Le won, qui a chuté vendredi à son plus bas niveau depuis 2009 face au dollar, est en dégringolade quasi constante depuis le coup de force du président Yoon Suk-yeol au début décembre. Selon des chiffres publiés le même jour par la Banque de Corée, la confiance des entreprises et celle des consommateurs ont connu en décembre leurs plus forts reculs depuis le début de la pandémie de Covid-19.
Le tout alors que le retour prochain du président américain élu Donald Trump à la Maison Blanche et ses promesses de lancer des guerres commerciales à tout-va inquiètent à Séoul.
Dans la nuit du 3 au 4 décembre, Yoon Suk-yeol sidérait la Corée du Sud en imposant la loi martiale et en envoyant l'armée à l'Assemblée nationale pour la museler, avant de faire marche arrière sous la pression des députés et de milliers de manifestants prodémocratie.
Cour constitutionnelle
Le Parlement, dominé par l'opposition, a destitué Yoon Suk-yeol le 14 décembre, puis le président par intérim Han Duck-soo, laissant Choi Sang-mok, ministre des finances, aux commandes.
La cour constitutionnelle, avec trois sièges vacants, doit se prononcer sur la validité de la destitution de Yoon Suk-yeol. Si les postes ne sont pas pourvus, les six juges restants devront voter à l'unanimité pour confirmer la destitution. Han Duck-soo a refusé d'entériner les nominations des nouveaux juges, ce qui a conduit à sa propre destitution.
"Bien que nous soyons à nouveau confrontés à des défis inattendus, nous sommes convaincus que notre système économique, robuste et résistant, assurera une stabilisation rapide", a tenté vendredi de rassurer Choi Sang-mok.
Economie en difficulté
Ce haut-fonctionnaire de carrière de 61 ans cumule maintenant trois casquettes: président par intérim, Premier ministre par intérim et ministre de l'économie et des finances.
"La façon la plus facile de sortir de cette crise serait que Choi Sang-mok nomme les nouveaux juges", ce qui ouvrirait la voie à une confirmation rapide du départ de Yoon Suk-yeol et à une élection présidentielle anticipée, estime Gareth Leather, de Capital Economics, dans une note d'analyse.
"Il y a déjà des signes que la crise a un impact sur l'économie", poursuit-il, en citant le recul de la confiance des consommateurs et des entreprises. "A plus long terme, la polarisation politique et l'incertitude qui en découle pourraient freiner les investissements en Corée", ajoute Gareth Leather.
Résistance de la démocratie
Mais la plupart des économistes soulignent aussi que l'économie sud-coréenne a bien résisté jusqu'ici au chaos. L'activité se poursuit comme si de rien était et toutes les manifestations anti ou pro-Yoon se déroulent pacifiquement.
Dès le 4 décembre, la banque centrale a promis d'injecter des liquidités suffisantes pour stabiliser les marchés. L'indice Kospi de la bourse de Séoul a limité ses pertes à 3,8% depuis le 3 décembre.
ats/miro
Troisième refus du président sud-coréen déchu d'être interrogé
Le président sud-coréen déchu Yoon Suk-yeol a refusé dimanche, pour la troisième fois consécutive, de se présenter à un interrogatoire sur sa tentative ratée d'imposer la loi martiale.
Il était attendu à 10h00 (02h00 en Suisse) par le bureau d'enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) à Gwacheon, dans la banlieue de Séoul, qui centralise les investigations sur son coup de force du 3 décembre ayant plongé le pays dans une grave crise politique.
"Le président Yoon Suk-yoon ne s'est pas présenté", a indiqué le CIO dans un communiqué, ajoutant que des "mesures" devront être prises en conséquence.