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Au Sénégal, le président Macky Sall annonce le report de la présidentielle à une date indéterminée

Le chef d'État du Sénégal Macky Sall a reporté les élections présidentielles, provoquant de multiples protestations
Le chef d'État du Sénégal Macky Sall a reporté les élections présidentielles, provoquant de multiples protestations / 12h45 / 1 min. / le 4 février 2024
Mesure inédite au Sénégal: le chef d'Etat Macky Sall a annoncé samedi le report sine die de la présidentielle prévue le 25 février. Une décision prise dans un contexte de profonde crise politique et qui a soulevé des protestations.

A quelques heures seulement de l'ouverture de la campagne électorale au Sénégal, le président Macky Sall a annoncé que la présidentielle prévue le 25 février sera reportée. Et ce à une date encore inconnue.

A Washington, le département d'Etat a déclaré que les Etats-Unis étaient "profondément préoccupés" par cette annonce.

"Nous exhortons tous les participants au processus électoral sénégalais à s'engager pacifiquement dans l'effort important visant à fixer rapidement une nouvelle date et les conditions d'une élection libre et équitable", a publié sur X le Bureau des Affaires africaines du département d'Etat, ajoutant que le Sénégal "a une forte tradition démocratique et de transitions pacifiques du pouvoir".

C'est la première fois depuis 1963 qu'une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal, pays présenté comme un îlot de stabilité en Afrique.

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Des milliers de Sénégalais se sont rassemblés vendredi à Dakar pour protester contre l'éventualité d'un troisième mandat du président Macky Sall
Des milliers de Sénégalais se sont rassemblés vendredi à Dakar pour protester contre l'éventualité d'un troisième mandat du président Macky Sall / 12h45 / 2 min. / le 13 mai 2023

Pas candidat à un nouveau mandat

Le Sénégal ne peut "se permettre une nouvelle crise" après des troubles meurtriers en mars 2021 et juin 2023, a déclaré Macky Sall, annonçant "un dialogue national" pour "une élection libre, transparente et inclusive" et réitérant son engagement à ne pas être candidat.

Ce n'est pas un report mais une annulation de l'élection tout simplement

El Malick Ndiaye, parti PASTEF

L'opposant sénégalais Khalifa Sall, un des principaux candidats à la présidentielle, a appelé tout le pays à "se lever" contre le report du scrutin.

"Ce n'est pas un report mais une annulation de l'élection tout simplement", a réagi sur Facebook El Malick Ndiaye, ex-porte-parole du parti dissous de l'opposant emprisonné Ousmane Sonko.

>> Lire aussi : Au Sénégal, l'opposant Ousmane Sonko à nouveau interdit de se présenter à la présidentielle

Candidats de premier plan exclus

L'ajournement est annoncé sur fond de conflit entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, qui a validé en janvier vingt candidatures, un record. Le Conseil constitutionnel a cependant exclu du scrutin des dizaines de prétendants.

La décision de recaler des candidats de premier plan, tels que Karim Wade - ministre et fils de l'ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012) - et Ousmane Sonko - figure emblématique de l'opposition -, a alimenté le mécontentement croissant à l'égard du processus électoral.

Les candidats exclus affirment que les règles de candidature n'ont pas été appliquées équitablement, ce que les autorités nient.

Enquête sur deux juges

Après la publication de la liste définitive des candidats, la coalition de Karim Wade a initié la création d'une commission d'enquête parlementaire sur deux des sept juges du Conseil dont elle met en cause l'intégrité.

L'Assemblée nationale a approuvé le 31 janvier la formation de cette commission sur la validation des candidats. Un grand nombre des membres du camp présidentiel ont voté pour cette commission.

Des adversaires du président sortant ont soupçonné un plan pour repousser la présidentielle parce que le pouvoir craindrait de la perdre.

"Report de six mois maximum"

Le bureau de l'Assemblée nationale a adopté samedi une proposition de loi, à l'initiative de la coalition de Karim Wade, pour un "report de six mois maximum" de la présidentielle du 25 février, a annoncé la télévision publique.

Les députés doivent ensuite se réunir en commission pour examiner le texte, avant une plénière à une date non précisée.

agences/doe

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