Opposée à une tribune pro-AfD d'Elon Musk, une rédactrice en chef du journal Die Welt démissionne
"Aujourd'hui, un texte d'Elon Musk est paru dans le Welt am Sonntag. Hier, j'ai présenté ma démission après impression", a indiqué Eva Marie Kogel, responsable des contenus éditoriaux, sur son compte X.
Dans son texte, le milliardaire d'origine sud-africaine réaffirme dans cette tribune que "l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) est la dernière lueur d'espoir pour ce pays", qui se trouve selon lui "au bord de l'effondrement économique et culturel".
Alice Weidel en exemple
Ce proche de Donald Trump loue la "politique d'immigration contrôlée" du parti d'extrême droite, ses objectifs économiques de "réduire les impôts" ou encore de "déréglementer le marché".
La classification de l'AfD à l'extrême droite "est clairement fausse", estime-t-il, arguant que sa cheffe de file Alice Weidel "a une partenaire de même sexe originaire du Sri Lanka".
Dans la tribune, l'homme le plus riche du monde est contredit par le nouveau rédacteur en chef de Die Welt, Jan Philipp Burgard, pour qui "même un génie peut se tromper". L'AfD "est un danger pour nos valeurs et notre économie", affirme le journaliste, rappelant qu'un autre dirigeant du parti, Björn Höcke, "a été condamné à plusieurs reprises pour avoir utilisé un slogan nazi interdit".
Die Welt appartient au groupe de presse Axel Springer, le plus influent d'Allemagne, qui comprend aussi le tabloïd Bild, le plus lu du pays.
"Porte-voix des autocrates et de leurs amis"
Cette tribune croisée suit un tweet polémique publié le 20 décembre par Elon Musk, dans lequel il décrétait déjà que "seule l'AfD" pouvait "sauver l'Allemagne".
>> Lire à ce sujet : Le soutien d'Elon Musk à l'extrême droite allemande crée le malaise
Outre la démission d'Eva Marie Kogel, la tribune pro-AfD d'Elon Musk a de nouveau suscité des réactions indignées. L'Association des journalistes allemands (DJV) a notamment protesté contre la "publicité électorale" permise par la rédaction de Die Welt. "Les médias allemands ne doivent pas se permettre de se laisser manipuler comme porte-voix des autocrates et de leurs amis", fustige son dirigeant.
"Nous ne devons pas permettre aux Elon Musk de ce monde, à l'État chinois ou aux usines à trolls russes de saper nos démocraties en Europe", a fustigé Andreas Audretsch, directeur de campagne des Verts.
afp/jop