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Des actes qualifiables de "crimes contre l'humanité" sont commis au Soudan, d'après des enquêteurs

La guerre au Soudan dure depuis plus d'un an. [Keystone - AP Photo]
Crimes contre l'humanité et crimes de guerre au Soudan, selon les enquêteurs de l'ONU / Le Journal horaire / 38 sec. / le 6 septembre 2024
L'armée soudanaise et les paramilitaires, en guerre depuis avril 2023, ont commis des actes pouvant être qualifiés des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre, selon les enquêteurs mandatés par l'ONU.

Face aux atrocités commises par les belligérants, ces experts réclament le "déploiement sans délai" d'une force "indépendante et impartiale" afin de protéger les populations civiles.

Ces enquêteurs, mandatés par le Conseil des droits de l'Homme, mais qui ne s'expriment pas en son nom, ont présenté leur rapport vendredi à Genève.

Les deux parties en guerre "ont commis une série effroyable de violations des droits de l'Homme et de crimes internationaux, dont beaucoup peuvent être qualifiés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité".

Attaques contre des civils

Les forces armées soudanaises (SAF) et les forces de soutien rapide (RSF), ainsi que leurs alliés respectifs, "ont été reconnus responsables de violations à grande échelle, notamment d'attaques directes et aveugles menées par des frappes aériennes et des bombardements contre des civils, des écoles, des hôpitaux, des réseaux de communication et des approvisionnements vitaux en eau et en électricité".

Les parties belligérantes ont également pris pour cible des civils "en commettant des viols et d'autres formes de violence sexuelle, des arrestations et détentions arbitraires, ainsi que des actes de torture et des mauvais traitements".

Autant de violations qui peuvent "constituer des crimes de guerre", selon le rapport.

"Urgence à agir"

"La gravité de ces conclusions souligne l'urgence d'agir immédiatement pour protéger les civils", a souligné Mohamed Chande Othman, le président de la mission d'établissement des faits sur le Soudan.

Elle a été créée à la fin de l'année dernière par le Conseil des droits de l'Homme pour documenter les violations des droits humains commises dans le pays depuis le début de la guerre en avril 2023. Le conflit oppose l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo.

Les experts — qui réclament aussi un cessez-le-feu — ont demandé aux autorités soudanaises de pouvoir visiter le pays à quatre reprises, mais sans suite. Le rapport envoyé au gouvernement pour qu'il puisse le commenter comme il est d'usage est également resté sans réponse.

Créer un mécanisme judiciaire international

Les experts ont pu rencontrer des réfugiés du conflit dans les pays voisins et 182 victimes directes d'exactions ou des proches. Ils demandent aussi aux autorités de coopérer avec la Cour pénale internationale.

Ils réclament également la mise en place d'un mécanisme judiciaire international uniquement consacré au Soudan.

agences/ami

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Exactions des RSF mises en évidence

Les experts ont mis en exergue "les attaques horribles perpétrées par les RSF et leurs alliés contre les communautés non arabes — en particulier les Masalit à El-Geneina et dans ses environs, au Darfour occidental".

Ils ont relevé meurtres, actes de torture, viols et autres formes de violence sexuelle, destructions de biens et pillages.

"Il existe également des motifs raisonnables de croire que les actes commis par les RSF et ses milices alliées constituent de nombreux crimes contre l'humanité".