La tâche s'annonce ardue, dans une France politique divisée en trois blocs dont aucun ne dispose d'une majorité absolue à l'Assemblée.
La gauche, arrivée première aux législatives de juillet, revendique de former un gouvernement, et tente d'imposer sa candidate, la haute fonctionnaire Lucie Castets. Mais la coalition du NFP (Nouveau front populaire) fait l'unanimité contre elle, du centre à la droite jusqu'à l'extrême droite, qui lui reprochent un programme "dangereux".
Les autres partis reçus vendredi
Une position réitérée lundi par les représentants du Rassemblement national (RN), troisième bloc à l'Assemblée nationale. Reçus par Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont indiqué à l'issue de l'entretien qu'ils censureraient tout gouvernement de gauche.
Vendredi, Emmanuel Macron avait reçu les représentants de la gauche, de la droite et de son propre camp.
Toutes ces consultations sont censées déboucher sur la nomination d'un nouveau Premier ministre pour succéder à Gabriel Attal, qui gère les affaires courantes à Matignon depuis déjà 41 jours, du jamais-vu depuis l'après-guerre.
Ouverture des Jeux paralympiques
Mais le chef de l'Etat, qui avait mis la France sous tension en décidant de dissoudre l'Assemblée et d'organiser des législatives anticipées dans le sillage de sa défaite aux européennes du 9 juin - remportées par le Rassemblement national -, semble tenté de jouer les prolongations.
En tout état de cause, la nomination d'un Premier ministre ne semble pas imminente, alors que s'ouvrent mercredi les Jeux paralympiques. Le président Macron participera à la cérémonie d'ouverture, avant de s'envoler pour une visite en Serbie jeudi et vendredi.
Situation de "crise démocratique"
La coalition de gauche Nouveau Front populaire fulmine contre la lenteur et les "manoeuvres" du chef de l'Etat.
Le communiste Fabien Roussel a dénoncé sur BFMTV une situation de "crise démocratique", et le représentant de LFI (gauche radicale) Manuel Bompard a fustigé les "manoeuvres du président de la République pour empêcher (la gauche) de gouverner le pays".
Mais le NFP, qui prétend gouverner sans majorité absolue à l'Assemblée, est rejeté par toutes les autres formations, rendant l'hypothèse d'un gouvernement de gauche improbable.
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Une incertitude totale
Invitée de l'émission Forum lundi, Alexandra Schwartzbrod, directrice adjointe du quotidien Libération, a décrit une situation encore très floue, où il est impossible d'anticiper réellement ce qui va se passer.
"Je crois que même à l'Élysée, ils n'en savent rien. On est beaucoup à avoir passé des coups de fil tous azimuts, même auprès des plus proches conseillers d'Emmanuel Macron qui ne savent, à l'instant où je vous parle, pas ce qui va se passer dans les heures qui viennent. Ce qui est probable, c'est que peut être il pourrait y avoir un communiqué de l'Elysée ce soir (lundi soir, NDLR), mais peut-être pas pour annoncer le nom d'un ou d'une Première ministre, mais juste pour dire que les consultations se poursuivent", analyse-t-elle.
Pour la journaliste, Emmanuel Macron se trouve pris au piège de sa propre stratégie, car jamais il n'aurait pu imaginer que la gauche se mette d'accord sur un nom.
"Il est dans une impasse. Il est coincé. Il ne veut manifestement pas de Lucie Castets. Il s'est retrouvé piégé par les déclarations de Jean-Luc Mélenchon qui disait que si le problème c'était d'avoir des élus LFI dans le gouvernement, et bien il était prêt à ce qu'il n'y en ait pas. Sauf que maintenant, dans l'entourage de Macron, on dit que le problème n'est plus les élus LFI, mais la nature du programme. Il est donc pris dans un piège que lui même a tendu. C'est-à-dire qu'il n'a jamais imaginé que la gauche pouvait se réunir, pouvait proposer un nom sur lequel ils seraient tous d'accord", conclut-elle.
afp/hkr