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Des familles françaises attaquent TikTok en justice pour l'état psychique de leurs enfants

Sept familles françaises déposent une plainte collective contre TikTok
Sept familles françaises déposent une plainte collective contre TikTok / 19h30 / 2 min. / le 5 novembre 2024
Sept familles françaises ont déposé lundi une plainte collective contre TikTok, accusant le réseau social d’avoir aggravé l’état psychique de leurs enfants. Parmi les jeunes concernés, deux se sont suicidés, quatre ont tenté de le faire et une autre a souffert d’anorexie. Les familles réclament une meilleure modération des contenus proposés par la plateforme.

Ce matin-là, comme à son habitude, la maman de Marie, Stéphanie Mistre, s’est levée pour réveiller sa fille afin qu’elle prenne son bus pour l’école. En arrivant devant la porte de la chambre, elle a senti une résistance inhabituelle. Avec tendresse, elle lui dit, "Allez, mon cœur, ouvre!"

En poussant la porte, elle a découvert avec horreur la jambe de sa fille qui se balançait. "Là, c’est l’horreur. C’est ma vie qui s’écroule," confie la maman, encore bouleversée, dans le 19h30 de la RTS.

J’ai juste besoin d’une corde et d’un tabouret.

Marie, avant son décès

Marie souffrait de harcèlement scolaire, mais cela ne s’arrêtait pas là. Un jour, elle a posté un message poignant sur TikTok, décrivant son année: "Harcelée sur mon poids - redoublement - stress familial - fausse couche!"

Après cette publication, la plateforme a commencé à lui proposer de plus en plus de contenus dépressifs, ce qui aurait encore aggravé son mal-être. "J’ai juste besoin d’une corde et d’un tabouret". "Finalement, le suicide est peut-être la vraie solution", avait-elle écrit.

"On lui proposait des vidéos sur l'automutilation et des moyens de se donner la mort", dénonce Stéphanie Mistre.

Les objectifs cachés de TikTok

Contactée, TikTok affirme disposer d’un algorithme qui surveille en permanence le réseau. "Il vérifie les images, les textes, les sons des vidéos et identifie certains signes ou mots potentiellement interdits, ainsi que ceux contraires aux règles", explique la plateforme.

Selon Benoît Grunenwald, expert en cybersécurité numérique, la plateforme n'a pas pour objectif de modérer les contenus qui ne sont pas explicitement violents, pornographiques ou antagonistes à ses propres règles. "La plateforme a pour objectif de nous conserver captifs et de nous inciter à consommer toujours plus de contenus", explique-t-il.

Plainte collective

Les parents de Marie ont rejoint une plainte collective en France avec six autres familles. Elles ont engagé une procédure civile devant le tribunal judiciaire de Créteil (sud de Paris), et veulent que la plateforme soit tenue pour responsable de la circulation de contenus faisant la promotion du suicide, de l'automutilation et des troubles alimentaires chez les adolescents.

"Celui qui va sur TikTok ne se pose pas la question d'où il va, il ouvre l'application et est bombardé de contenus. Vous mettez cela entre les mains d'un adolescent mal dans sa peau, très vite, un enfermement psychologique s'opère", dénonce Me Laure Boutron-Marmion, fondatrice du collectif Algos Victima qui représente les sept familles à l'origine de l'assignation.

Aussi en Italie et aux Etats-Unis

D'autres plaintes ont déjà été déposées en Italie et aux Etats-Unis, accusant TikTok de nuire à la santé mentale des jeunes. "J'attends que l'on régule ces algorithmes qui envoient du contenu mortifère et pourri à nos gosses. Si cela peut faire avancer les choses, elle ne sera peut-être pas partie pour rien", déclare Charles Le Tiec, père de Marie.

Sujet TV: Julie Conti avec France télévisions

Adaptation web: Miroslav Mares

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Besoin d'aide pour vous-même ou vos proches? Parlez-en...

Sur internet:

Pour la promotion de la santé mentale dans les cantons latins: santépsy.ch

Pour les enfants et les personnes adolescentes: ciao.ch

Pour les 18-25 ans: ontécoute.ch

Pour la prévention du suicide des jeunes: stopsuicide.ch

Le Groupe Romand de Prévention du Suicide: preventionsuicide-romandie.ch

L'Unité Malatavie des HUG pour les adolescent·e·s en crise: malatavie.ch ou par téléphone (24h/24): 022 372 42 42

Par téléphone:

147: Pro Juventute – Ecoute et conseils pour les jeunes (147.ch)

143: La Main Tendue – Ecoute et conseils pour les adultes (143.ch)

144: Ambulances – Urgences