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Douze morts et 44 blessés dans les manifestations contre la réélection de Nicolas Maduro au Venezuela

Au Venezuela, des affrontements ont fait un mort hier après l’annonce officielle de la réélection de Nicolás Maduro
Au Venezuela, des affrontements ont fait un mort hier après l’annonce officielle de la réélection de Nicolás Maduro / 12h45 / 1 min. / le 30 juillet 2024
Des manifestations spontanées rassemblant plusieurs milliers de personnes, ponctuées d'échauffourées avec les forces de l'ordre, ont fait douze morts, dont deux mineurs, et 44 blessés lundi au Venezuela, au lendemain de la réélection du président Nicolas Maduro.

Les violentes manifestations contre la réélection de Nicolas Maduro ont fait "trois morts" et 44 blessés, avait avancé l'ONG de surveillance des hôpitaux Encuesta nacional de hospitales lundi. Le total du nombre de décès s'élève désormais à douze.

"Qu'il rende le pouvoir maintenant", ont lancé lundi des milliers de manifestants dans plusieurs quartiers pauvres de la capitale du Venezuela, certains brûlant des affiches à l'effigie du président. Quelque 750 personnes ont été arrêtées, a annoncé mardi le procureur général Tarek William Saab, ajoutant que le "chiffre pouvait augmenter".

Beaucoup de Vénézuéliens ont aussi affiché leur désaccord depuis leurs fenêtres ou balcons par peur des "colectivos", surnom donné aux groupes de militants pro-pouvoir.

Protesters charge at police during demonstrations against the official election results, a day after electoral authorities declared President Nicolas Maduro victorious in Caracas, Venezuela, Monday, July 29, 2024. (AP Photo/Fernando Vergara) [Keystone - Fernando Vergara]
Des échauffourées ont éclaté à Caracas entre manifestants et policiers [Keystone - Fernando Vergara]

Le président Nicolas Maduro a accusé mardi l'opposition d'être "responsable de la violence", lors d'une réunion de crise conjointe du Conseil d'État et du Conseil de défense, regroupant tous les pouvoirs du pays. "Je vous tiens pour responsable (...) de tout ce qui se passe au Venezuela, de la violence criminelle, des blessés, des morts, de la destruction. Vous serez directement responsables, Monsieur (Edmundo) Gonzalez Urrutia et Madame (Maria Corina) Machado", a-t-il lancé à l'adresse du candidat de l'opposition et de la cheffe de l'opposition.

L'opposition revendique la victoire

Nicolas Maduro, 61 ans, a été officiellement proclamé lundi président du Venezuela pour un troisième mandat, jusqu'en 2031, après l'annonce de résultats contestés dans la nuit. Balayant les critiques de l'opposition et de la communauté internationale, il a dénoncé une tentative de "coup d'Etat fasciste au Venezuela".

La cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado, qui n'avait pu se présenter au scrutin car déclarée inéligible par le pouvoir, a assuré lundi soir aux médias que l'opposition avait les moyens de "prouver" la victoire de son candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans, un diplomate discret qui l'avait remplacée au pied levé.

Maria Corina Machado a appelé à un rassemblement mardi devant les locaux des Nations unies (Onu) à Caracas et le gouvernement prévoit également des rassemblements pro-Maduro.

>> Lire à ce sujet : Nicolás Maduro officiellement proclamé président, l'opposition conteste le résultat

Selon le Conseil national électoral (CNE), qui n'a pas fourni le détail des résultats, Nicolas Maduro a obtenu 5,15 millions de voix (51,2%) devant Edmundo Gonzalez Urrutia avec 4,5 millions de voix (44,2%).

L'opposition, à laquelle les sondages promettaient la victoire pour mettre fin à 25 ans de pouvoir chaviste, crie à la fraude et assure disposer des preuves de sa victoire, disant avoir réuni 73% des bordereaux de résultats des bureaux de vote.

lia/doe/juma avec agences

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Pays d'Amérique latine sceptiques

Nicolas Maduro a reçu le soutien de la Russie et de la Chine ainsi que de ses autres alliés habituels (Cuba, Nicaragua, Honduras et Bolivie). Cependant, des réactions négatives ont aussi afflué de la communauté internationale. 

Neuf pays d'Amérique latine (Argentine, Costa Rica, Équateur, Guatemala, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine, Uruguay) ont ainsi appelé lundi dans une déclaration commune à un "réexamen complet avec la présence d'observateurs électoraux indépendants".

>> Revoir le sujet du 19h30 lundi :

Au Venezuela, le président sortant Nicolas Maduro a revendiqué la victoire aux élections présidentielles. Un résultat contesté par l’opposition
Au Venezuela, le président sortant Nicolas Maduro a revendiqué la victoire aux élections présidentielles. Un résultat contesté par l’opposition / 19h30 / 2 min. / le 29 juillet 2024

Le Pérou déclare Edmundo Gonzalez Urrutia président élu

Le gouvernement péruvien a reconnu mardi Edmundo Gonzalez Urrutia comme le président élu "légitime" du Venezuela, ignorant la décision du Conseil national électoral (CNE) qui a proclamé Nicolas Maduro vainqueur de la présidentielle de dimanche.

"M. Gonzalez est le président élu et légitime du Venezuela", a déclaré le ministre péruvien des Affaires étrangères Javier Gonzalez-Olaechea sur la chaîne publique TV Peru Noticias.

Des statues d'Hugo Chavez déboulonnées

Deux statues d'Hugo Chavez, président du Venezuela de 1999 jusqu'à sa mort en 2013, ont été déboulonnées à La Guaira (plage de Caracas) et à Mariara (nord) par des manifestants, a annoncé lundi à la télévision son héritier désigné Nicolas Maduro, après sa réélection contestée.

"Ils sont allés attaquer le commandant Chavez, le commandant président, le meilleur président que le Venezuela ait eu depuis 150 ans", a affirmé Nicolas Maduro.

Charismatique de son vivant, Hugo Chavez fait l'objet d'un culte de la personnalité de la part des autorités qui le comparent souvent au "Libertador" Simon Bolivar, né au Venezuela et figure emblématique de l'émancipation des colonies espagnoles en Amérique du Sud.

Arrestation de Freddy Superlano, important cadre de l'opposition

Un important cadre de l'opposition vénézuélienne, Freddy Superlano, a été arrêté mardi matin par les forces de l'ordre à Caracas, a annoncé son parti Voluntad Popular (VP), membre de la coalition de l'opposition qui conteste la victoire annoncée de Nicolas Maduro dimanche à la présidentielle.

"Nous devons dénoncer de manière responsable au pays l'enlèvement, il y a quelques minutes, de notre coordinateur politique national Freddy Superlano", a déclaré le parti sur X. Sur les images postées sur le réseau social, des policiers extraient d'une voiture un homme ressemblant à Freddy Superlano et l'emmènent manu militari dans un autre véhicule avant de s'en aller.