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L'autocrate devenu le visage de la répression en Syrie, portrait de Bachar al-Assad

Au pouvoir depuis 25 ans, le président syrien Bachar al-Assad a été renversé dimanche par les rebelles du groupe islamiste HTS. Retour sur ce demi-siècle de dictature
Au pouvoir depuis 25 ans, le président syrien Bachar al-Assad a été renversé dimanche par les rebelles du groupe islamiste HTS. Retour sur ce demi-siècle de dictature / 12h45 / 2 min. / dimanche à 12:45
Bachar al-Assad a dirigé la Syrie d'une main de fer pendant près d'un quart de siècle, réprimant dans le sang une rébellion qui s'est muée en guerre civile, l'une des plus brutales du XXIe siècle. L'autocrate de 59 ans a fui Damas dimanche, signant l'effondrement de son régime à la suite d'une offensive éclair menée par les rebelles syriens. Son sort reste pour l'heure incertain.

>> Lire le suivi de la situation en Syrie : Appels à une transition pacifique en Syrie après la prise de Damas par les rebelles, Bachar al-Assad a quitté le pays selon la Russie

Rien ne prédestinait Bachar al-Assad à accéder aux plus hautes fonctions. Cet ophtalmologue de formation arrive au sommet de l'Etat à l'âge de 34 ans, en 2000, à la mort de son père, Hafez al-Assad, à qui il succède. Onze ans plus tard, le Printemps arabe déferle sur son pays

Les manifestations pro-démocratie sont rapidement réprimées dans le sang et dégénèrent en guerre civile impliquant notamment diverses forces djihadistes, dont l'organisation Etat islamique. Le président syrien réussit à se maintenir au pouvoir avec le soutien massif de la Russie, de l'Iran et du Hezbollah libanais.

>> Voir les explications d'Antoine Silacci sur l'importance du soutien russe :

En Syrie, la présence russe est la clé pour la survie du régime de Bachar al-Assad. Les explications d'Antoine Silacci, chef de la rubrique internationale de la RTS
En Syrie, la présence russe est la clé pour la survie du régime de Bachar al-Assad. Les explications d'Antoine Silacci, chef de la rubrique internationale de la RTS / 19h30 / 1 min. / le 2 décembre 2024

Pas destiné à devenir président

Issu d'une lignée alaouite, Bachar al-Assad se présente comme le protecteur des minorités syriennes et seul rempart contre l'extrémisme et le chaos. Soignant son apparence, le dirigeant préfère les costumes bien coupés à l'habit militaire. Mais sous une apparence posée et presque timide, il démontre une volonté de conserver le pouvoir à tout prix.

Son père a dirigé la Syrie d'une main de fer durant 30 ans. A la tête du parti Baas, Hafez al-Assad avait imposé en Syrie un régime opaque et paranoïaque où le plus infime soupçon de dissidence pouvait faire expédier quelqu'un en prison.

Né le 11 septembre 1965, son fils Bachar n'est pas destiné à devenir président, mais sa vie change radicalement quand le fils aîné, Bassel, se tue dans un accident de la route en 1994. Il doit alors abandonner ses études à Londres, où il a rencontré son épouse Asma, une Syro-Britannique de confession sunnite avec qui il aura trois enfants.

Une photo de Bachar al-Assad en compagnie de sa femme Asma, diffusée le 21 mars 2016. [KEYSTONE - SANA / HANDOUT]
Une photo de Bachar al-Assad en compagnie de sa femme Asma, diffusée le 21 mars 2016. [KEYSTONE - SANA / HANDOUT]

Le réformateur laisse la place à l'autocrate

Au décès de son père en 2000, Bachar devient président par référendum, sans opposition. Quand il prête serment à l'âge de 34 ans, il incarne pour de nombreux Syriens en quête de plus de libertés l'image d'un réformateur, en mesure de mettre fin à des années de répression et d'instaurer une économie plus libérale dans ce pays au contrôle étatique étouffant.

Au début de sa présidence, Assad apparaît en public au volant de sa voiture ou dînant au restaurant en tête-à-tête avec sa femme. Il assouplit certaines des restrictions imposées par son père. Mais l'image du réformateur se dissipe très vite, avec l'arrestation et l'emprisonnement d'intellectuels, d'enseignants ou d'autres adhérents au mouvement de réforme, au terme d'un bref "Printemps de Damas".

>> Les précisions de Mohamed Errami dans le 12h45 :

Le journaliste Mohamed Errami revient sur la chute historique du président syrien Bachar al-Assad, renversé dimanche par les rebelles du groupe islamiste HTS
Le journaliste Mohamed Errami revient sur la chute historique du président syrien Bachar al-Assad, renversé dimanche par les rebelles du groupe islamiste HTS / 12h45 / 1 min. / dimanche à 12:45

Puis l'autocrate se mue en tyran sanguinaire

Quand le Printemps arabe gagne la Syrie en mars 2011, des manifestations pacifiques appellent au changement. Bachar al-Assad, qui est également le commandant des armées, mène alors une répression brutale suivie rapidement par une guerre civile.

Pendant la guerre, qui a fait plus de 500'000 morts et a provoqué le déplacement de la moitié de la population, Bachar al-Assad est toujours resté ferme sur ses positions. A la faveur du soutien de ses parrains iranien et russe, il a réussi à reconquérir les deux tiers du territoire.

Bachar al-Assad a violemment réprimé la révolte contre son régime en 2011 ; la guerre civile qui a suivi a fait un demi-million de morts. Ici, une image prise en mai 2014 dans un hôpital de la capitale Damas. [KEYSTONE - DUSAN VRANIC]
Bachar al-Assad a violemment réprimé la révolte contre son régime en 2011 ; la guerre civile qui a suivi a fait un demi-million de morts. Ici, une image prise en mai 2014 dans un hôpital de la capitale Damas. [KEYSTONE - DUSAN VRANIC]

Sur le plan interne, grâce à sa "persévérance et sa rigueur", il a réussi à "monopoliser les pouvoirs décisionnels et à garantir le soutien total de l'armée", explique un chercheur à Damas. Même au pic de la guerre civile, il est resté imperturbable, convaincu de sa capacité à écraser une rébellion qu'il a dénoncée comme étant "terroriste" et le produit d'"un complot" ourdi par des pays ennemis pour le renverser.

Une chute subite

Abandonné par ses alliés russe et iranien eux-mêmes très affaiblis, il a toutefois dû selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) fuir le pays dimanche, onze jours après le lancement le 27 novembre d'une offensive éclair par les rebelles, à laquelle ses forces n'ont opposé quasiment aucune résistance.

En Syrie, les rebelles du groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham ont conquis dimanche la capitale Damas. Une incursion qui a fait fuir le président Bachar al-Assad
En Syrie, les rebelles du groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham ont conquis dimanche la capitale Damas. Une incursion qui a fait fuir le président Bachar al-Assad / 12h45 / 2 min. / dimanche à 12:45

Parmi les symboles les plus forts de la chute de Damas figure la libération de la sinistre prison de Sednaya, où furent emprisonnés, torturés et assassinés des milliers d'opposants au pouvoir de la dynastie al-Assad.

>> Retour dans le 19h30 sur ce demi-siècle de dictature :

Au pouvoir depuis plus de 50 ans, la famille Assad a été renversée dimanche par les rebelles syriens. Retour sur ce demi-siècle de dictature
Au pouvoir depuis plus de 50 ans, la famille Assad a été renversée dimanche par les rebelles syriens. Retour sur ce demi-siècle de dictature / 19h30 / 2 min. / dimanche à 19:30

agences/dk

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