David Rigoulet-Roze: "La vraie question est de savoir si la riposte de l'Iran à Israël sera directe ou non"
L'Iran, selon les mots de l'ayatollah Khamenei, "veut venger la mort" du leader du Hamas. La marge d'action de Téhéran est toutefois fine pour riposter sans prendre le risque de déclencher un conflit régional, ce que tous les principaux acteurs, dont l'Iran, cherchent à éviter.
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Pour Téhéran, il s'agit d'un "vrai dilemme", commente David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et spécialiste du Proche-Orient. Selon lui, la liquidation d'Ismaïl Haniyeh constitue "une humiliation" pour le régime iranien.
"C'est même un double affront", poursuit le spécialiste. Il explique qu'Ismaïl Haniyeh était l'invité de l'Iran pour la cérémonie d'investiture du nouveau président. Il était logé dans une résidence des Gardiens de la révolution. "Du point de vue de Téhéran, la fierté nationale iranienne doit être lavée. Il ne fait aucun doute qu’il y ait une réponse."
Déploiement de navires américains
Pour David Rigoulet-Roz, "la vraie question est de savoir si elle sera directe ou non, comme la dernière fois où l'Iran avait décidé d'envoyer 350 missiles directement sur l'État hébreu pour répondre à une attaque contre son annexe consulaire à Damas". Le chercheur estime que la riposte devrait être d'une ampleur similaire. "Il est vraisemblable qu'il y ait une réponse directe", ceci afin de marquer la "gravité exceptionnelle" de la situation.
Signe de la nervosité ambiante, les Etats-Unis renforcent discrètement leurs positions dans la région. "Ce n'est pas publiquement affiché, mais l'administration américaine a déjà envoyé au large du Liban trois navires amphibies et deux destroyers, sans compter le porte-avions Teddy Roosevelt qui est dans le Golfe avec six destroyers." Ces mouvements ont un rôle de "dissuasion dans l'hypothèse d'une déflagration et d'une escalade régionale".
Les candidats à la direction du Hamas ne vont pas forcément se bousculer publiquement, sachant les risques qui sont afférents à ce poste
Concernant l'élimination du chef du Hamas, elle ne devrait pas provoquer un bouleversement majeur au sein de l'organisation. "C'est d'abord une structure et une idéologie. Le Hamas ne dépend pas d'un seul homme, même si évidemment, c'est un coup très sévère."
La question du renouvellement des dirigeants du Hamas comporte une dimension collégiale, détaille David Rigoulet-Roz. "Il y a un certain nombre de candidats qui sont susceptibles de prendre en charge la direction, mais ils ne vont pas forcément se bousculer publiquement, sachant les risques qui sont afférents à ce type de situation."
Propos recueillis par Patrick Chaboudez
Version web: Antoine Schaub