Emmanuel Macron, en déplacement à Washington pour un sommet de l'Otan, a demandé mercredi aux "forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines" de "bâtir une majorité solide".
Les Français ont choisi par les urnes le front républicain, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes
Dans une lettre aux Français publiée dans la presse régionale, il appelle à un rassemblement autour de "quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines claires et partagées, d'un projet pragmatique et lisible".
"Les Français ont choisi par les urnes le front républicain, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes", ajoute-t-il.
Le RN et une partie de LFI exclus
Emmanuel Macron ne précise pas quelles forces seront amenées à construire cette majorité, mais les conditions qu'il met excluent la participation du Rassemblement national et une partie au moins de La France insoumise.
D'ici là, le gouvernement actuel continuera d'exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine
"Personne ne l'a emporté" dimanche, selon lui, mais il faut "inventer une nouvelle culture politique" face à la coexistence inédite de trois blocs dans l'hémicycle: le Nouveau Front populaire, le bloc macroniste et le Rassemblement national.
Le chef de l'Etat précise qu'il "décidera de la nomination du Premier ministre" lorsque les partis auront "bâti" des "compromis", ce qui suppose de leur laisser "un peu de temps".
"D'ici là, le gouvernement actuel continuera d'exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine", précise-t-il, sans dire dans quel délai il acceptera la démission du gouvernement, maintenu pour le moment dans ses prérogatives antérieures. S'il devient démissionnaire, le gouvernement sera réduit à gérer les affaires courantes.
fgn avec les agences
Réactions irritées
La prise de position du président a fait bondir les oppositions. Emmanuel Macron "refuse de reconnaître le résultat des urnes" et doit "s'incliner" face au Nouveau Front populaire, a dénoncé mercredi Jean-Luc Mélenchon, alors que le chef de l'Etat estime que "personne" n'a gagné les législatives et appelle les forces politiques républicaines à "bâtir une majorité solide".
"Le président refuse de reconnaître le résultat des urnes qui a placé le Nouveau Front Populaire en tête des votes et des sièges à l'Assemblée", a accusé sur X le leader insoumis. "C'est le retour du droit de veto royal sur le suffrage universel [...] C'est le retour des intrigues de la IVe République", a-t-il ajouté, demandant au chef de l'Etat de "s'incliner" face à l'alliance de gauche.
La patronne des Ecologistes Marine Tondelier a elle-aussi estimé que "la logique institutionnelle dicte d'appeler les chefs de parti du NFP" afin qu'ils lui proposent le "nom d'un Premier ministre", ce qu'ils ne parviennent pas à faire pour l'instant.
"Un cirque indigne"
Marine Le Pen, quant à elle, a dénoncé mercredi le "cirque indigne" d'Emmanuel Macron. "Si je comprends bien, dans sa lettre, Emmanuel Macron propose de faire barrage à LFI qu'il a contribué à faire élire il y a trois jours et grâce à qui les députés Renaissance ont été élus, il y a également trois jours... Ce cirque devient indigne", a publié sur X la patronne des députés RN à l'Assemblée nationale.
Jordan Bardella a lui jugé "irresponsable" que le message du chef de l'Etat soit désormais: "débrouillez-vous'".