Emmanuel Macron à Mayotte, cinq jours après le passage du cyclone Chido
"Mahorais, on va se relever ensemble", a écrit Emmanuel Macron sur X à son arrivée dans l'archipel français de l'océan Indien, jeudi matin.
L'avion du chef de l'Etat s'est posé peu après 10h (8h en Suisse) avec à bord, outre une délégation restreinte, une vingtaine de médecins, infirmiers, logisticiens et personnels de la sécurité civile, ainsi que quatre tonnes de fret alimentaire et sanitaire.
Face à l'ampleur des dégâts, le président français a annoncé qu'il resterait jusqu'à vendredi dans l'archipel afin de visiter des zones plus reculées.
"Charniers à ciel ouvert"
A son arrivée, Emmanuel Macron s'est rendu à l'hôpital de Mamoudzou, chef-lieu du département. La discussion a porté sur le recensement très compliqué du nombre de morts, alors que de nombreuses localités, aux habitations précaires, restent injoignables.
Selon des chiffres provisoires, 31 morts et quelque 1400 blessés ont été officiellement recensés, mais les autorités craignent un bilan beaucoup plus lourd, alors que 70% des habitants ont été gravement touchés.
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"On est face à des charniers à ciel ouvert. Il n'y a pas de sauveteurs. Personne n'est venu récupérer les corps ensevelis", dénonce la députée Estelle Youssouffa.
Une mission de recherche se met en place pour réaliser ce décompte, rendu d'autant plus délicat que les Comores, d'où est originaire une partie des habitants de Mayotte, sont une terre de forte tradition musulmane où les défunts sont enterrés au plus vite.
>> Voir le sujet du 19h30 sur l'aide aux sinistrés :
Manque d'eau et de nourriture
Dans le centre hospitalier, où des services ont été inondés et du matériel détruit, beaucoup pointent aussi le manque d'eau et de nourriture, comme dans le reste de l'archipel.
Dans deux jours il n'y aura plus à manger pour les patients, je suis écoeurée
"Monsieur le président, on est tous insécurisés. Les gens se battent pour avoir un peu d'eau. Les avions militaires ne sont pas arrivés ici", relève une femme.
Pendant que le président échange avec le personnel, une soignante glisse, en aparté : "dans deux jours il n'y aura plus à manger pour les patients, je suis écoeurée".
Un homme attire l'attention sur les pillages. "Les gens rentrent par les toits qui sont partis", dit-il. "Monsieur le président on a peur que ce soit Haïti!" s'alarme une autre personne face aux risques de débordements. Un couvre-feu a été décrété depuis mardi.
Pas de "démission" de l'Etat
Face aux critiques, Emanuel Macron a rejeté jeudi les accusations de "démission" de l'Etat français à Mayotte. Il a annoncé que les non-assurés bénéficieraient d'une indemnisation et a promis de "rebâtir" Mayotte.
On a été capables de rebâtir notre cathédrale en cinq ans. Ce serait quand même un drame qu'on n'arrive pas à rebâtir Mayotte
"On n'a pas besoin de promesses, on a besoin d'actes !" a martelé un responsable associatif lors d'un échange tendu en haussant la voix.
"Vous êtes énervé, je comprends", mais "aidez-nous" plutôt que d'"engueuler tout le monde", a rétorqué Emmanuel Macron.
"On a été capables de rebâtir notre cathédrale en cinq ans. Ce serait quand même un drame qu'on n'arrive pas à rebâtir Mayotte", a ajouté le chef d'Etat en référence à Notre-Dame de Paris, rouverte début décembre.
Enfin, il a assuré que des "maraudes" seront lancées dès jeudi après-midi, dans le cadre de la mission de recherche des morts diligentée par le préfet.
afp/doe
Prix bloqués à Mayotte
Face à la pénurie généralisée qui sévit, le gouvernement a publié un décret pour bloquer les prix des produits de grande consommation dans l'archipel à leurs niveaux du 13 décembre, juste avant le cyclone.
Sont concernés les produits comme l'eau minérale, les produits alimentaires et boissons, les piles, mais aussi les produits d'hygiène de base, ou dédiés à la construction ainsi que les aliments pour les animaux.
Le ministère des Outre-mer a annoncé mercredi soir l'activation de "l'état de calamité naturelle exceptionnelle", censé "permettre une gestion plus rapide et efficace de la crise" et "faciliter la mise en place de mesures d'urgence".
>> Lire à ce sujet : L'état de "calamité naturelle exceptionnelle" activé à Mayotte
Au moins 73 morts au Mozambique
Le bilan du cyclone Chido s'est alourdi au Mozambique. Il a provoqué la mort d'au moins 73 personnes, selon un bilan actualisé diffusé jeudi par l'Institut national de gestion des risques et désastres de ce pays d'Afrique australe.
Le décompte au Mozambique des victimes du cyclone, qui a frappé dimanche le continent africain après avoir dévasté la région française de Mayotte dans l'océan Indien, a grimpé d'une trentaine de morts en une journée.