La diaspora colombienne, c’est une des principales communautés originaires d’Amérique latine en Suisse: près de 5000 Colombiennes et Colombiens vivent dans le pays, principalement en Suisse romande.
Cette histoire d’immigration et de métissage commence dans les années 80 et 90, deux décennies marquées par la guerre entre paramilitaires, guérilleros et narcotrafiquants.
C’était soit partir, soit la guérilla, soit la mort
"Il s’agit d’une époque très violente: la ville de Medellin est la ville la plus dangereuse au monde (...) et tout opposant au gouvernement d’extrême droite est assassiné", explique Fernando Carvajal Sanchez, enseignant à la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation à l'Université de Genève.
"On n’a pas choisi de partir, on a été obligés de partir", lance Esperanza Pascuas Charry, assistante sociale et conseillère communale socialiste à Lausanne. "C’était soit ça, soit la guérilla, soit la mort", explique son mari Jorge, employé à la Direction générale de la mobilité et des routes à Lausanne.
Chaos politique et pauvreté
Dans ce contexte de chaos politique, de nombreux réfugiés colombiens posent leurs valises en Suisse. "Cette vague de violences pousse beaucoup de Colombiens à s’installer d'abord aux Etats-Unis, puis en Europe dès la fin des années 80, avec l’aide notamment d’Amnesty International", poursuit le professeur.
Ma mère a souffert des stéréotypes dès son arrivée à Berne, d’autant plus que son nom de famille est Escobar
D’autres Colombiens ont fui la pauvreté ou sont partis pour travailler et étudier en Suisse, un système qui leur offre d’autres opportunités et qui contraste nettement avec la situation économique et sécuritaire dans leur pays.
Lutter contre les stéréotypes
"Ma mère est restée en Suisse parce que c’était moins dangereux pour élever des enfants", raconte Alan, étudiant helvético-colombien en sciences de l’environnement à l’Université de Genève. "Mais elle a souffert des stéréotypes dès son arrivée à Berne, d’autant plus que son nom de famille est Escobar", ajoute-t-il.
Apprendre une nouvelle langue ou lutter contre les stéréotypes, autant d'épreuves d’intégration pour la diaspora colombienne en Suisse. Une communauté issue d’un exode aussi économique que politique, et qui a laissé derrière elle un métissage suisse-colombien, une nouvelle génération de binationaux fiers de porter leur double culture.
Florise Vaubien