Auditionnée au procès des assistants parlementaires du RN, Marine Le Pen risque l'inéligibilité
La cheffe des députés RN à l'Assemblée nationale, qui figure parmi les favoris des sondages, va devoir répondre directement lundi aux questions des magistrats dans un procès débuté le 30 septembre à l'encontre de 25 personnes au total.
Les prévenus sont jugés pour détournement de fonds publics ou complicité de ce délit, pour avoir mis en place entre 2004 et 2016 un système d'embauche de collaborateurs d'eurodéputés qui n'effectuaient en fait des missions qu'au bénéfice de leur parti (appelé alors Front national).
>> Lire aussi : Un procès à forts enjeux pour le Rassemblement national, accusé de détournement de fonds européens
Comme tous les autres prévenus, Marine Le Pen encourt jusqu'à dix ans d'emprisonnement et un million d'euros d'amende, ainsi qu'une peine d'inéligibilité de dix ans, susceptible d'entraver ses ambitions présidentielles.
Accusations réfutées
La triple candidate malheureuse à la présidence réfute les accusations. Elle invoque sur le fond "la liberté parlementaire" de recruter tel ou tel collaborateur, et assure, comme ses coprévenus, n'avoir "violé aucune règle".
Sur la forme, elle choisit l'offensive. Aux premières heures du procès, elle réclame - et obtient - la parole et présente son parti en victime du Parlement européen, dont le RN serait "la bête noire". Et de dénoncer les "a priori" de la partie civile.
Le Parlement européen a évalué son préjudice financier à trois millions d'euros. Il ne réclamera que deux millions, un million ayant déjà été remboursé, ce qui n'est pas un aveu de culpabilité, a assuré le RN.
Jeudi, dans une interview accordée à l'hebdomadaire Le Point, Marine Le Pen a aussi affirmé "avoir perçu de la part de la présidente (du tribunal) une tonalité de partialité".
Quel impact sur la campagne?
Avec 125 députés, le RN est le premier parti à l'Assemblée nationale, éclatée en trois grands groupes: le camp présidentiel allié à la droite, la gauche et enfin l'extrême droite. Mais aucun n'a de majorité absolue.
Cette situation a été provoquée par les législatives issues de la dissolution surprise décidée par le président Emmanuel Macron après la victoire du RN aux élections européennes de juin. La gauche refusant d'aider le gouvernement de coalition camp présidentiel-droite, le RN se retrouve de fait dans la position de faiseur, ou défaiseur, de l'exécutif.
"La date de péremption [de ce dernier] est inscrite sur la boîte", ironise Marine Le Pen, qui a assuré vouloir assister autant que possible au procès censé durer jusqu'au 27 novembre. Dans le même temps, elle a promis de tenir un grand meeting par mois jusqu'à la présidentielle de 2027.
"C'est sûr que c'est plus inconfortable de faire campagne quand on est condamné, mais on peut aussi être acquitté, et là c'est jackpot", anticipe un député RN. "Chaque fois qu'on attaque le parti ou ses dirigeants, ça lui permet de se poser en victime", estime quant à elle Nonna Mayer, chercheuse en sciences politiques.
afp/edel