En mars 2023, le Parlement ougandais vote à la quasi-unanimité l'introduction de la peine de mort pour les personnes homosexuelles. Qu'il s'agisse d'accès au logement, à la santé, à l'éducation, aucun de ces droits ne sont accessibles pour les personnes homosexuelles. Les seuls moments de relâche doivent se faire dans l'illégalité.
Dans les six mois qui ont suivi l'introduction de la peine de mort, 180 expulsions de personnes homosexuelles ont été enregistrées par des ONG locales. Malgré la pression de la communauté internationale, le gouvernement ougandais maintient sa loi, comme dans un tiers des pays du monde où l'homosexualité est criminalisée.
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Seul un parlementaire a voté contre cette loi. "Je n'aurais jamais pu imaginer qu'en 2023 nous légiférerions sur l'homosexualité. Cette haine [homophobe] est parrainée et sponsorisée par des personnes auxquelles on ne s'attend pas", affirme Fox Odoï-Oywelowo, faisant référence aux fondamentalistes religieux.
Fox Odoï-Oywelowo dénonce également le rôle central de ces groupes religieux dans la propagation de la haine en Ouganda. "Ils viennent ici sous couvert d'un travail de charité, sous couvert de l'évangélisation. Mais en fait, ce sont les plus importants groupes anti-droits de l'Homme qui existent aujourd'hui", ajoute-t-il. Les évangélistes, en particulier, sont accusés de masquer leurs intentions véritables en se présentant comme des acteurs charitables, tout en diffusant des idéologies répressives et homophobes.
L'adoption de lois nazies ou de lois d'apartheid devrait avoir des conséquences. Nous demandons des sanctions strictes, comme l'isolement des personnes derrière cette loi
Les défenseurs des droits humains face à la répression
En Ouganda, un groupe d'activistes pour les droits humains et d'avocats se battent publiquement contre cette loi. "Les atteintes aux droits de l'Homme se sont multipliées. De nombreuses personnes ont été expulsées de leurs maisons. Des individus ont été torturés", témoigne l'avocat Alex Martin Musiime.
Il met en cause certains groupes religieux. "Les fondamentalistes évangéliques sont venus ici pour importer leur haine. Et ce qui se passe en Ouganda risque de se produire ailleurs," craint-il. "L'adoption de lois nazies ou de lois d'apartheid devrait avoir des conséquences. Nous demandons des sanctions strictes, comme l'isolement des personnes derrière cette loi. "
Contactés par la RTS, ni les politiques qui ont voté en faveur de cette loi, ni les membres des Eglises fondamentalistes n'ont souhaité répondre aux questions des journalistes.
"Il m'a maintenu au sol et il a commencé à me brûler"
Lorsque l'équipe de la RTS s'est rendue en Ouganda pour réaliser son reportage, elle a pu recueillir le témoignage d'une jeune personne homosexuelle. Mise en garde: son récit implique des violences sexuelles et basées sur l'orientation sexuelle.
John a 15 ans quand le directeur de son école convoque ses parents pour leur annoncer que leur fils est homosexuel. John se fait alors séquestrer par son père. "Mon père est entré dans la pièce avec une bouteille de désodorisant et des vêtements. Il a mis le feu aux vêtements. Il les a jetés sur moi. Il m'a maintenu au sol et il a commencé à me brûler", se remémore-t-il.
"Je ne peux même pas aller à la police. Je ne sais même pas quoi dire! Mon père essaie de me tuer? Si je leur dis, ils vont l'attraper. Et s'ils l'impliquent, il leur dira ce que je suis. Et ce que je suis est illégal dans ce pays. Alors qui, de lui ou de moi, ira en prison?", s'interroge le jeune homme.
Pour pouvoir continuer ses études, John est devenu travailleur du sexe. "J'ai été violé trois fois. Je ne peux rien faire. Je suis obligé de rester fort."
Une situation alarmante et des perspectives incertaines
Le cas de l'Ouganda s'inscrit dans une tendance mondiale inquiétante, marquée par une montée des lois répressives anti-LGBTQ+. Cette situation souligne la nécessité d'une réaction internationale forte pour défendre les droits humains et soutenir les populations persécutées.
La communauté internationale est appelée à agir face à cette régression des droits fondamentaux, alors que le sort des personnes LGBTQ+ reste incertain dans de nombreux pays.
Sujet TV: Camille Lanci; caméra: Erwan Jagut; montage: Damien Rossini
Adaptation web: Raphaël Dubois