Donald Trump: un casting explosif pour son retour au sommet du pouvoir américain
Depuis qu'il a commencé à former son futur gouvernement, Donald Trump oscille entre des choix relativement conventionnels et des nominations déconcertantes. Mais tous les heureux élus ont un point commun: une relation personnelle avec le futur président.
De sa cheffe de cabinet aux futurs ministres de la Justice, de la Défense ou de la Sécurité intérieure, il a nommé des fidèles qui ont participé à nombre de meetings de campagne, lui ont régulièrement rendu visite dans sa résidence floridienne de Mar-a-Lago ou l'ont soutenu avec ardeur à la télévision.
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Le contraste est saisissant avec sa première arrivée à la Maison Blanche début 2017 quand, encore néophyte en politique, il s'était entouré de personnalités républicaines classiques avec lesquelles il n'avait aucune relation de travail ni de confiance préalable.
Désormais maître absolu du Parti républicain et du pays, Donald Trump récompense ses plus fidèles partisans, ceux qui l'ont soutenu sans scrupules dans la tempête après son refus de reconnaître le résultat des élections de 2020 et l'assaut du Capitole du 6 janvier 2021, puis face aux affaires judiciaires qui l'ont poursuivi pendant quatre ans. Certains futurs ministres n'ont ni compétence particulière, ni expérience pour le poste auquel ils ont été nommés.
"Les choix de Trump répondent à deux critères: la loyauté et la rupture", a résumé le professeur de sciences politiques à l'Université George Washington Todd Belt.
Les nominations du futur président devront être confirmées par le Sénat.
RTSinfo — Adaptation web: Vincent Cherpillod
VIVEK RAMASWAMY ET ELON MUSK
Des milliardaires pour tailler dans les dépenses de l'Etat
L’Etat fédéral est dans le viseur de la future administration Trump. Après la nomination des deux hommes d'affaires Vivek Ramaswamy et Elon Musk à la tête de la nouvelle commission de l’efficacité gouvernementale voulue par le futur locataire de la Maison Blanche, il règne à Washington une atmosphère de purge. Les deux milliardaires affichent leur volonté de réduire drastiquement les compétences et le budget de l’Etat.
Homme le plus riche de la planète, le patron de Tesla, de SpaceX et de la plateforme X Elon Musk a investi plus de 100 millions de dollars dans la campagne de Donald Trump. Peu après l'annonce de sa future nomination, il a provoqué en promettant de publier sur X un "classement des dépenses les plus terriblement stupides" qui sera "à la fois extrêmement tragique et extrêmement divertissant".
Ancien candidat à la primaire républicaine, Vivek Ramaswamy défend des vues radicales contre la bureaucratie, qu’il considère comme contraire aux principes d’auto-gouvernance des pères fondateurs des Etats-Unis. Il est notamment partisan de supprimer la département fédéral de l’Education. Dans une interview, il explique comment il procéderait pour licencier 75% des fonctionnaires fédéraux "sans que rien ne change pour l'Américain ordinaire".
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PETE HEGSETH
De Fox News au Pentagone
Ancien major dans l'armée américaine, Pete Hegseth, présentateur sur Fox News, la chaîne préférée des conservateurs aux Etats-Unis, devrait être élu secrétaire à la Défense. "Avec Pete à la barre, les ennemis de l'Amérique sont prévenus: nos forces armées connaîtront à nouveau la grandeur et l'Amérique ne reculera jamais", a déclaré le futur président américain.
Cet homme de 44 ans, qui s'oppose à la présence de femmes sur le champ de bataille, n'a jamais dirigé de grande institution. Il dénonce aujourd'hui les positions progressistes au sein de l'armée américaine et pourrait revenir, une fois au pouvoir, sur les politiques favorables à la diversité instaurées au sein des forces armées ces dernières années.
