Controverse sur les athlètes "hyperandrogènes" après la victoire d'une boxeuse algérienne
"Je suis montée sur le ring pour me battre. Je n'ai pas abandonné, mais un coup de poing m'a fait trop mal et j'ai donc dit ça suffit. Je sors la tête haute", a déclaré Angela Carini, qui a déclaré forfait lors des huitièmes de finale (-66 kg) aux médias italiens.
"Je ne suis personne pour juger ou prendre une décision, si cette fille est là, il doit y avoir une raison", a-t-elle ajouté, en larmes.
Avant de s'agenouiller et faire un signe de la croix, Angela Carini a refusé de serrer la main de l'Algérienne Imane Khelif, dont la participation aux Jeux de Paris a été autorisée par le Comité international olympique (CIO), mais divise le monde de la boxe.
De naissance
Imane Khelif, comme la double championne du monde taïwanaise Lin Yu-ting, dont la participation a aussi été validée par le CIO, sont nées avec des développements sexuels différents (DSD), qui regroupent des maladies congénitales ayant des conséquences sur les chromosomes et les niveaux de testostérone.
"Cela concerne de vraies personnes et il s'agit de la vie de vraies personnes. Elles ont perdu et elles ont gagné contre d'autres femmes au cours des années", a défendu le porte-parole du CIO Mark Adams face aux critiques émanant notamment de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni.
"Je pense que les athlètes qui ont des caractéristiques génétiques masculines ne devraient pas être admises dans les compétitions féminines", a dit la dirigeante d'extrême droite, citée par l'agence de presse italienne Ansa. "Non parce que nous voulons discriminer quiconque, mais pour protéger le droit des athlètes féminines de pouvoir concourir de façon équitable."
La prochaine adversaire d'Imane Khelif, la Hongroise Luca Anna Hamori, a dit ne pas craindre son prochain combat. "Je me fiche de ces histoires et ce qui se passe aujourd'hui sur les réseaux sociaux. Je veux juste rester concentrée", a-t-elle dit.
Embrasement sur X
Les messages sur le sujet sont nombreux sur le réseau social X, les internautes, dont des auteurs, des athlètes notamment, pointant du doigt un combat inégal entre une femme et un "homme".
Le hashtag "StandWithAngelaCarini" (#DeboutAvecAngelaCarini) est dans les tendances X jeudi soir.
Le débat s'est aussi invité dans la campagne présidentielle aux Etats-Unis, où plusieurs responsables républicains ont désigné l'Algérienne comme étant un homme. "Je garderai les hommes hors du sport féminin!", a écrit Donald Trump en majuscule sur son réseau Truth Social.
En légende d'images du combat, un utilisateur du réseau X a écrit que la candidate démocrate "Kamala Harris soutient ceci". "Vrai. Ou alors qu'elle le démente", a renchéri le milliardaire Elon Musk, soutien de Donald Trump.
Le combat de jeudi "est une parodie" et "ridiculise tous les sports olympiques", a réagi la légende du tennis Martina Navratilova, qui répondait à un post de l'autrice J.K. Rowling, dont les prises de position sur les questions de genre sont controversées: "Expliquez pourquoi vous acceptez qu'un homme batte une femme en public pour votre divertissement", avait écrit la créatrice de Harry Potter.
Mais la boxeuse algérienne a pu compter sur le soutien de la boxeuse irlandaise Amy Broadhurst, championne du monde 2022, mais qui n’est pas qualifiée aux Olympiades.
Durant son combat, Khelif a reçu le soutien appuyé du public de l'Arena de Villepinte, avec des drapeaux algériens dans les tribunes, a constaté une journaliste de l'AFP. Mais cet appui est aussi venu d'Algérie.
Le ministre algérien des Sports, Abderrahmane Hammad, a condamné "avec la plus grande fermeté les attaques infondées de certains médias étrangers" contre la boxeuse, et "les lâches tentatives de ternir sa réputation", dans un message posté mercredi sur X.
Le débat va resurgir dès vendredi avec le combat de la Taïwanaise Lin contre l'Ouzbèke Sitora Turdibekova (-57 kg).
juma avec agences