fuite à l'étranger de l'ex-Première ministre Sheikh Hasina.

Les forces de l'ordre ont accepté de reprendre le travail après des discussions nocturnes avec le nouveau gouvernement intérimaire dirigé par le prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus, chargé d'un complexe cheminement vers la réconciliation et la démocratie.

Alors que la répression contre les étudiants a fait plus de 500 morts, la police, qui était assimilée au régime de Sheikh Hasina, n'osait jusqu'alors plus sortir. "C'est bon d'être de retour", a déclaré ce lundi à l'AFP un policier chargé de la circulation à une intersection très fréquentée. "Comme nous nous sentons en sécurité, nous avons repris le service."

>> Lire aussi : Muhammad Yunus prête serment comme chef du gouvernement intérimaire au Bangladesh

Des étudiants en charge du trafic

Les étudiants ont pris les choses en main en assurant la sécurité, mais également la circulation automobile. [KEYSTONE - MONIRUL ALAM]
Les étudiants ont pris les choses en main en assurant la sécurité, mais également la circulation automobile. [KEYSTONE - MONIRUL ALAM]

Réunis derrière Muhammad Yunus, les jeunes Bangladais souhaitent désormais tourner la page, le mieux possible, après avoir chassé l'ex-Première ministre Sheikh Hasina qu’ils accusaient d’autoritarisme, n'hésitant pas à s’engager personnellement pour la réconciliation nationale et la démocratie.

En l'absence de la police dans les rues de Dacca la semaine dernière, ils n'ont pas hésité à mouiller le maillot, en s'emparant de toutes sortes de tâches. De la garde du Palais au maintien de la sécurité, en passant par la gestion du trafic ou le nettoyage de la ville.

Parfum d'allégresse

Sur le campus de l’université, là où les manifestations ont commencé en juillet, il n'est pas rare de croiser des étudiants qui refont le monde et discutent de l'avenir du Bangladesh. [AFP - LUIS TATO]
Sur le campus de l’université, là où les manifestations ont commencé en juillet, il n'est pas rare de croiser des étudiants qui refont le monde et discutent de l'avenir du Bangladesh. [AFP - LUIS TATO]

Tout cela s'accompagnant d'un parfum d’allégresse, puisque les étudiants goûtent enfin à la liberté qu’ils ont toujours voulue, mais n'ont jamais connue. Sur le campus de l’université, là où les manifestations ont commencé en juillet, il n'est pas rare de croiser des étudiants qui refont le monde et discutent de l'avenir du Bangladesh, tout en inscrivant leurs pensées sur les murs.

“Durant la révolte, nous étions très en colère, alors nous avons recouvert les portraits du régime de slogans assez violents et d’insultes. Mais désormais cela semble inapproprié, alors nous les remplaçons par des messages plus positifs. Celui que je viens de peindre invite à rester unis pour réformer notre pays", raconte une étudiante au micro de l'émission Tout un monde.

>> Les images des étudiants qui repeignent les murs avec des messages positifs :

Au Bangladesh, les étudiants repeignent les murs pour effacer le passé
Au Bangladesh, les étudiants repeignent les murs pour effacer le passé / L'actu en vidéo / 57 sec. / le 13 août 2024

Elections prévues dans les mois à venir

Les stigmates des affrontements entre étudiants et partisans de l'ancien pouvoir sont petit à petit effacés, mais les plaies invisibles de la société bangladaise mettront du temps avant de cicatriser. Selon les ONG, des centaines de personnes ont été assassinées ou ont mystérieusement disparu durant le règne de Sheikh Hasina.

En attendant l'organisation d'élections dans les mois à venir, le gouvernement intérimaire de Mohammad Yunus qui se précise de jour en jour, s'est donné comme priorité d'écouter les étudiants et la société civile, avec pour objectif d'apaiser le Bangladesh.

Devant le siège des services de renseignement, des manifestants se rassemblent régulièrement avec des photos de leurs proches disparus. [NurPhoto via AFP - ZABED HASNAIN CHOWDHURY]
Devant le siège des services de renseignement, des manifestants se rassemblent régulièrement avec des photos de leurs proches disparus. [NurPhoto via AFP - ZABED HASNAIN CHOWDHURY]

Sujet radio: Côme Bastin

Texte web: Fabien Grenon

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L'ex-Première ministre déchue visée par une enquête pour meurtre

Un tribunal au Bangladesh a demandé mardi à la police d'enquêter sur l'ex-Première ministre déchue Sheikh Hasina et six hauts responsables de son gouvernement pour le meurtre d'un homme durant les manifestations de juillet.

Ils sont accusés d'être responsables de la mort du propriétaire d'une épicerie abattu le 19 juillet par la police bangladaise, lors de la répression meurtrière des manifestations antigouvernementales.

Outre l'ex-Première ministre déchue, l'ancien ministre de l'Intérieur Asaduzzaman Khan et le secrétaire général du parti de la Ligue Awami - le parti de Sheikh Hasina - sont visés dans cette affaire.

Sont également accusés quatre hauts responsables de la police qui ont été nommés par le gouvernement de Sheikh Hasina, dont l'inspecteur général de la police.

Le chef de la police judiciaire ainsi que deux officiers de la police de Dacca figurent aussi parmi les accusés.