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TULSI GABBARD
Une pro-Poutine contre la guerre
Ancienne élue démocrate d'Hawaï et vétéran de l'armée devenue fervente partisane de Donald Trump, Tulsi Gabbard, 43 ans, vient d'être nommée directrice du Renseignement national, dont dépend notamment la CIA. Ses prises de position pro-russes et contre la guerre en Ukraine ont fait polémique. "Cette guerre et cette souffrance auraient pu être évitées si l'administration Biden et l'Otan avaient simplement pris en compte les inquiétudes légitimes de la Russie sur une possible entrée de l'Ukraine dans l'Otan", avait-elle par exemple écrit sur Twitter.
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Populaire dans les milieux conservateurs en raison de son soutien aux politiques isolationnistes et militante contre le wokisme, elle est régulièrement invitée sur Fox News et d'autres chaînes de télévision conservatrices.
MARCO RUBIO
L'ancien rival qui a retourné sa veste
Réputé pour adopter une ligne très dure face à l’Iran et la Chine, Marco Rubio sera le futur Secrétaire d’Etat, autrement dit la voix de Washington dans les relations internationales. Fils d'immigrants cubains et rival de Donald Trump lors de la primaire républicaine de 2016, le sénateur de Floride est aussi fermement pro-Israël. Concernant l'Ukraine, il s'est opposé à une récente tranche d'aide militaire, argumentant qu'il fallait bientôt qu'elle mette un terme à sa guerre contre la Russie.
Marco Rubio est l'une des rares personnes nommées avec qui Donald Trump a eu des relations conflictuelles par le passé, allant jusqu'à traiter le futur pensionnaire de la Maison Blanche d'"arnaqueur" et de "personne la plus vulgaire qui ait jamais aspiré à la présidence", mais elles semblent enterrées. Le prochain président américain l'a ainsi présenté comme "un défenseur ardent de notre nation, un véritable ami pour nos alliés et un guerrier intrépide qui ne reculera jamais face à nos adversaires".
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MICHAEL WALTZ
L'ancien bras droit de Dick Cheney lors de la guerre en Irak
Ancien membre des forces spéciales en Afghanistan, exercées notamment à la guerre non conventionnelle, le futur conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche Michael Waltz, 50 ans, s'est fait remarquer par ses critiques contre la Chine. Il est membre de la Chambre des représentants pour la Floride depuis 2019.
Sous la présidence de George W. Bush, il était conseiller à la sécurité nationale pour le vice-président Dick Cheney, ce dernier accusé d'être l'un des principaux artisans de l'intervention américaine en Irak en ayant propagé la fausse information selon laquelle Saddam Hussein aurait été à la tête d'un stock considérable d'armes de destruction massive.
Michael Waltz monte par la suite sa propre société spécialisée dans la sécurité internationale, Metis Solutions. Il apparaît régulièrement sur Fox News.
ELISE STEFANIK
Un loup dans la bergerie de l'ONU
Représentante de l'Etat de New York âgée de 40 ans, Elise Stefanik occupera le poste d'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'ONU. "Elise est une combattante de l'Amérique d'abord, incroyablement forte, tenace et intelligente", l'a décrite Donald Trump. Elue au Congrès en 2014 à seulement 30 ans, elle s'est peu à peu affirmée parmi les soutiens les plus ardents de Donald Trump de par sa défense impétueuse du président lors de sa première procédure en destitution en 2019. Elle a également refusé de certifier la présidentielle remportée en 2020 par Joe Biden.
Connue pour ses positions très pro-israéliennes, elle a été la protagoniste d'une séquence devenue virale sur les réseaux sociaux où on la voit interroger de façon extrêmement agressive Claudine Gay, la présidente de l'Université Harvard, à propos de slogans pro-palestiniens entendus sur le campus et selon elle non sanctionnés.
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Très critique vis-à-vis de l'ONU, Elise Stefanik a accusé à la mi-octobre l'institution de "croupir dans l'antisémitisme".
BRIAN HOOK
Un faucon américain prêt à fondre sur l'Iran
Brian Hook, 56 ans, un faucon américain connu lui aussi pour sa politique agressive envers l'Iran, dirigera l'équipe de transition du Département d'Etat de la nouvelle administration américaine, selon CNN.
