Des Israéliens tentent de bloquer l’arrivée de l’aide humanitaire à Gaza depuis plusieurs semaines
Au poste-frontière de Nitzana, entre Israël et l'Égypte, des jeunes femmes jouent au backgammon sur un tapis poussiéreux. D'autres font la sieste au soleil, malgré la musique à fond dans les haut-parleurs.
Sans les affiches, les barbelés et les soldats, on pourrait croire à un camp de vacances. Pourtant, si des dizaines d'Israéliens étaient réunis à ce point de passage mi-février, c'était bien pour manifester. Et tenter de bloquer les camions qui livrent de la nourriture, du carburant et des médicaments à Gaza.
"Pas d'aide pour l'ennemi"
"Il est complètement immoral d'exiger aujourd'hui d'Israël d'envoyer des camions humanitaires à une population qui soutient le Hamas, une population qui détient également nos otages, une population qui collabore avec l'ennemi", justifie Nili Naouri, présidente du groupe d'extrême droite "Israël is forever", qui s'exprime en français.
Selon cette dernière, le Hamas détourne l'aide à ses propres fins. D'autres expliquent qu'ils espèrent faire monter la pression pour tenter de libérer les otages toujours détenus à Gaza grâce à cette action.
Israël affirme que 130 captifs se trouvent toujours dans les mains du Hamas, mais que 30 d'entre eux pourraient être morts.
Ce vendredi-là, en raison du blocage, les camions qui attendent du côté égyptien n'ont pas pu passer en Israël.
Camions ralentis et bloqués
Les rassemblements comme celui-ci se multiplient depuis 5 semaines à l'appel du collectif Tzav 9 (en référence à "Tsav 8", code de mobilisation des réservistes de l’armée israélienne).
Fin janvier et début février, les manifestants se réunissaient encore à Kerem Shalom, point de passage entre Israël et Gaza. Quelques échauffourées avec l'armée et arrestations plus tard, ils se sont rabattus sur Nitzana, une frontière plus au sud, mais où la surveillance est moins stricte.
Selon un sondage réalisé fin janvier pour la chaîne de télévision israélienne Channel 12, 72 % des Israéliens estiment que Gaza ne devrait pas recevoir d'aide tant que les otages sont détenus.
L'ONU affirme que les manifestations à Nitzana et Kerem Shalom empêchent les camions d'entrer dans la bande de Gaza, ce qui affecte les stocks qui s'amenuisent.
Quelque 1,4 million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah, à l'extrême sud de la bande de Gaza, nombre d'entre eux ayant été déplacés à plusieurs reprises depuis le début de la guerre.
L'Égypte voisine ayant rejeté à plusieurs reprises les déplacements massifs de Palestiniens, ces derniers n'ont nulle part où aller alors que l'offensive terrestre israélienne prévue à Rafah se profile à l'horizon.
Doreen Enssle avec afp