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Bilan contrasté après la conférence sur la sécurité de Munich

Bilan contrasté pour la conférence de sécurité européenne de Munich
Bilan contrasté pour la conférence de sécurité européenne de Munich / Forum / 6 min. / le 18 février 2024
La 60e Conférence sur la sécurité s’est achevée dimanche sur un bilan contrasté. Les leaders européens durcissent le ton face à Moscou et disent vouloir augmenter leurs capacités de défense, mais l'ombre des menaces de retrait de l'aide américaine a plané sur Munich ce week-end.

Malgré un certain pessimisme, quelques solutions ont été abordées. Les pays de l'Union européenne comptent bien passer à la vitesse supérieure en matière d'armement et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé que la Commission présentera une stratégie industrielle de la défense dans trois semaines.

Si elle est réélue à son poste, elle dit vouloir nommer un commissaire à la Défense, tandis que le ministre des Affaires étrangères ukrainien suggère quant à lui aux Européens l’idée d’un "Airbus de l’armement".

L'idée d'une dissuasion nucléaire propre à l'Union européenne était également sur toutes les lèvres, bien que le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg ait semblé balayer l'idée d'un revers de la main, la trouvant inutile.

Renforcer l'aide à l'Ukraine

Européens et Ukrainiens ont également durci le ton face à la Russie et ont bien fait comprendre qu'il n'y avait plus de temps à perdre. Pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky, il faut agir immédiatement, sans quoi le président russe Vladimir Poutine rendra les prochaines années catastrophiques pour d'autres pays également.

L'aide américaine à l’Ukraine est toutefois toujours bloquée au Congrès par les républicains. Kamala Harris, la vice-présidente, a rappelé à Munich le rôle fondamental des Etats-Unis dans le soutien à l'Ukraine pour sa guerre contre la Russie.

Mais dans la délégation américaine se trouvait aussi l’un des plus farouches opposants à cette aide: J.D. Vance. Pour ce sénateur républicain du camp de Donald Trump, les Européens doivent désormais se débrouiller pour produire plus d’armes et aider Kiev. S'il dit comprendre l'enjeu, il estime que ce conflit n’est pas la priorité des Etats-Unis.

En filigrane, le message est que si Donald Trump est réélu, les Européens ne devront compter que sur eux-mêmes pour armer l'Ukraine. Et il ne s'agit pas de la seule menace qui flottait sur Munich. L'ancien président menace en effet, en cas de réélection, de ne plus aider systématiquement les alliés européens de l’Otan s'ils sont attaqués.

>> Relire : Donald Trump menace de ne plus garantir la protection de l'Otan face à la Russie

Le rôle de la Suisse

La Suisse, elle, a brillé par son absence à Munich. Si le secrétaire d’Etat à la défense Markus Mäder et le directeur du Service de renseignement Christian Dussey étaient présents pour la première fois depuis de nombreuses années, aucun conseiller fédéral n'a fait le déplacement.

Le sommet sur la paix en Ukraine, qui doit être organisé prochainement en Suisse à l’initiative de la Confédération, a pourtant été plusieurs fois évoqué. Le nouveau président finlandais Alexander Stubb l'a notamment abordé avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le président finlandais Alexander Stubb. [Keystone - Anna Szilagyi]
Le président finlandais Alexander Stubb. [Keystone - Anna Szilagyi]

"Je pense qu'il s'agit d'une conférence très importante", a-t-il affirmé dimanche dans l'émission Forum de la RTS. La Finlande est le dernier pays en date à avoir abandonné sa neutralité pour rejoindre l’Otan, en avril de l’an dernier. Le pays possède 1300 kilomètres de frontière avec la Russie, aujourd'hui fermée.

"Nous soutiendrons l'Ukraine quoi qu'il en coûte et nous continuerons à le faire. Je pense donc que c'est une très bonne chose que la Suisse accueille cette conférence", poursuit Alexander Stubb, qui reste optimiste, même si la Russie a affirmé qu'elle n'y participerait pas.

"Nous espérons tous que la Russie s'assiéra à la table des négociations. Mais cela n'arrivera qu'avec la pression internationale", dit-il. "Et cette pression internationale doit venir d'ailleurs que de l'Occident, parce que nous avons clairement choisi notre camp dans ce conflit".

Le président finlandais estime donc qu'il est essentiel "que des pays comme l'Inde, la Chine, l'Arabie saoudite, le Nigéria, l'Afrique du Sud et le Brésil soient impliqués".

Benjamin Luis/mac/edel

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Les pacifistes mobilisés contre la conférence de Munich

La conférence de Munich a déchaîné la colère d'une partie de la société civile. En témoigne la grande marche anti-conférence qui a eu lieu samedi au centre de la métropole allemande. A l'initiative du mouvement pacifiste allemand, des manifestants de tous horizons se sont réunis.

Dans le même cortège se mélangeaient des drapeaux palestiniens, des partisans de gauche, des communistes ou des défenseurs de Julian Assange. Tous se retrouvaient sur un point: ils sont contre la Conférence sur la sécurité qui se tient en ce moment à Munich et contre l’Otan, comme l'a explique Hans, l'un des manifestants, au micro du 12h30 de la RTS dimanche.

Des participants prennent part à une manifestation liée à l'Ukraine en marge de la conférence de Munich sur la sécurité. [KEYSTONE - ANNA SZILAGYI]
Des participants prennent part à une manifestation liée à l'Ukraine en marge de la conférence de Munich sur la sécurité. [KEYSTONE - ANNA SZILAGYI]

"Nous marchons ici parce que nous sommes contre le réarmement, contre les efforts impérialistes visant à maintenir le pouvoir des pays de l'Otan, en particulier l'impérialisme d'origine américaine, qui est toujours responsable de la plupart des morts sur cette planète", a-t-il lancé.

Mais c'est surtout une volonté de paix qui a réuni les manifestants, d'après lui: "Nous voulons une solution pacifique. Nous voulons l'arrêt du génocide à Gaza, nous voulons l'arrêt de la guerre en Ukraine. Et nous voulons que la Conférence sur la sécurité n'ait plus de sens pour les belligérants de ce monde."

>> Ecouter le reportage du 12h30 à Munich :

Manifestation contre la conférence de sécurité européenne de Munich le 16 février 2024. [Keystone - Sven Hoppe/dpa]Keystone - Sven Hoppe/dpa
Reportage à Munich durant une manifestation contre la conférence de sécurité européenne / Le 12h30 / 2 min. / le 18 février 2024