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Des spécialistes des démocraties fragiles se penchent sur les Etats-Unis

Le Centre Carter lance plusieurs projets d'observation des prochaines élections présidentielles américaines en novembre. [Keystone - Sarah Yenesel - EPA]
Des spécialistes des démocraties fragiles se penchent sur les Etats-Unis / Tout un monde / 4 min. / le 19 juillet 2024
Polarisation de la campagne présidentielle, montée des théories complotistes, effritement de la confiance des électeurs dans les institutions: l'état de la démocratie aux Etats-Unis soulève des inquiétudes. Le Centre Carter va donc lancer des projets d'observation indépendants pour tenter de désamorcer la situation.

Le Centre Carter, créé par l'ancien président démocrate Jimmy Carter pour aider les pays en développement à construire une démocratie solide, se penche désormais sur son propre pays. Alarmé par le climat délétère qui règne sur sol américain, il lance plusieurs projets d'observation des prochaines élections présidentielles en novembre.

"II était important pour nous d'utiliser nos connaissances et notre expertise des choses qui ont fonctionné à l'étranger, afin d'essayer de désamorcer une situation politique conflictuelle et mettre à profit tout ce travail ici, chez nous", explique Sarah Cooper, responsable du programme démocratie au Centre Carter, dans l'émission Tout un monde.

En 2020, le Centre Carter est devenu très préoccupé par la polarisation politique croissante aux Etats-Unis, par la tendance des candidats de ne pas accepter les résultats des élections et par la potentialité de violences post-électorales

Sarah Cooper, responsable du programme démocratie au Centre Carter

L'organisation avait déjà commencé à s'intéresser à la situation aux Etats-Unis en 2020, quand Donald Trump a contesté le résultat des élections. "En 2020, le Centre Carter est devenu très préoccupé par la polarisation politique croissante aux Etats-Unis, par la tendance des candidats de ne pas accepter les résultats des élections et également, bien avant l'élection présidentielle, par la potentialité de violences post-électorales", précise Sarah Cooper.

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Observateurs indépendants

Quatre ans plus tard la situation ne s'est pas améliorée. L'organisation a donc décidé d'étendre à plus large échelle des projets pilotes déjà testés au niveau local. En raison du système américain très décentralisé et largement bipartite, avec des règles qui varient d'un Etat à l'autre, les Etats-Unis n'ont pas vraiment l'habitude d'avoir des observateurs externes et neutres.

Il s'agira donc pour le Centre Carter de mettre en place des programmes d'observation non partisane des élections dans les Etats qui l'autorisent, comme le Montana et le Nouveau-Mexique, mais aussi dans des Etats-clés comme le Michigan, l’Arizona ou la Géorgie.

"Dans de nombreux Etats, le seul moyen pour un citoyen d'observer le processus de vote, le déroulement des opérations et la façon dont les bulletins sont comptés, c'est d'être officiellement nommé représentant d'un parti politique ou d'un candidat", indique Sarah Cooper, pour qui le système des "poll watchers" – des observateurs partisans – a fait son temps.

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Renforcer la confiance dans les processus électoraux

Selon la spécialiste, cette objectivité est d'autant plus importante qu'avec le climat de suspicion ambiant, les observateurs sont plus prompts à dénoncer des irrégularités quand les résultats sont en défaveur du parti qu'ils soutiennent.

La présence d'observateurs indépendants peut aider à renforcer la confiance dans les processus électoraux

Sarah Cooper, responsable du programme démocratie au Centre Carter

Des observateurs se plaçant au-dessus de la mêlée pourraient donc aider à calmer le jeu, mais aussi être un moyen de lutter contre l'abstention. "Leur présence peut vraiment aider à rassurer les citoyens sur le fait qu'ils ont des représentants aux bureaux de vote qui s'assurent que tout fonctionne correctement", affirme Sarah Cooper. "Cela peut aider à renforcer la confiance dans les processus électoraux".

Par ailleurs, plusieurs études académiques ont montré que la présence d'observateurs électoraux pouvait aider à détecter et à dissuader la fraude. "Cela peut aider à améliorer la qualité des institutions électorales au fil du temps", ajoute l'experte, qui estime qu'il faut davantage de transparence autour des processus électoraux. Lors des dernières élections présidentielles, les retentions de documents se sont en effet multipliées à tel point que de nombreuses administrations ont tardé à certifier les résultats.

Francesca Argiroffo/edel

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