Le Hamas a capturé Aviva et Keith Siegel lors de son attaque sur le territoire israélien du 7 octobre dernier. Le couple a été enlevé à son domicile du kibboutz de Kfar Aza, dans lequel un massacre a été perpétré.
"Je pense que les gens ont besoin de droits. Nous n'avions aucun droit pendant que nous étions dans les tunnels. Nous n'avions pas d'oxygène. Nous avions du mal à respirer", raconte-t-elle.
"Nous sommes presque morts. Nous n'avions pas assez de nourriture et, parfois, pas de nourriture du tout. Il n'y avait pas d'eau non plus. Nous n'avions pas le droit de parler. Nous devions presque tout le temps rester silencieux", détaille Aviva Siegel, qui porte un T-shirt sur lequel une photo de son mari est imprimée.
"J'ai été détenue pendant 51 jours. J'ai été torturée. J'ai vu les filles qui étaient torturées, j'ai vu qu'il y avait des abus sexuels. Je veux que toutes ces personnes puissent rentrer chez elles dès que possible", décrit également l'ancienne captive du mouvement islamiste palestinien.
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Pas de nouvelles de son mari
Aviva Siegel explique avoir été retenue en otage au côté de son époux, jusqu'à ce que quelqu'un vienne lui annoncer qu'elle allait rentrer en Israël dans le cadre d'un échange avec des prisonniers palestiniens. Dans un premier temps, elle se méfie: "Je ne croyais pas cette personne, parce qu'on m'a menti toute ma détention", dit-elle.
On ne sait même pas si Keith est en vie
Mais, lors de la trêve en novembre, elle est bel et bien libérée, au contraire de son mari. "J'ai dit à la personne qui me détenait que je ne pouvais pas rentrer chez moi sans lui dire au revoir. J'ai demandé à Keith d'être fort pour moi et je lui ai dit que je serai forte pour lui."
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Aujourd'hui, elle n'a aucune information concernant la localisation ou l'état de santé de son conjoint. "On ne sait même pas s'il est en vie. Keith est peut-être décédé", dit-elle. "Je suis très inquiète pour lui. Il a 64 ans et n'est pas en très bonne santé, il a de l'hypertension. Il doit retrouver sa famille."
Le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu est déterminé à poursuivre la guerre dans la bande de Gaza jusqu'à la destruction totale du Hamas. Questionnée sur ses éventuelles craintes quant à une menace que ferait peser cette stratégie sur la sécurité des otages encore retenus dans le territoire palestinien, Aviva Siegel répond qu'elle "n'est pas une femme politique". "Tout le monde doit nous aider. Il faut faire sortir ces otages. Je demande de l'aide au monde", lance-t-elle.
Et de rappeler les conditions de détentions déplorables des otages: "Les droits humains ne sont pas respectés. J'avais peur de mourir lors de ma détention. J'ai eu de la chance de survivre".
"Cela fait des années que nous souhaitons la paix"
A la question de savoir si, à ses yeux, la réponse d'Israël à l'attaque du Hamas était disproportionnée, au regard des nombreuses victimes civiles, elle indique "souhaiter la paix".
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"Cela fait des années que nous souhaitons la paix. Nous souffrons depuis plus de 25 ans, car des missiles sont tirés sur nous. Moi, je me cachais dans les arbres pour ne pas être assassinée. Mon voisin est décédé sous mes yeux, coupé en deux par un missile. C'est très difficile, quand on constate la situation en Israël. Et ce qui se passe à Gaza, c'est difficile aussi. Je souhaite que le monde soit meilleur pour tous", conclut Aviva Siegel.
Propos recueillis par Philippe Revaz
Texte web: Antoine Michel