Interrogé par la chaîne américaine, il n'a pas encore confirmé sa nomination mais a fait l'apologie de la politique de Donald Trump envers l'Iran lors de son premier mandat, marquée notamment par le retrait des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien et le renforcement des sanctions économiques contre le pays.
MIKE HUCKABEE
Un ambassadeur aligné sur la politique de l’extrême droite israélienne
Figure du monde chrétien évangélique et proche des mouvements de colonisation israéliens, Mike Huckabee, le futur ambassadeur des Etats-Unis en Israël, a déjà donné le ton et esquissé ce qui pourrait être la politique de la nouvelle administration dans la région: lorsqu'on lui a demandé dans une interview si une annexion de la Cisjordanie occupée était possible sous le second mandat de Donald Trump, il a répondu "bien sûr".
Au cours des quatre prochaines années, l'Etat hébreu peut donc s’attendre à un soutien sans faille au Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi qu'à un appui face aux procédures engagées par la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de Justice (CIJ). L’ambassadeur israélien à l'ONU admet par exemple espérer de fortes pressions américaines pour mettre fin ou compliquer les enquêtes. En 2020, Donald Trump avait d'ailleurs imposé des sanctions contre la Cour pénale internationale.
MATT GAETZ
La droite dure au Département de la Justice
Sa nomination a semé la stupeur. Ex-élu républicain complotiste, le futur ministre de la Justice Matt Gaetz est englué dans divers scandales. Il est contesté même dans son propre parti.
Une fois en poste, il dirigerait l'instance gouvernementale qui a enquêté sur lui pendant des années, notamment pour trafic et relation sexuelle avec une mineure et consommation de drogue, une enquête qui n'a pas donné lieu à une inculpation.
TOM HOMAN
Un "dur" pour garder la frontière
Tenant de la ligne dure en matière d'immigration, Tom Homan prendra la tête de l'agence responsable du contrôle des frontières et de l'immigration (ICE) aux Etats-Unis. Il l'avait déjà dirigée lors du précédent mandat de Donald Trump. Surnommé "Le Tsar des frontières" par le futur président, il sera chargé de "toutes les expulsions d'étrangers illégaux vers leur pays d'origine".
Tom Homan est apparu à la Convention nationale républicaine en juillet, déclarant à ses partisans: "J'ai un message pour les millions d'immigrants illégaux que Joe Biden a autorisé dans notre pays: vous feriez mieux de commencer à faire vos valises maintenant".
KRISTI NOEM
La "tueuse de chiens" chargée de la sécurité intérieure
Gouverneure du Dakota du Sud, Kristi Noem sera nommée ministre de la Sécurité intérieure. Elle travaillera de près avec Tom Homan. Elle était citée parmi les candidats susceptibles de devenir colistier de Donald Trump dans sa dernière campagne pour la Maison Blanche, mais cette ambition de devenir vice-présidente avait été douchée quand elle avait maladroitement révélé avoir tué par balle sa jeune chienne, parce qu'elle était selon elle "indomptable".
Cette nouvelle, tombée en avril dernier, avait provoqué un déluge de réactions négatives dans la classe politique et sur les réseaux sociaux, les chiens occupant une place de choix dans la vie de nombreuses familles américaines.
LEE ZELDIN
Déréglementer l'industrie tout en protégeant l'environnement, une mission impossible?
Ancien représentant de l'Etat de New York, Lee Zeldin dirigera l'agence américaine de protection de l'environnement (EPA). "Il va s'assurer d'une prise de décisions rapides et justes de déréglementations qui vont permettre de doper la force des entreprises américaines tout en conservant les plus hautes normes environnementales", a promis Donald Trump.
Opposé aux accords de Paris sous leur forme actuelle, il leur reproche le fait de ne pas donner à tous les pays la même responsabilité environnementale et la même quantité d'efforts à fournir, en particulier certains pays fortement émetteurs de CO2, comme la Chine.
