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Emmenée par sa cheffe, l'opposition au Venezuela manifeste pour revendiquer la victoire

Au Venezuela, une manifestation de l’opposition a eu lieu malgré les menaces pour réclamer le départ de Nicolas Maduro, accusé de fraude électorale
Au Venezuela, une manifestation de l’opposition a eu lieu malgré les menaces pour réclamer le départ de Nicolas Maduro, accusé de fraude électorale / 19h30 / 20 sec. / le 3 août 2024
La cheffe de l'opposition vénézuélienne est réapparue samedi pour prendre la tête d'une manifestation de milliers de partisans à Caracas et contester la réélection du président Nicolas Maduro, dont les soutiens se sont rassemblés aussi pour "célébrer la victoire".

"Nous n'avons jamais été aussi forts qu'aujourd'hui" et "jamais le régime n'a été aussi faible", a lancé Maria Corina Machado, qui avait dit jeudi être "cachée" et craindre pour sa vie.

Déclarée inéligible par le pouvoir, elle revendique la victoire de son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia, qui l'avait remplacée au pied levé pour le scrutin du 28 juillet et que les Etats-Unis et plusieurs pays d'Amérique latine reconnaissent comme président élu.

Maria Corina Machado a pris la parole à Caracas. [KEYSTONE - CRISTIAN HERNANDEZ]
Maria Corina Machado a pris la parole à Caracas. [KEYSTONE - CRISTIAN HERNANDEZ]

"Nous n'allons pas quitter la rue", a juré l'opposante devant ses supporters, entourés d'un déploiement policier discret.

>> Lire : Au Venezuela, la cheffe de l'opposition appelle à manifester contre la réélection de Nicolás Maduro

Acclamée aux cris de "Liberté! liberté!", Maria Corina Machado, qui n'était pas apparue en public depuis mardi, est arrivée au rassemblement dans un quartier huppé de Caracas sur un camion et a longuement brandi un drapeau du Venezuela devant ses partisans. Edmundo Gonzalez Urrutia n'était pas présent. 

Une marche de soutien à Nicolás Maduro

Les partisans du pouvoir ont, eux, prévu de partir du centre-ville de la capitale vénézuélienne pour marcher jusqu'au palais présidentiel dans l'après-midi. Ce rassemblement doit être "la mère" de "toutes les marches pour célébrer la victoire", selon Nicolás Maduro.

L'autorité électorale a confirmé vendredi la réélection du chef d'Etat pour un troisième mandat jusqu'en 2031, avec 52% des voix face à Edmundo Gonzalez Urrutia (43%), sans pour autant donner les résultats détaillés.

"Nous avons gagné!", a répliqué sur X Maria Corina Machado. "Nous avons les preuves et le monde les reconnaît déjà", a affirmé l'opposante, qui considère comme une "farce" les résultats officiels. Selon le décompte de l'opposition, son candidat a recueilli 67% des voix.

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Un "coup d'Etat" dénoncé

Au moins 11 civils et un militaire ont été tués et plus de 1200 personnes arrêtées lors des manifestations spontanées qui ont éclaté un peu partout dans le pays dans les deux jours qui ont suivi le scrutin.

>> Lire à ce sujet : Douze morts et 44 blessés dans les manifestations contre la réélection de Nicolas Maduro au Venezuela

L'opposition, qui a fustigé une "répression brutale", parle de 20 morts et 11 disparitions forcées. Vendredi, elle a dénoncé le saccage de son siège à Caracas dans la nuit par un groupe d'hommes armés et cagoulés, de même que la "détention arbitraire" de l'un de ses responsables, le journaliste Roland Carreño, arrêté dans la capitale.

De son côté, Nicolás Maduro s'en est pris de nouveau avec véhémence à ses adversaires, cet "assassin de Gonzalez" et la "maudite Maria" Machado, qu'il avait déjà menacés de faire emprisonner. Au cours d'une conférence de presse à la présidence, il a accusé ses rivaux de préparer des attentats contre la police lors des marches de samedi.

Revenant sur les manifestations ayant suivi le scrutin, il a de nouveau condamné un "plan prémédité" par des "fascistes", des "criminels et des drogués", qui s'en sont pris aux "symboles du chavisme bolivarien". Nicolás Maduro n'a eu de cesse de brocarder le "coup d'Etat" mené selon lui "par les Etats-Unis et l'extrême droite internationale" depuis sa réélection.

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afp/iar

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Soutiens et contestations à l'étranger

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui a exprimé son "inquiétude" quant à la sécurité de Maria Corina Machado et Edmundo Gonzalez Urrutia lors d'une discussion vendredi avec eux, a reconnu dès jeudi la victoire de l'opposition, arguant de "preuves incontestables".

Dans la foulée de cette déclaration, cinq pays d'Amérique latine ont reconnu vendredi l'élection de l'opposant, parlant eux aussi de "preuves incontestables" de sa victoire. Le Pérou a été le premier pays, mardi, ce qui a poussé Caracas a rompre ses relations diplomatiques avec Lima. En face, le Nicaragua, l'un des fidèles alliés du pouvoir chaviste avec la Russie et l'Iran notamment, a, lui, reconnu la victoire de Nicolás Maduro.

Le président vénézuélien a "remercié" les présidents du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, de la Colombie, Gustavo Petro, et du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, qui "travaillent ensemble pour que le Venezuela soit respecté et que les Etats-Unis ne fassent pas ce qu'ils font", selon les termes de Nicolás Maduro.

Ces trois pays, qui entretiennent de bonnes relations avec le Venezuela chaviste, ont demandé "une vérification impartiale des résultats" de l'élection.