La saison des cyclones commence officiellement le 15 novembre et se termine le 30 avril sur le sud-ouest de l'océan Indien. On y dénombre en moyenne 10 évènements par an.
Le suivi du cyclone commence le 5 décembre avec l'apparition d'une zone perturbée au milieu de l'océan Indien. Aussitôt repéré par le Centre météorologique régional spécialisé de la Réunion (CMRS), le système passe au stade de dépression tropicale le 9 décembre à 4h12 UTC, puis à celui de tempête tropicale modérée à forte le lendemain. On lui donne alors le nom de Chido.
Poursuivant sa route vers l'est, Chido fait l'objet de premiers avertissements le 10 décembre et passe le lendemain à 18h UTC au stade de cyclone tropical intense, ce qui est l'équivalent d'un ouragan de catégorie 3 sur l'échelle de Saffir-Simpson. En soirée et dans la nuit, il s'abat sur l'archipel d'Agaléga, détruisant la plupart des maisons et des écoles et forçant les habitants à se réfugier dans l'aéroport nouvellement rénové.
Des rafales à plus de 220 km/h et de nombreuses victimes
Passant rapidement en catégorie 4, il se dirige ensuite vers le nord de Madagascar, ce qui fait également l'objet d'alertes pour la province d'Antsiranana, les Comores et Mayotte. Après ce maximum, Chido perd sensiblement de sa puissance en passant à une centaine de kilomètres au sud des îles Farquhar.
Le 13 décembre, entre 6h et 12h UTC, il passe à 50 km au du cap d'Ambre, qui marque l'extrême nord de Madagascar, avec des vents à près de 185 km/h. Mayotte et les Comores sont alors placés en alerte rouge puis violette.
Le 14 décembre vers 16h UTC, il aborde les îles, dépassant en intensité le cyclone Kamisy de 1984. A Mayotte, la pluie et les rafales, allant jusqu'à 220 km/h, causent des dommages généralisés laissant les 320'000 habitants privés d'eau courante et plus de 15'000 foyers sans électricité. Les pertes humaines sont particulièrement élevées. Il faut remonter à 1934 pour trouver un évènement comparable.
Aux Comores, Chido touche les îles d'Anjouan, Mohéli et Grande Comore. À Anjouan, cinq maisons sont détruites, de nombreux bâtiments sont également endommagés. À Grande Comore, 11 pêcheurs sont portés disparus en mer, selon la Direction générale de la sécurité civile (DGSC).
Bénéficiant de la présence d'eaux chaudes sur le canal du Mozambique, Chido s'intensifie à nouveau par la suite et se dirige vers les côtes africaines, où des alertes cycloniques sont lancées.
Le 15 à 4h15 UTC, il touche le Mozambique à environ 35 km au sud de la ville portuaire de Pemba dans la province de Cabo Delgado. Un vent soutenu sur 10 minutes à 205 km/h est encore mesuré à ce stade. Le cyclone s'enfonce finalement à l'intérieur des terres et perd de sa puissance le jour suivant.
Conditions favorables à l'activité cyclonique sur l'océan Indien depuis plusieurs semaines
Le nombre et l'intensité des cyclones tropicaux entre Madagascar et le Mozambique dépendent en grande partie de la température de la mer. Depuis plusieurs mois, cette dernière est anormalement élevée à proximité de l'Archipel des Chagos, situé en plein centre de l'océan Indien subtropical, ce qui favorise la formation des cyclones. L'activité a même démarré de manière assez précoce cette année avec l'éclosion de trois systèmes tropicaux entre août et novembre.
Autre facteur non négligeable, l'absence de phénomènes de cisaillement sur le sud-ouest de l'océan Indien (changements de force et de direction du vent à différentes altitudes), qui sont susceptibles de troubler la circulation des courants à l'intérieur des cyclones.
A noter enfin que la trajectoire des cyclones est assez variable d’une année à l'autre sur cette région du monde mais qu'elle est souvent passée au sud de Mayotte ces dernières années (voir ci-dessous). Elle peut également être assez erratique, à l'image des évènements de Hyacinthe, qui a fait au moins trois boucles sur lui-même en janvier 1980, revenant trois fois sur la Réunion.
Selon les projections faites par MétéoFrance au mois d’octobre, la saison cyclonique à venir devrait être plus intense que la normale, avec 9 à 13 tempêtes ou cyclones prévus sur le sud-ouest de l'océan Indien.
Le plus souvent, les cyclones se forment au sud de l'équateur, très au large de toute terre habitée et se déplacent vers l'est en direction de Madagascar et des côtes africaines. Dans cette région du monde, le suivi des évènements est assuré par le Centre météorologique régional spécialisé cyclones de la Réunion (CMRS), les Services météorologiques de Maurice et le Joint Typhoon Warning Center (JTWC) japonais.
Philippe Jeanneret