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Des gouffres s'ouvrent dans les rues de Rome à cause du dédale de galeries en sous-sol

À Rome, il est fréquent que des gouffres s’ouvrent dans les rues de la ville
À Rome, il est fréquent que des gouffres s’ouvrent dans les rues de la ville / 19h30 / 2 min. / le 11 mai 2024
Des gouffres s'ouvrent sans préavis dans les rues de Rome. Ce phénomène s'est amplifié ces dernières années. Il trouve son explication dans les sous-sols de la ville éternelle, un labyrinthe d'anciennes galeries et de carrières.

Un trou s'est par exemple ouvert en quelques secondes la nuit du 28 mars dernier dans un quartier résidentiel. Le gouffre mesure huit mètres de large et 13 mètres de long.

"Les gens qui habitent cet immeuble se sont réveillés en entendant le bruit. Ils ont vu le spectacle des voitures englouties, que les pompiers ont dû retirer de là", témoigne Emanuele Lai, dont le garage se trouve juste en face de la cavité.

Un trou d'ampleur s'est ouvert au mois de mars dans un quartier résidentiel.
Un trou d'ampleur s'est ouvert au mois de mars dans un quartier résidentiel.


Le phénomène est fréquent, au point que les géologues de l’Institut supérieur pour la protection et la recherche environnementale (ISPRA) recensent les centaines de trous qui s'ouvrent dans les rues de Rome.

"Leur nombre augmente depuis une vingtaine d'années. Nous avons commencé à enregistrer plus ou moins une centaine de gouffres par an. Le maximum, c'était en 2018, avec 175 éboulements", explique la géologue Stefania Nisio.

L'ISPRA a recensé des centaines de cavités dans les rues de la capitale italienne, représentées par des points verts sur l’écran.
L'ISPRA a recensé des centaines de cavités dans les rues de la capitale italienne, représentées par des points verts sur l’écran.

Un dédale de galeries

Rome est construite sur un véritable labyrinthe souterrain. Il se compose de "couloirs entiers, de galeries, de carrières ou d'autres types de caves", détaille Stefania Nisio.

Pour mieux comprendre les éboulements, il faut donc descendre dans les sous-sols de la ville, où les Romains de l'Antiquité allaient se fournir en tuf, un matériau de construction.

Des centaines de kilomètres de galeries ont été creusées en dehors des murs de la cité antique, le long des voies romaines, et sur lesquelles les quartiers résidentiels modernes ont ensuite été construits.

Problème de fuites

"En cas de fuite d'eau, la terre s'humidifie. S'il y a une ancienne carrière en dessous des tuyaux d'eau ou des égouts, la fuite provoque, non pas un petit éboulement, mais un immense gouffre", souligne Adriano Morabito, le président de l'association de spéléologie urbaine Rome souterraine.

Un labyrinthe se trouve sous la ville de Rome.
Un labyrinthe se trouve sous la ville de Rome.

A l'image d'Adriano Morabito, les spéléologues doivent ainsi vérifier la stabilité des galeries. "Si l'espace entre la voûte et la base de la rue en surface est trop fin, l'endroit est clairement à risque", indique-t-il.

Ces carrières ne sont pas naturelles, mais ont toutes été creusées à la pioche et à la sueur des esclaves. Si les souterrains de Rome provoquent des gouffres et de belles frayeurs à ses habitants, leurs pierres ont toutefois permis de construire les merveilles de la ville en surface.

Reportage TV: Valérie Dupont

Adaptation web: ami

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