Des objecteurs israéliens dénoncent l'inefficacité et les exactions des opérations de Tsahal
"Il est désormais évident que la poursuite de la guerre à Gaza ne retarde pas seulement le retour des otages de leur captivité, elle met également leur vie en danger. De nombreux otages ont été tués par des frappes de Tsahal, bien plus que ceux qui ont été secourus lors d’opérations militaires visant à les sauver", dénoncent-ils notamment dans cette lettre adressée le 9 octobre dernier au gouvernement israélien et à leur Etat-major.
Si plusieurs signataires précisent que leur prise de parole intervient surtout dans le but de faire libérer la centaine d'otages israéliens encore présents à Gaza, et non par défiance envers l'armée elle-même, d'autres dénoncent plus directement les agissements et l'ambiance qui règne au sein de Tsahal.
Depuis le premier jour, Netanyahu et son gouvernement ont instrumentalisé ce traumatisme pour inciter au racisme, à la haine et à cette atmosphère de vengeance
C'est le cas de Max, interrogé lundi soir dans le 19h30. Le soir du 7 octobre 2023, il est appelé pour défendre la frontière avec le Liban: "On s'attendait à voir un nombre de terroristes arriver en masse du nord", raconte ce réserviste. "On s'attendait tous à mourir ce jour-là."
Discours choquants dans l'armée
Il restera toutefois à la frontière durant deux mois et demi sans que l'attaque redoutée se concrétise. "Netanyahu et son gouvernement, depuis le premier jour, ont instrumentalisé ce traumatisme pour inciter au racisme, à la haine et à cette atmosphère de vengeance", observe-t-il.
Et pour cause: l'ambiance dans son unité a profondément choqué ce militant pour la paix. "Les gens disaient des choses comme: 'il n'y a pas d'innocents à Gaza'", rapporte-t-il. "Il y avait un commandement religieux de tuer tout le monde à Gaza (...), les enfants aussi, car ils vont grandir et devenir terroristes."
Les détenus palestiniens sont attachés, les yeux bandés, sans avoir le droit de parler ni de bouger pendant des semaines. Je pense que ça constitue un acte de torture en soi
"À mon avis, j'ai été témoin direct de crimes de guerre", témoigne un autre réserviste, appelé dans une unité non-combattante pour servir dans la prison de Sde Teiman, où sont enfermés la plupart des Palestiniens arrêtés à Gaza.
"Je pense que le simple traitement des détenus, sans parler des violences, constitue un crime de guerre. Ils sont attachés, les yeux bandés, sans avoir le droit de parler ni de bouger pendant des semaines. Je pense que ça constitue un acte de torture en soi", raconte-t-il, précisant que ces agissements sont "connus et encouragés" par les commandants.
De son côté, l'armée israélienne dément toute politique systématique de mauvais traitements et dit avoir ouvert des enquêtes dans certains cas. Plusieurs réservistes signataires ont été suspendus à la suite de la publication de la lettre.
Sujet TV: Solène Gripon
Texte web: Pierrik Jordan