L'est et le nord du Sénégal ont été touchés par des pluies torrentielles qui ont généré d'importantes crues des cours d'eau et en premier lieu celle du fleuve Sénégal. Les vannes d'un barrage ont même été ouvertes pour éviter qu'il ne se rompe.
De nombreuses maisons ont été détruites et leurs habitants n'ont nulle part où aller, trouvant refuge dans des abris de fortune. De vastes étendues de terres ont aussi été submergées et le gagne-pain des cultivateurs a été anéanti. Par endroits, le riz ne peut plus être récolté et certains tentent de pêcher pour trouver de la nourriture.
La population se sent abandonnée
Face à cette situation, les autorités sont impuissantes. "On attend juste que les eaux baissent pour pouvoir amener le matériel nécessaire pour pouvoir reconstruire rapidement la route qui mène au village", confie Ibrahima Ba, commandant des secours dans le village de Bely Dialo, dans la région de Matam.
La population de la région se sent elle abandonnée par le gouvernement une semaine avant des élections parlementaires. Alors que le Sénégal et l'Afrique de l'Ouest sont soumis presque chaque année à des débordements pendant la saison des pluies, le gouvernement installé en avril après la victoire éclatante du duo Bassirou Diomaye Faye-Ousmane Sonko à la présidentielle savait devoir gérer cette urgence en plus des autres: coût de la vie, chômage, émigration clandestine, dette...
Cependant, les inondations ont pris des proportions exceptionnelles, ajoutant à la charge gouvernementale en période préélectorale.
Méfiance envers les dirigeants
Des législatives sont convoquées le 17 novembre parce que le président Faye a dissous avant terme un Parlement élu en 2022 et encore dominé par l'ancienne majorité. Ces élections diront si, huit mois après, les Sénégalais accordent encore leur confiance au président Faye et surtout au Premier ministre Sonko, et leur octroient la majorité qui leur simplifierait la tâche, ou si, au contraire, l'heure de sanctionner est déjà venue.
Les dernières années ont été éprouvantes pour un pays pauvre et une population dont la moitié a moins de 19 ans et dont une grande partie se bat au quotidien pour joindre les deux bouts.
L'opposition fait campagne en reprochant à Ousmane Sonko de trop parler et pas assez agir. Le gouvernement invoque lui la difficulté de la situation qu'il a trouvée en arrivant.
Les avis sont partagés dans la région rurale de Matam, fief de l'ancienne majorité, y compris sur la réponse apportée par le gouvernement à la calamité naturelle. "On n'a pas vu la présence de l'Etat", dénonce une habitante, alors que les 30 familles de son village vivent sous des tentes depuis presque un mois, dit-elle.
Le président Faye s'est cependant rendu en personne dans les zones touchées et le gouvernement a alloué 8 milliards de francs CFA (13 millions de dollars) d'aide.
Reportage TV: Magali Rochat
Texte web: boi avec afp