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Berlin expulse des condamnés afghans, une première depuis le retour des talibans

Berlin expulse des condamnés afghans, une première depuis le retour des talibans. [AP Photo/Keystone - Michael Sohn]
Berlin expulse des condamnés afghans, une première depuis le retour des talibans / Le Journal horaire / 25 sec. / le 30 août 2024
Le gouvernement allemand d'Olaf Scholz a expulsé vendredi au petit matin 28 Afghans condamnés pour crimes. Il s'agit des premiers renvois depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021. Le chancelier veut ainsi envoyer un message de fermeté sur l'immigration.

Ce signal politique intervient une semaine après l'attentat commis à Solingen par un Syrien, revendiqué par l'organisation djihadiste Etat islamique, et à la veille d'un week-end d'élections régionales cruciales.

"C'était nécessaire pour que la confiance en notre Etat de droit perdure", a déclaré devant la presse la ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser.

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Selon le magazine Der Spiegel, citant des sources de sécurité, un avion charter de Qatar Airways à destination de Kaboul est parti vendredi avant 7h00 de l'aéroport allemand de Leipzig (est).

L'opération s'est déroulée dans le plus grand secret après deux mois de négociations au cours desquelles le Qatar a joué le rôle d'intermédiaire entre le gouvernement des talibans et Berlin, a ajouté Der Spiegel.

Condamnés par la justice

Les Afghans expulsés avaient "tous été condamnés par la justice", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Steffen Hebestreit.

Selon les différentes autorités régionales, plusieurs d'entre eux étaient des délinquants sexuels, l'un d'eux ayant participé à un viol en réunion sur une mineure de 14 ans dans la région de Ulm (sud-ouest). D'autres avaient été condamnés pour tentatives de meurtre, coups et blessures, vols avec armes.

Selon la ministre de l'Intérieur, il "n'y a pas eu de contact direct" avec le gouvernement des talibans (que Berlin ne reconnaît pas). "Mais nous avons pu mettre en oeuvre (ces expulsions, ndlr) avec nos partenaires", a-t-elle dit, sans préciser s'il s'agissait du Qatar.

Dénonciation d'Amnesty International

Après le retour des talibans au pouvoir à Kaboul en 2021, l'Allemagne avait complètement stoppé les expulsions vers l'Afghanistan et fermé son ambassade dans la capitale afghane.

La coalition du chancelier social-démocrate, qui gouverne avec les Verts et les libéraux, avait aussi dit avant l'été étudier la possibilité de reprendre les expulsions de délinquants vers la Syrie, suspendues depuis 2012 en raison de la guerre civile dans ce pays.

Ces projets suscitent de vives réserves de plusieurs organisations de défense des droits. "Personne ne devrait être expulsé vers un pays où il risque d'être torturé", a déclaré vendredi Julia Duchrow, responsable d'Amnesty International Allemagne. Elle estime que Berlin pourrait ainsi "se rendre complice des talibans".

afp/asch

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