Des gouffres s'ouvrent dans les rues de Rome à cause du dédale de galeries en sous-sol
Un trou s'est par exemple ouvert en quelques secondes la nuit du 28 mars dernier dans un quartier résidentiel. Le gouffre mesure huit mètres de large et 13 mètres de long.
"Les gens qui habitent cet immeuble se sont réveillés en entendant le bruit. Ils ont vu le spectacle des voitures englouties, que les pompiers ont dû retirer de là", témoigne Emanuele Lai, dont le garage se trouve juste en face de la cavité.
Le phénomène est fréquent, au point que les géologues de l’Institut supérieur pour la protection et la recherche environnementale (ISPRA) recensent les centaines de trous qui s'ouvrent dans les rues de Rome.
"Leur nombre augmente depuis une vingtaine d'années. Nous avons commencé à enregistrer plus ou moins une centaine de gouffres par an. Le maximum, c'était en 2018, avec 175 éboulements", explique la géologue Stefania Nisio.
Un dédale de galeries
Rome est construite sur un véritable labyrinthe souterrain. Il se compose de "couloirs entiers, de galeries, de carrières ou d'autres types de caves", détaille Stefania Nisio.
Pour mieux comprendre les éboulements, il faut donc descendre dans les sous-sols de la ville, où les Romains de l'Antiquité allaient se fournir en tuf, un matériau de construction.
Des centaines de kilomètres de galeries ont été creusées en dehors des murs de la cité antique, le long des voies romaines, et sur lesquelles les quartiers résidentiels modernes ont ensuite été construits.
Problème de fuites
"En cas de fuite d'eau, la terre s'humidifie. S'il y a une ancienne carrière en dessous des tuyaux d'eau ou des égouts, la fuite provoque, non pas un petit éboulement, mais un immense gouffre", souligne Adriano Morabito, le président de l'association de spéléologie urbaine Rome souterraine.
A l'image d'Adriano Morabito, les spéléologues doivent ainsi vérifier la stabilité des galeries. "Si l'espace entre la voûte et la base de la rue en surface est trop fin, l'endroit est clairement à risque", indique-t-il.
Ces carrières ne sont pas naturelles, mais ont toutes été creusées à la pioche et à la sueur des esclaves. Si les souterrains de Rome provoquent des gouffres et de belles frayeurs à ses habitants, leurs pierres ont toutefois permis de construire les merveilles de la ville en surface.
Reportage TV: Valérie Dupont
Adaptation web: ami