STEPHEN MILLER
Une Amérique "pour les Américains et uniquement pour les Américains"
Stephen Miller, l'un des plus proches conseillers de Donald Trump depuis l'époque de sa première campagne réussie pour la Maison Blanche, sera le directeur adjoint de son cabinet, un rôle aux prérogatives très larges. Cet homme de 39 ans était l'un des visages les plus marquants de la dernière administration Trump.
Il reste dans les mémoires comme l'architecte du fameux projet de "Muslim Ban", ce décret pris en 2017 pour priver de séjour aux Etats-Unis les ressortissants de sept pays musulmans: l'Iran, l'Irak, la Libye, la Somalie, le Soudan, la Syrie et le Yémen. "L'Amérique est pour les Américains et uniquement pour les Américains", avait-il lancé lors d'un meeting de Donald Trump.
SUSIE WILES
Une cheffe de cabinet sur un siège éjectable
Susie Wiles, la directrice de la campagne électorale victorieuse de Donald Trump, a été choisie par le républicain pour être sa cheffe de cabinet, devenant la première femme à occuper ce poste aux Etats-Unis. Impliquée dans l’aventure politique du milliardaire depuis 2016, elle se décrit comme une modérée, entretenant de bonnes relations avec la presse américaine qui voit en elle celle qui parvient à maintenir un minimum de discipline chez Donald Trump.
Elle a jusqu'ici préféré l’ombre, refusant de prendre le micro lors de la célébration de sa victoire. En devenant l’aide de camp d’un président impulsif, Susie Wiles se place aussi automatiquement sur un siège éjectable. Lors de son premier mandat, Donald Trump avait ainsi limogé quatre chefs de cabinet en quatre ans, l’un deux ayant même dénoncé sa dérive fasciste lors de la récente campagne.
JOHN RATCLIFFE
La Chine dans le viseur du futur directeur de la CIA
Ancien directeur national du renseignement, John Ratcliffe a été choisi par Donald Trump pour prendre la tête de la CIA. Lors de son premier mandat, il avait déjà brièvement été nommé directeur du renseignement américain après le départ de son prédécesseur Dan Coats, limogé pour avoir désavoué les propos optimistes de Donald Trump sur la dénucléarisation de la Corée du Nord.
Fervent critique de la politique de l'administration Biden au Proche-Orient, condamnant notamment la suspension momentanée de la livraison d'armes à Israël, il reproche au président démocrate de ne pas être assez dur envers l'Iran. John Ratcliffe se présente aussi comme un "faucon" à l'égard de la Chine, la qualifiant de "plus grande menace pour la démocratie et la liberté dans le monde". Il a également déclaré penser que le virus du Covid-19 s'était échappé d'un laboratoire de Wuhan.
ROBERT F.KENNEDY JR
Un vaccinosceptique de la dynastie Kennedy à la tête du département de la Santé
Ancien avocat critique envers les vaccins et accusé de propager des théories du complot, Robert Fitzgerald Kennedy Junior a été choisi par Donald Trump pour prendre la tête du département de la Santé américain. Dans un discours pour le présenter, le futur président des Etats-Unis a souligné "la tromperie et la désinformation en matière de santé publique" de l'industrie alimentaire et des laboratoires pharmaceutiques et assuré que les Américains seraient désormais à l'abri de leurs dérives ayant "contribué à l'énorme crise de santé dans ce pays".
Fils de Bob Kennedy – le frère cadet de l'ancien président John F. Kennedy, tous deux ayant été assassinés – , Robert F. Kennedy Jr a forgé avec le milliardaire de 78 ans une alliance improbable depuis qu'il a renoncé en août à être candidat indépendant à la présidentielle. "Les gens t'aiment bien, Bobby. Ne deviens pas trop populaire, Bobby", lui a d'ailleurs lancé Donald Trump.
Dénonçant de prétendus liens entre vaccination et autisme et réclamant l'arrêt de l'ajout de fluor dans l'eau courante – une mesure pourtant considérée comme une grande réussite sanitaire dans la lutte contre les caries dentaires – , il veut aussi lutter contre la malbouffe et est pour un droit à l'avortement relativement large, s'arrêtant à la viabilité du foetus (environ 24 semaines).
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