"D'un point de vue humanitaire", la situation au Proche-Orient "a déjà clairement basculé"
"C'est affolant ce qu'il se passe." Interrogé dans la Matinale, Christian Cardon, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), rappelle tout d'abord le bilan des vies humaines perdues, qui ne devrait cesser de s'alourdir dans les prochaines heures.
Depuis lundi, des frappes aériennes massives sur le Liban ont fait plus de 550 morts et plus de "2000 blessés", indique l'humanitaire. Un triste record depuis la fin de la guerre civile dans ce pays (1975-1990). Les bombardements de l'aviation israélienne ont aussi poussé des centaines de milliers de personnes sur les routes.
>> Le suivi des événements sur le terrain : Israël poursuit ses bombardements au Liban, un demi-million de déplacés selon un ministre
"Une détresse qui n'a pas de frontière"
Christian Cardon connaît bien la région pour avoir travaillé au Liban, en Israël et en tant que chef du bureau de Gaza du CICR de 2013 à 2017.
Pour lui, il ne fait aucun doute que la situation au Proche et Moyen-Orient "a déjà clairement basculé [...] d'un point de vue humanitaire". Au Liban, à Gaza et dans certaines régions d'Israël, il fait le constat d'"une détresse qui n'a pas de frontière".
Au Liban, où le CICR est présent depuis plusieurs dizaines d'années, l'organisation s'était pourtant préparée à une potentielle situation de crise étant donné "les différents épisodes de violence" qu'a connus la région. Mais malgré les "formations pour les chirurgiens et les infirmières, les simulations", le constat reste le même, regrette Christian Cardon: en trois jours, les stocks prévus au Liban sont déjà "bientôt épuisés".
Jeudi dernier le directeur du CICR, Pierre Krähenbühl, soulignait les limites humanitaires dans la région. Le porte-parole insiste à son tour: il est avant tout du devoir des parties impliquées de "respecter le droit de la guerre". "Ces règles sont basiques, il s'agit d'épargner les civils, de s'assurer que les personnes détenues [...] sont protégées", liste l'humanitaire.
Il rappelle enfin que le CICR reste actif dans d'autres régions. "On ne parle plus de la Syrie, on ne parle plus de l'Irak. [...] Le CICR et beaucoup d'autres acteurs font tant bien que mal leur travail, mais il y a une limite à ce qu'on peut faire", réitère Christian Cardon.
Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: Doreen Enssle