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Barrage au RN, divergences et reports de voix, les grandes manœuvres ont commencé en France

Réactions et perspectives face au Rassemblement national en tête du premier tour des législatives en France
Réactions et perspectives face au Rassemblement national en tête du premier tour des législatives en France / La Matinale / 4 min. / le 1 juillet 2024
En France, la semaine qui débute s'annonce intense sur le front des tractations avant le second tour des législatives dimanche prochain. Les désistements, les appels à soutenir tel ou tel parti et les reports de voix dessineront la prochaine Assemblée nationale.

Les résultats du premier tour

Le premier tour des élections législatives en France a vu le Rassemblement national et ses alliés arriver largement en tête avec 33,15% des voix. Un total de 37 députés du RN et deux députés LR alliés ont été élus dès le premier tour.

Le Nouveau Front populaire a obtenu 27,99% des voix et 32 élus dès le 1er tour, alors qu'Ensemble, le parti de la majorité présidentielle, et ses alliés reculent à 20,4% (2 élus). Les Républicains et les divers droite obtiennent ensemble un score de 10,2% et 3 élus.

Dès dimanche soir, les grandes manœuvres ont démarré en vue du second tour le 7 juillet. Les trois blocs principaux vont tout faire pour décrocher la majorité absolue dimanche prochain pour former le nouveau gouvernement et les stratégies des uns et des autres, ainsi que leur décision de se présenter ou non au second tour, pourraient changer la donne.

>> Le suivi du premier tour : Le RN devant le Nouveau Front populaire, le camp présidentiel largement battu


La stratégie du Rassemblement national

Jordan Bardella. [KEYSTONE - LEWIS JOLY]
Jordan Bardella. [KEYSTONE - LEWIS JOLY]

Si le Rassemblement national semble en meilleure position, les jeux ne sont pas entièrement faits. Ses dirigeants Jordan Bardella et Marine Le Pen le savent, le RN ne pourra pas se contenter d’une majorité relative pour former le prochain gouvernement. Il faut donc 289 sièges de députés pour s’assurer d'une majorité absolue et du soutien complet de l’Assemblée nationale. Or les projections donnent le RN en dessous de cette barre, même avec ses allié comme Eric Ciotti (LR).

Pour le RN, la stratégie est donc claire: il faut se mobiliser encore davantage pour arriver à cette majorité absolue. Marine Le Pen l'a fait savoir dès dimanche durant sa première prise de parole: "Rien n'est gagné et le second tour sera déterminant pour éviter au pays de tomber au sein de la coalition Nupes 2", à savoir le Nouveau Front populaire. "Je vous invite à renouveler votre vote si vous avez choisi nos candidats au premier tour. Si vous avez fait un autre choix, je vous invite dimanche à rejoindre la coalition de la liberté, de la sécurité et de l'unité."

Pour y parvenir, la dirigeante du parti a ciblé d'une part le camp macroniste, qui a complètement failli selon le RN et qui s'en trouve "effacé", mais aussi la coalition de gauche, dont elle a fait son principal adversaire désormais. Marine Le Pen et Jordan Bardella ont surtout agité le spectre de voir le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon devenir Premier ministre.

Pour le Rassemblement national, la majorité absolue est donc possible, mais tout dépendra du front républicain qui se dessinera face à lui. Selon un premier décompte de l'afp, ce sont quelque 150 candidats de gauche ou macronistes qualifiés pour le deuxième tour qui se sont déjà désistés lundi afin de contrer le Rassemblement national.

>> Voir le sujet du 12h45 :

En France, le RN appelle à l’union nationale derrière Jordan Bardella après sa victoire au premier tour des législatives
En France, le RN appelle à l’union nationale derrière Jordan Bardella après sa victoire au premier tour des législatives / 12h45 / 1 min. / le 1 juillet 2024

La stratégie du Nouveau Front populaire

Jean-Luc Mélenchon. [KEYSTONE - GUILLAUME HORCAJUELO]
Jean-Luc Mélenchon. [KEYSTONE - GUILLAUME HORCAJUELO]

A gauche, on a désormais deux objectifs dans le viseur. Le premier est d'augmenter encore le nombre des élus et même d'obtenir une majorité capable de gouverner, éventuellement en tissant de nouvelles alliances. "Il faut donner une majorité absolue au Nouveau Front populaire (NFP), car il est la seule alternative. Il ne s'agit pas seulement de voter contre, de vouloir faire barrage, il s'agit de voter pour un autre futur", a déclaré le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon.

