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En Argentine, une première année de présidence Milei entre stabilisation macro-économique et coût social

Un an après l'élection du président argentin Javier Milei, quel est le bilan?
Un an après l'élection du président argentin Javier Milei, quel est le bilan? / La Matinale / 4 min. / le 10 décembre 2024
Le président ultralibéral argentin Javier Milei boucle mardi une année de présidence. Il revendique des succès incontestables contre l'inflation et l'endettement public, mais au prix d'une récession et d'un bond de la pauvreté jetant une ombre sur la pérennité du "miracle".

"Ils disaient que cela ne pouvait pas se faire, et nous l'avons fait!" A chaque sortie, Javier Milei ne manque pas de claironner que son gouvernement réalise "le plus grand ajustement budgétaire de l'histoire de l'humanité". Et que les Argentins continuent pourtant d'adhérer à sa stabilisation d'une économie malade de longue durée.

L'inflation, à 193% en interannuel, reste une des plus élevées au monde. Mais à coups de "tronçonneuse" dans les comptes publics, d'émission monétaire asséchée, de subventions taries, elle a été contenue à 3-4% mensuels (2,7% en octobre) contre 17% en moyenne l'an dernier.

"No hay plata!" (Il n'y a pas d'argent) répétait à l'envi l'économiste-candidat "anarcho-capitaliste" Javier Milei, annonçant qu'il n'y a "pas d'alternative à un choc" budgétaire pour un Etat pathologiquement endetté, spolié selon lui par une "caste" politique honnie et la "gauche appauvrissante".

Bond de la pauvreté

Le choc a été terrible, avec une dévaluation de 52% du peso dès les premiers jours, couplée à une inflation chronique encore pesante. Entre les postes supprimés dans le public et ceux perdus dans le privé par la chute d'activité, la saignée est estimée à 260'000 emplois perdus, selon les registres du Travail.

La pauvreté a bondi au premier semestre à 52,9%, chiffre que l'exécutif conteste, le considérant daté et déjà amélioré. Reste qu'elle n'avait jamais atteint 50% depuis une vingtaine d'années, quand l'Argentine se remettait à peine de sa "Grande crise" traumatique - et émaillée de violences - de 2001.

Une ambiance politique tendue

Malgré deux grèves générales tôt dans son mandat et quelques manifestations tendues - notamment pour la défense de l'université publique - Javier Milei se targue d'un soutien stable, qui confond ses critiques: autour de 45% d'image positive, voire près de 50% selon certains sondages récents.

Pourtant, une année de "communication Milei" a distillé dans la politique argentine une atmosphère viciée qui inquiète: journalistes montrés du doigt, adversaires politiques insultés, "brigade digitale" au service de la présidence amplifiant les saillies du chef de l'Etat. Le tout au nom de la "communication directe". Selon un sondage d'octobre, pour 65,7% des Argentins, la violence politique, la "haine et l'intolérance" ont augmenté depuis un an.

Une forte reprise attendue en 2025

Qu'attendre de Javier Milei an II? Dans une allocution prévue mardi, pour marquer un an de pouvoir, le président devrait réitérer qu'il "continuera 'à fond' avec la tronçonneuse" en 2025, comme il l'a promis il y a quelques jours. Habité par le désir de "rendre à l'Argentine sa grandeur", référence au tournant du XIXe-XXe siècle où le pays était terre d'immigration massive. Un "âge d'or" controversé, et profondément inégalitaire, déjà.

Après une année 2024 qui devrait s'achever sur une récession à -3,5%, Javier Milei prédit au pays - et avec lui les organismes comme FMI ou Banque mondiale - une forte reprise en 2025, à 5%. Les pans de la société argentine en souffrance - les retraités, le secteur informel, le secteur public, santé, culture, l'éducation- pourront-ils tenir jusque-là?

ats/ther

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