Des opposants russes en exil défilent à Berlin et Genève contre la politique du Kremlin
Les manifestants ont exigé le "retrait immédiat" des troupes russes d'Ukraine, la destitution de Vladimir Poutine et son jugement en tant que "criminel de guerre", ainsi que la libération de tous les prisonniers politiques détenus en Russie.
La marche de Berlin, ville qui accueille de nombreux exilés et d'opposants russes, devait finir devant l'ambassade russe. Les organisateurs ont estimé qu'il y avait au moins 2000 participants.
A Genève, ce sont près d'une cinquantaine de Russes de l'étranger qui ont manifesté sur la Place des Nations contre le régime du président Poutine. Ils ont exigé la fin immédiate du conflit. "Dites non à la guerre", "Les manuscrits ne brûlent pas", "Stop Poutine" pouvait-on lire sur les banderoles brandies par les manifestants.
Navalnaïa, Iachine et Vladimir Kara-Murza mènent le défilé
Le pouvoir russe a méthodiquement éradiqué toute contestation ces dernières années, jetant des centaines, voire des milliers de personnes, derrière les barreaux et rendant impossible toute action de protestation. L'opposition, qui a perdu en février sa figure de proue, Alexeï Navalny, mort dans des circonstances troubles en prison, est privée de moyens d'agir en Russie et donc forcée de relancer le mouvement depuis l'étranger.
>> A lire également : "Je mourrai" en prison, écrivait Navalny dans ses mémoires
Dans la capitale allemande, Ioulia Navalnaïa, la veuve de Navalny, et des alliés de ce dernier ont mené le cortège avec les autres initiateurs de la mobilisation, comme Ilia Iachine, ex-député municipal moscovite récemment libéré de prison, et Vladimir Kara-Murza, critique de longue date du Kremlin qui a survécu à la prison et à deux tentatives d'empoisonnement.
>> Lire aussi : Vladimir Kara-Murza: "Un jour viendra où la Russie sera un pays démocratique et libre"
"Il est très important de montrer que nous pouvons travailler ensemble et de consolider les diverses forces du mouvement anti-guerre russe", insistait Vladimir Kara-Murza, à l'antenne de la télévision d'opposition Dojd début novembre.
"Il est important de montrer que les Russes et russophones ne sont pas tous pour Poutine, comme on pourrait le croire aux yeux du monde entier, mais qu'ils défendent aussi les valeurs démocratiques libérales, qu'ils sont contre la guerre et les meurtres", a témoigné une manifestante, Polina Zelenskaïa, étudiante russophone à Berlin.
Des divisions internes
Le mouvement anti-Poutine est aussi affaibli par de lourdes divisions et luttes internes entre ses représentants. Plusieurs scandales au sein de l'opposition ont fragilisé le mouvement et provoqué la frustration d'une partie de leurs militants.
En cause, l'agression au marteau d'un allié de Navalny, la victime pointant du doigt le courant de l'ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski. Ou encore ces accusations à l'adresse de la fondation anticorruption du défunt opposant qui aurait couvert des machinations de banquiers véreux en Russie.
Depuis la mort du charismatique militant anticorruption, son mouvement peine à raviver la flamme de la lutte contre le pouvoir russe. Illustrant ces difficultés, Ioulia Navalnaïa a admis récemment ne pas avoir de "plan" pour parvenir à la chute de Vladimir Poutine et à l'arrêt de la guerre.
rad avec afp