Le deuxième mot d'ordre est de faire barrage au Rassemblement national. La consigne donnée aux membres du Nouveau Front populaire en vue du deuxième tour a été claire: retirer les candidatures dans les circonscriptions où l'alliance de gauche est arrivée en troisième position et où le RN est en tête en vue du deuxième tour.

Les membres du Nouveau Front populaire (La France insoumise, Parti socialiste, Ecologistes, Parti communiste) disent attendre la réciproque de la droite classique et du centre réuni autour d'Emmanuel Macron. Mais ce ne sera pas aussi simple. Plusieurs ténors de la droite l’ont déjà exclu et, dans le camp présidentiel, on est très frileux à l'idée de soutenir des candidats de LFI, alors que ceux de la gauche plus modérée pourraient bénéficier de plusieurs retraits du centre ou de droite.

>> Voir le sujet du 12h45 :

L'alliance de gauche a donné ses consignes de vote pour le second tour des législatives en France
L'alliance de gauche a donné ses consignes de vote pour le second tour des législatives en France / 12h45 / 1 min. / le 1 juillet 2024

La stratégie d'Ensemble

Gabriel Attal. [KEYSTONE - CHRISTOPHE ENA]
Gabriel Attal. [KEYSTONE - CHRISTOPHE ENA]

Dans le camp d'Emmanuel Macron, la stratégie s'apparente à l'idée de sauver les meubles. Les soutiens du chef de l'Etat se retrouvent dans une position délicate. Le bloc central réuni sous la bannière Ensemble, avec notamment les mouvements Renaissance, MoDem et Horizons, semble ne pas pouvoir gagner encore des suffrages et, avec 20% des voix, pourrait devoir se contenter d'un contingent compris entre 70 et 100 députés.

Certains défendent ainsi l’idée d’une grande coalition centrale avec des débauchages à gauche et dans la droite modérée. La présidente de l'Assemblée nationale sortante Yaël Braun-Pivet a ainsi appelé à "une grande coalition allant des LR aux écologistes et aux communistes". Mais ce n’est pas le scénario qui a la meilleure cote et il se profile plutôt un rôle d'arbitre au second tour et dans la prochaine assemblée. Ensemble pourrait cependant gagner quelques sièges en profitant de désistements de candidats du NFP.

Pour sa part, Emmanuel Macron a rapidement appelé à un "large rassemblement clairement démocrate et républicain" face au RN, alors que son Premier ministre Gabriel Attal a demandé que "pas une voix n'aille au Rassemblement national". Et d'appeler au désistement des candidats dont le maintien en troisième position aurait fait élire un député Rassemblement national face à un autre candidat qui défend comme nous les valeurs de la République".

>> Ecouter le débat dans Forum sur les désistements entre les politiciens français Anne-Cécile Violland (Horizons) et Guillaume Mathelier (PS) :

Emmanuel Macron appelle à un "large rassemblement" face à l'extrême droite. [Keystone]Keystone
Faire barrage au Rassemblement national est-il démocratique? Débat entre Anne-Cécile Violland et Guillaume Mathelier / Forum / 8 min. / le 1 juillet 2024

Et c'est dans cette dernière expression que se cache un détail qui va faire la différence: qui défend les valeurs républicaines? Il subsiste un certain flou sur le périmètre de cet arc républicain. En effet, pendant toute la campagne, les macronistes ont mis sur le même pied le RN et LFI. Et nombre d'entre eux ont dès dimanche exclu de soutenir LFI, à l'image d'Edouard Philippe ou Bruno Le Maire, alors qu'ils pourraient imaginer des retraits en faveur par exemple du PS ou des écologistes.

