Indispensables à la survie des populations dispersées du Grand Nord canadien, ces routes éphémères - plus de 8000 kilomètres dans le pays - sont des liens essentiels à l'activité sociale et économique.
Faites de neige et de glace compactées sur le sol gelé, les lacs et les rivières, ces pistes permettent aux camions de rejoindre normalement entre décembre et avril des secteurs qui sont inaccessibles le reste de l'année. Mais elles sont de moins en moins praticables avec le réchauffement climatique.
"Si vous vous aventurez sur la route d'hiver, vous verrez des trous, de la roche et parfois un peu de terre et de neige", décrit vendredi un résident de Saint Theresa Point, petite localité située à 600 kilomètres au nord de Winnipeg, dans le centre du pays. Cette communauté autochtone de 5000 âmes ne compte aucune route asphaltée la reliant au reste du Canada. Le transport de biens s'y effectue par avion ou par ces routes de glace.
>> Lire également : L'année 2023 a probablement été la plus chaude de ces 100'000 dernières années
Manque de provisions et de carburant
Mais "cet hiver, il a plu et fait plus chaud", explique le chef de la communauté. La route d'hiver a donc commencé à fondre et "nous manquons maintenant de provisions et de carburant", poursuit-il. Comme des dizaines d'autres communautés dans les régions du Manitoba et de l'Ontario, Saint Theresa Point a décrété l'état d'urgence, sollicitant l'aide financière des gouvernements pour transporter denrées, carburant et matériel par voie aérienne.
"A cause des conditions météorologiques, les routes ne sont pas adaptées aux poids lourds. Donc nous avons besoin d'une aide d'urgence", explique la grande cheffe de l'Assemblée des chefs autochtones du Manitoba. Ensuite, il faudra "penser aux solutions à plus long terme" face au réchauffement climatique, ajoute-t-elle. Vendredi, au sud du pays, la ville de Toronto a battu un record de chaleur avec une température de 14,4 degrés.
Le mois de janvier 2024 n'a jamais été aussi chaud à l'échelle planétaire et, pour la première fois, la planète a dépassé sur 12 mois consécutifs la barre de 1,5 degré de réchauffement par rapport à l'ère préindustrielle, selon les données de l'observatoire européen Copernicus. A l'échelle du Canada, les températures hivernales ont été plus douces, et se situaient en moyenne 4 degrés au-dessus des normales de saison, selon le ministère de l'Environnement.
>> Lire aussi : Le monde dépasse 1,5 degré de réchauffement sur une année pour la première fois
ats/juma