Même si les réalités politiques et géographiques sont différentes entre la Suisse et la France, les champs de tension, eux, sont semblables. Certains privilégient la sécurité énergétique alors que d’autres mettent en avant la protection du paysage.
Et ces enjeux sont particulièrement marqués au sud-est de la France du côté des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes, où les installations et les projets se multiplient à des altitudes allant de 600 et 1600 mètres, provoquant une vive opposition.
Sur la Montagne de Lure par exemple, des membres du collectif Elzéard, "Lure en résistance" se sont même enchaînés à des engins de chantier. Ils voulaient stopper l’installation de 20'000 panneaux solaires sur 17 hectares. Ils ont été condamnés à des amendes par la justice au début du mois de février et font désormais appel.
"C'est une montagne qui est vraiment magnifique, avec une biodiversité exceptionnelle", souligne Sylvie, une opposante. "Toute cette montagne est impactée par une trentaine de projets de centrales photovoltaïques, c'est-à-dire que pratiquement tous les villages vont avoir leur centrale industrielle, ce qui va produire un mitage de cette montagne."
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Une implantation à bien réfléchir
Un peu plus au sud, à Valderoure, l'adjoint au maire Stéphane Maillard est plutôt favorable au principe de parcs solaires alpins. Sa commune a installé du photovoltaïque sur cinq hectares en 2012. Mais pour lui, il y a plusieurs conditions à respecter. "Bien faire attention où on implante le parc photovoltaïque. Je crois que l'intérêt est surtout écologique, visuel aussi, parce que lorsque le parc est implanté, vous en avez pour trente ans. Cela reste une cicatrice." Il ajoute qu’il vaut mieux faire des parcs de petite ampleur. Les impacts sont ainsi moins importants.
Il met néanmoins en garde contre la multiplication des projets. Dans la région, à la suite de l’installation d’un transformateur, de nombreux parcs ont fleuri. "C’est devenu un peu la course à l’échalote", regrette-t-il en souriant. Dans la même région, plusieurs projets ont vu le jour récemment: vingt hectares à Valderoure, seize à Séranon ou encore une vingtaine à Peyroules.
Reste que l’intérêt économique est bien présent. Pour une commune comme celle de Stéphane Maillard, le retour financier s'élève à environ 50'000 euros. "Tout dépend comment vous allez dépenser votre argent. Du moment que vous avez saigné un environnement, c'est important que l'argent retourne à l'environnement."
Enfin, ces projets doivent en tout cas faire l'objet de discussions démocratiques, insiste l'adjoint au maire de Valderoure.
Diana-Alice Ramsauer/ebz