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Au Venezuela, la cheffe de l'opposition appelle à manifester contre la réélection de Nicolás Maduro

Maria Corina Machado appelle les Vénézuéliens à manifester samedi. [KEYSTONE - HENRY CHIRINOS]
La cheffe de l'opposition vénézuélienne appelle à manifester contre la réélection de Nicolás Maduro / Le Journal horaire / 26 sec. / le 2 août 2024
La cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado a appelé à manifester samedi "dans toutes les villes" du pays pour dénoncer les fraudes qui ont permis, selon elle, la réélection du président Nicolás Maduro.

"Nous devons rester fermes, organisés et mobilisés avec la fierté d'avoir obtenu une victoire historique" dimanche, a déclaré Maria Corina Machado dans une vidéo publiée jeudi sur les réseaux sociaux, promettant d'aller "jusqu'au bout".

"Le monde verra la force et la détermination d'une société déterminée à vivre en liberté", a ajouté l'opposante, qui revendique la victoire écrasante de son candidat, le discret diplomate Edmundo González Urrutia, au scrutin du 28 juillet.

Edmundo Gonzalez Urrutia et la cheffe de l'opposition vénézuélienne, Maria Corina Machado. [KEYSTONE - RONALD PENA R]
Edmundo Gonzalez Urrutia et la cheffe de l'opposition vénézuélienne, Maria Corina Machado. [KEYSTONE - RONALD PENA R]

Forcée de "se cacher"

Plus tôt jeudi, elle a assuré "craindre pour (sa) vie" et être forcée de "se cacher". "Je pourrais être capturée au moment où j'écris ces mots", a-t-elle assuré dans une tribune au Wall Street Journal, au lendemain de menaces lancées à son encontre par Nicolás Maduro. Une source de l'opposition a indiqué que la dirigeante "est en sécurité".

"Après cette farce, des manifestations spontanées ont éclaté notamment dans les quartiers pauvres de Caracas et d'autres villes. M. Maduro a répondu par une répression brutale", selon Maria Corina Machado. Cette répression "doit cesser immédiatement, afin qu'un accord urgent puisse être conclu pour faciliter la transition vers la démocratie", a-t-elle conclu.

>> Voir le sujet du 12h45 jeudi :

La pression s'accroît sur le Venezuela. Aujourd'hui les soutiens au Président Maduros descendent dans la rue.
La pression s'accroît sur le Venezuela. Aujourd'hui les soutiens au président Maduro descendent dans la rue. / 12h45 / 2 min. / le 1 août 2024

Appel à la mobilisation

Mercredi, la cheffe de l'opposition, déclarée inéligible par le pouvoir et qui avait été remplacée au pied levé par Edmundo González Urrutia, avait lancé un appel aux Vénézuéliens à descendre dans les rues, premier du genre depuis le début de cette crise.

Plus de 1200 personnes ont été interpellées et une douzaine tuées lors des manifestations spontanées qui ont éclaté dans le pays dans les deux jours ayant suivi le scrutin. L'opposition a fait état de vingt morts et onze disparitions forcées.

>> A lire : Douze morts et 44 blessés dans les manifestations contre la réélection de Nicolas Maduro au Venezuela

Une élection contestée

Héritier du dirigeant socialiste et bolivarien Hugo Chávez, Nicolás Maduro, 61 ans, au pouvoir depuis 2013, a été réélu pour un troisième mandat jusqu'en 2031, à l'issue du scrutin de dimanche remporté avec 51,2% des voix contre 44,2% à son adversaire, selon les résultats officiels.

Le Conseil national électoral (CNE), qui a fait état d'un piratage informatique, n'a pas publié les résultats détaillés par bureau de vote, alors que l'opposition dit avoir, elle, regroupé plus de 80% des bordereaux des bureaux. Selon ce décompte, Edmundo González Urrutia a recueilli 67% des voix.

"Fraude massive"

Les membres de l'opposition ont dénoncé une "fraude massive" et exigé un recomptage transparent, une demande reprise par de nombreux pays occidentaux, mais aussi d'Amérique latine.

Nicolás Maduro a, lui, menacé mercredi de mettre "derrière les barreaux" les deux chefs de l'opposition, qui ne sont plus apparus en public depuis mardi, jurant que ses adversaires n'arriveraient "jamais au pouvoir".

>> A lire : Le président vénézuélien Nicolas Maduro menace l'opposition, qui appelle à la mobilisation

Dans la soirée, il est allé à la rencontre de policiers anti-émeutes déployés casques sur la tête et matraques à la main, dénonçant les "criminels" contestant sa réélection dont "plus de 1'200 ont été capturés". "Je compte sur vous!", a-t-il lancé aux policiers.

Prisons aménagées

Le président vénézuélien a annoncé que deux prisons de haute sécurité étaient en train d'être préparées pour accueillir les manifestants. "Nous en avons capturé 1200, nous en recherchons 1000 autres et nous allons tous les attraper", a-t-il promis dans des déclarations à la télévision nationale, accusant les protestataires de vouloir "transformer le Venezuela en un nouvel Haïti".

Plusieurs ONG, dont Amnesty International, ont dénoncé dans un communiqué "l'usage disproportionné de la force".

La Colombie, le Brésil et le Mexique, tous trois entretenant plutôt de bonnes relations avec le Venezuela chaviste, ont demandé jeudi "une vérification impartiale des résultats", et ceci "avec célérité".

afp/jtr

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Antony Blinken évoque des "preuves incontestables" d'une victoire de l'opposition

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a affirmé jeudi qu'il existait des "preuves incontestables" que le candidat de l'opposition vénézuélienne Edmundo González Urrutia avait remporté le scrutin présidentiel face à Nicolás Maduro.

"Compte tenu des preuves incontestables, il est clair pour les Etats-Unis et, surtout, pour le peuple vénézuélien, qu'Edmundo González Urrutia a gagné le plus de voix lors de l'élection présidentielle du 28 juillet", a dit le secrétaire d'Etat dans un communiqué.