Le bloc central va ainsi certainement agir au cas par cas, circonscription par circonscription, pour départager les candidats de gauche fréquentables et infréquentables. Par exemple, François Ruffin (LFI) bénéficiera d’un retrait de candidature face à l’extrême droite. Et d'autres candidats de l'ancienne majorité ont d'ores et déjà annoncé leur retrait pour des candidats de gauche. En revanche, la ministre déléguée chargée des Collectivités et de la Ruralité Dominique Faure, 3e derrière le PS et le RN en Haute-Garonne, a annoncé qu'elle se maintiendrait au second tour.


La stratégie des Républicains

François-Xavier Bellamy. [Hans Lucas via AFP - XOSE BOUZAS]
François-Xavier Bellamy. [Hans Lucas via AFP - XOSE BOUZAS]

Les Républicains sont eux toujours divisés puis la décision d'Eric Ciotti de soutenir le Rassemblement national, une décision contestée par la majorité des autres dirigeants du parti. Si le député de Nice demeure sur la même ligne, les autres laissent plus de place au doute. Il semble que certains pourraient ponctuellement soutenir le RN dans une hypothétique Assemblée, lui donnant une majorité durant les votes.

Concernant le deuxième tour, LR s'est refusé à appeler ses électeurs à voter contre le RN dimanche prochain. La tête de liste du parti pour les élections européennes François-Xavier Bellamy a clairement refusé de se prononcer en faveur de la constitution d’un front républicain, estimant aussi que le "danger qui guette notre pays aujourd'hui, c'est l'extrême gauche". Autre membre influent du parti, Jean-François Copé a dit pouvoir imaginer soutenir des candidats de l'arc républicain, du centre ou de gauche, contre le RN, mais a exclu que ce soit des membres de LFI.

"Là où nous ne sommes pas présents au second tour, considérant que les électeurs sont libres de leur choix, nous ne donnons pas de consigne nationale et laissons les Français s’exprimer en conscience", a aussi expliqué le parti dans un communiqué. Reste à savoir comment se comporteront au second tour les électeurs LR dans l’hypothèse de duels entre le NFP et le RN.

>> Ecouter aussi le correspondant de la RTS à Paris revenir sur les tractations en vue du second tour :

Raphaël Grand, correspondant en France, évoque les tractations en vue du second tour des législatives en France
Raphaël Grand, correspondant en France, évoque les tractations en vue du second tour des législatives en France / 19h30 / 1 min. / le 1 juillet 2024

>> Participez à la discussion avec "dialogue", une offre de la SSR :

Sujet radio: Alexandre Habay

Adaptation web: Frédéric Boillat

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Désistements et reports de voix seront déterminants

Dans la perspective du second tour, les désistements de certains candidats et les appels à voter pour des candidats d'autres partis seront déterminants.

Dans le cas du Rassemblement national, il ne devrait pas y avoir de désistement. En plus de ses 39 élus au premier tour, le parti est arrivé en tête dans 258 circonscriptions et il est qualifié pour le second tour en tant que 2e ou 3e dans 188 circonscriptions.

Concernant le Nouveau Front populaire, en plus de ses 32 élus au premier tour, il est arrivé premier ou deuxième dans 283 circonscriptions. Il est arrivé 3e ou 4e, et pourrait donc se retirer selon les consignes des dirigeants, dans 131 circonscriptions.

Le camp présidentiel est arrivé premier dans 69 circonscriptions (dont 2 élus), deuxième dans 154 circonscriptions et troisième dans 96 circonscriptions. Les Républicains et leurs alliés sont arrivés en tête dans 33 circonscriptions (3 élus), deuxièmes dans 53 circonscriptions et troisièmes ou quatrièmes dans 15 circonscriptions.

Selon les stratégies des uns et des autres, ce seront donc des duels ou des triangulaires qui seront offerts aux électrices et électeurs, changeant la donne du résultat final. Les candidats encore en lice ont jusqu'à mardi 18h pour décider de se maintenir, ou pas.