Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand reçus lundi à l'Elysée pour discuter d'une nomination à Matignon
Deux mois après des élections législatives qui ont conduit à une Assemblée nationale sans majorité, le suspense pourrait prendre fin la semaine prochaine pour le poste de Premier ministre.
C'est tout d'abord l'annonce du rendez-vous de Bernard Cazeneuve à l'Elysée qui a fait bruisser la France et qui a consolidé le statut de favori de celui qui avait déjà été chef de gouvernement entre décembre 2016 et mai 2017 durant la présidence de François Hollande. Il avait aussi été ministre de l'Intérieur entre 2014 et 2016, devant notamment gérer les attentats djihadistes qui avaient secoué la France durant cette période.
Mais c'est ensuite le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, membre du parti de droite Les Républicains, qui a été invité à l'Elysée lundi également. Celui qui avait appelé à un "gouvernement d'urgence nationale" après les législatives et qui se veut le porte-voix d'une droite sociale discutera aussi avec le président.
Poursuite des consultations
Il faut toutefois rester prudent sur l'issue de ces rendez-vous. Et ce d'autant plus qu'Emmanuel Macron doit aussi s'entretenir le même jour avec ses prédécesseurs François Hollande (2012-2017) et Nicolas Sarkozy (2007-2012).
Alors que son nom a circulé avec insistance pendant la semaine comme Premier ministre possible, "Bernard Cazeneuve n'est pas demandeur mais s'il le fait c'est par devoir et pour éviter des difficultés supplémentaires au pays", a expliqué son entourage, qui a annoncé cette rencontre à l'Elysée.
Bernard Cazeneuve "est un homme de gauche responsable qui tiendra compte de la situation politique mais aussi économique du pays", a aussi déclaré son entourage. Sa nomination aux fonctions de Premier ministre est "une possibilité mais ce n'est pas une certitude", "c'est une option mais il faut regarder de près", a de son côté dit une source proche d'Emmanuel Macron.
Eviter une censure immédiate
Empêtré dans une équation difficile à résoudre, Emmanuel Macron semble vouloir faire appel à une figure expérimentée, capable de rassembler au-delà des clivages partisans. Il est à la recherche d'un Premier ministre qui puisse ne pas être l'objet d'une censure immédiate de la part des forces politiques à l'Assemblée nationale. C'est pour ce motif qu'il a écarté la nomination de Lucie Castets, présentée par les formations du Nouveau Front populaire (LFI-PS-Ecologistes-PCF), alliance de gauche arrivée en tête des dernières législatives.
S'il est de centre-gauche, Bernard Cazeneuve, 61 ans, a quitté le PS en 2022, opposé à l'alliance avec LFI au sein de la Nupes. Il a, en outre, un profil moins clivant pour la macronie, la droite et l'extrême droite.
"Bernard Cazeneuve fait partie de la liste de profils qui me semblent être à même de rassembler au-delà de son camp, puisque personne ne détient la majorité à lui tout seul", a renchéri la présidente macroniste de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, invitée de "Questions politiques" sur France Télévisions.
"Bernard Cazeneuve n'est soutenu par aucun des quatre partis de gauche du pays", a répondu l'un des leaders de LFI Manuel Bompard sur BFMTV. "Le Nouveau Front populaire s'est construit en rupture avec la politique de François Hollande, dont Bernard Cazeneuve était le Premier ministre. Nous censurerons tout gouvernement autre que celui de Lucie Castets", a-t-il réaffirmé.
boi avec afp
Le temps presse
Le temps presse pour trouver un nouveau gouvernement car le budget de l'État 2025 doit être déposé au Parlement le 1er octobre au plus tard.
"Aucun gouvernement ne pourra s'exonérer de la poursuite des efforts pour réduire le déficit", a jugé le ministre démissionnaire des Comptes publics Thomas Cazenave dans Le Parisien Dimanche.
Avant le 1er octobre, le Parlement pourrait être convoqué en session extraordinaire pour écouter le discours de politique générale d'un nouveau Premier ministre.