Dominique Pelicot, 71 ans, a usé de la soumission chimique pour livrer sa femme, Gisèle Pelicot, inconsciente, à plusieurs dizaines d'hommes recrutés le web. Cette dernière a demandé à ce que le procès soit public pour que "la honte change de camp". "Aujourd'hui, je reprends le contrôle de ma vie pour dénoncer ce qu'est la soumission chimique", a-t-elle affirmé.
"La soumission chimique, c'est administrer une ou plusieurs substances psychoactives – drogues illégales, médicaments, alcool – à quelqu'un, soit à son insu, soit sous la menace, pour profiter de sa vulnérabilité à des fins criminelles – commettre un viol –, ou délictuelles – la voler ou commettre une agression physique", explique Félix Lemaître.
La soumission chimique ne se limite pas au contexte festif, au contraire. C'est surtout dans un contexte privé que les cas de soumission chimique ont lieu.
Dans le cas du procès de viols de Mazan, cela prend la forme d'anxiolytiques mis par l'accusé dans les boissons et les repas de sa femme pendant dix ans. D'après les chiffres de 2021 de l'Agence du médicament (ANSM), en France, les médicaments arrivent en tête (56% des cas) des substances les plus utilisées dans les cas de soumission chimique.
"On parle là d'anxiolytiques, de somnifères ou des médicaments contre les allergies qui ont tous des propriétés sédatives, donc qui endorment les victimes", détaille Félix Lemaître. Deuxième sur le podium, la MDMA, et troisième, l'alcool. "Contrairement à ce que dit le discours médiatique, le GHB est très peu représenté", souligne le journaliste.
Selon l'ANSM, 42,6% des soumissions chimiques ont eu lieu dans un contexte privé, contre seulement 19,5% pour les lieux de fête. "Cela peut être au domicile de la victime, par exemple. C'est donc l'entourage proche qui est le plus fréquemment impliqué, qu'il soit professionnel, familial ou amical", explique encore Félix Lemaître.
Depuis quand cette pratique existe-t-elle? Comment lutter contre ce problème de santé publique?
Juliane Roncoroni et l'équipe du Point J