"Elon Musk essaie d'influencer les élections fédérales par ses déclarations", a déclaré Christiane Hoffmann, porte-parole adjointe du gouvernement, lors d'un point presse régulier.
"Il est libre d'exprimer son opinion", mais celle-ci équivaut à "une recommandation électorale pour un parti qui est surveillé" par le Renseignement intérieur allemand, "car il est soupçonné d'être d'extrême droite" et a déjà "été reconnu" par la justice comme tel, a-t-elle souligné.
Cette qualification en Allemagne pour un mouvement politique peut justifier une surveillance policière en raison de craintes d'atteinte à l'ordre constitutionnel.
Olaf Scholz également critique
Les principaux dirigeants allemands, le chancelier Olaf Scholz et son vice-chancelier Robert Habeck, ont encore dénoncé mardi le soutien continu du milliardaire américain Elon Musk au parti d'extrême droite du pays, AfD, à deux mois des élections législatives.
"Vous, les citoyens, décidez (du résultat du vote). Ce ne sont pas les propriétaires des réseaux sociaux qui en décident", a déclaré le chancelier dans son allocution pour la nouvelle année qui doit être diffusée mardi soir.
"Ce n'est pas celui qui crie le plus fort qui détermine ce qui se passera ensuite en Allemagne, mais plutôt la grande majorité des personnes décentes et raisonnables", a encore affirmé le chef de gouvernement social-démocrate.
Embarras en Allemagne
Samedi, le quotidien Welt a publié une tribune croisée dans laquelle le patron de X, spaceX et Tesla assure que l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) est "la dernière lueur d'espoir" pour l'Allemagne. Il y estime "clairement fausse" sa classification à l'extrême droite.
Elon Musk a par ailleurs justifié son ingérence dans la campagne électorale par ses investissements en Allemagne, la seule usine européenne de Tesla se situant à Grünheide, près de Berlin.
L'homme le plus riche du monde réaffirmait une position déjà exprimée le 20 décembre dernier dans un tweet qui avait créé le malaise dans le pays.
>> Relire : Le soutien d'Elon Musk à l'extrême droite allemande crée le malaise
L'AfD est créditée en moyenne de 19% des intentions de vote dans les sondages, deuxième derrière l'opposition conservatrice, en tête avec 32%. L'embarras en Allemagne est à la mesure de l'influence grandissante que semble prendre le multimilliardaire sur la future présidence Trump, dans lequel il doit prendre la tête du "Département de l'efficacité gouvernementale".
Un parallèle avec Vladimir Poutine
Le 8 novembre, il avait déjà traité le chancelier social-démocrate Olaf Scholz de "fou", dans la foulée de l'éclatement de la coalition gouvernementale. Le 20 décembre, après l'attaque à la voiture-bélier contre le marché de Noël de Magdebourg, il a qualifié le dirigeant d'"imbécile incompétent" et l'a appelé à démissionner. "La liberté d'expression comprend également les plus grandes absurdités", a jugé à ce propos Christiane Hoffmann.
Le président du Parti social-démocrate (SPD), Lars Klingbeil, a lui comparé le comportement d'Elon Musk à celui du président russe Vladimir Poutine. "Tous les deux veulent que l'Allemagne soit affaiblie et plongée dans le chaos", a-t-il affirmé.
Bien placé pour devenir le prochain chancelier, le conservateur Friedrich Merz a également fustigé la tribune pro-AfD d'Elon Musk, jugée "intrusive et prétentieuse".
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