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Emmanuel Macron sort du silence: "Personne ne l'a emporté" aux législatives en France

Emmanuel Macron s'est adressé mercredi aux Français dans une lettre parue dans la presse régionale. [Keystone]
Emmanuel Macron a demandé mercredi aux "forces politiques républicaines" de "bâtir une majorité solide" / La Matinale / 1 min. / jeudi à 06:24
Le président français Emmanuel Macron, sortant de son silence pour la première fois depuis les législatives de dimanche où la gauche est arrivée en tête mais sans majorité absolue devant son camp et l'extrême droite, a estimé mercredi dans une lettre publiée dans la presse régionale que "personne ne l'a emporté".

Emmanuel Macron, en déplacement à Washington pour un sommet de l'Otan, a demandé mercredi aux "forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines" de "bâtir une majorité solide".

Les Français ont choisi par les urnes le front républicain, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes

Emmanuel Macron, président français

Dans une lettre aux Français publiée dans la presse régionale, il appelle à un rassemblement autour de "quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines claires et partagées, d'un projet pragmatique et lisible".

"Les Français ont choisi par les urnes le front républicain, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes", ajoute-t-il.

Le RN et une partie de LFI exclus

Emmanuel Macron ne précise pas quelles forces seront amenées à construire cette majorité, mais les conditions qu'il met excluent la participation du Rassemblement national et une partie au moins de La France insoumise.

D'ici là, le gouvernement actuel continuera d'exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine

Emmanuel Macron, président français

"Personne ne l'a emporté" dimanche, selon lui, mais il faut "inventer une nouvelle culture politique" face à la coexistence inédite de trois blocs dans l'hémicycle: le Nouveau Front populaire, le bloc macroniste et le Rassemblement national.

Le chef de l'Etat précise qu'il "décidera de la nomination du Premier ministre" lorsque les partis auront "bâti" des "compromis", ce qui suppose de leur laisser "un peu de temps".

"D'ici là, le gouvernement actuel continuera d'exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine", précise-t-il, sans dire dans quel délai il acceptera la démission du gouvernement, maintenu pour le moment dans ses prérogatives antérieures. S'il devient démissionnaire, le gouvernement sera réduit à gérer les affaires courantes.

fgn avec les agences

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Réactions irritées

La prise de position du président a fait bondir les oppositions. Emmanuel Macron "refuse de reconnaître le résultat des urnes" et doit "s'incliner" face au Nouveau Front populaire, a dénoncé mercredi Jean-Luc Mélenchon, alors que le chef de l'Etat estime que "personne" n'a gagné les législatives et appelle les forces politiques républicaines à "bâtir une majorité solide".

"Le président refuse de reconnaître le résultat des urnes qui a placé le Nouveau Front Populaire en tête des votes et des sièges à l'Assemblée", a accusé sur X le leader insoumis. "C'est le retour du droit de veto royal sur le suffrage universel [...] C'est le retour des intrigues de la IVe République", a-t-il ajouté, demandant au chef de l'Etat de "s'incliner" face à l'alliance de gauche.

La patronne des Ecologistes Marine Tondelier a elle-aussi estimé que "la logique institutionnelle dicte d'appeler les chefs de parti du NFP" afin qu'ils lui proposent le "nom d'un Premier ministre", ce qu'ils ne parviennent pas à faire pour l'instant.

>> Ecouter aussi le député écologiste de Paris Pouria Amirshahi dénoncer la stratégie d'Emmanuel Macron dans Forum jeudi soir :

Le député français nouvellement élu pour le parti écologiste Pouria Amirshahi pose à son arrivée pour une journée d'accueil à l'Assemblée nationale à Paris, le 1er juillet 2024. [AFP - Bertrand Guay]AFP - Bertrand Guay
Après les élections législatives, la lettre d'Emmanuel Macron irrite la gauche: interview de Pouria Amirshahi / Forum / 7 min. / jeudi à 18:06

"Un cirque indigne"

Marine Le Pen, quant à elle, a dénoncé mercredi le "cirque indigne" d'Emmanuel Macron. "Si je comprends bien, dans sa lettre, Emmanuel Macron propose de faire barrage à LFI qu'il a contribué à faire élire il y a trois jours et grâce à qui les députés Renaissance ont été élus, il y a également trois jours... Ce cirque devient indigne", a publié sur X la patronne des députés RN à l'Assemblée nationale.

Jordan Bardella a lui jugé "irresponsable" que le message du chef de l'Etat soit désormais: "débrouillez-vous'".