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En Amazonie, les peuples indigènes se battent pour défendre et protéger la forêt

Les communautés indigènes d'Amazonie veulent préserver le Shihuahuaco, un arbre tropical gigantesque au bois dur, convoité par l'exploitation forestière latino-américaine (image d'illustration). [Keystone/EPA - Paolo Aguilar]
Une voix d’Amazonie entre alerte et espoir. Témoignage de Benki Piyako / Tout un monde / 7 min. / vendredi à 08:13
Ces peuples réclament un soutien financier direct, un des points discutés à la COP29. Benki Piyako, chef politique et spirituel des Ashaninka au Brésil, est actuellement en tournée en Europe pour faire passer son message: le monde entier est concerné par les bouleversements climatiques.

"Ça n'impacte pas uniquement les peuples indigènes. On voit bien qu'aujourd'hui, les rivières s'assèchent, les eaux se dégradent, les poissons et les animaux meurent", souligne Benki Piyako vendredi dans Tout un monde. Ce chef politique et spirituel se perçoit comme un gardien de la forêt et des savoirs ancestraux, un éveilleur de conscience, pour lutter contre les bouleversements climatiques.

"On aime les eaux, on aime la forêt et on les aime comme un peuple, comme des gens", explique Benki Piyako. "C'est cet amour qui permet la survie, cet amour pour la forêt et pour tout ce qui nous entoure."

Pour nous, tout être est sacré

Benki Piyako, chef politique et spirituel des Ashaninka au Brésil
Benki Piyako, ici au siège de l'Unesco à Paris en 2023 [AFP - Dimitar Dilkoff]
Benki Piyako, ici au siège de l'Unesco à Paris en 2023 [AFP - Dimitar Dilkoff]

Récemment, à la COP16, les peuples indigènes ont parlé d'une seule voix. Ils ont obtenu une victoire. Ils participeront officiellement aux futures discussions de l'ONU sur la biodiversité.

>> Ecouter également : Les peuples autochtones obtiennent un statut renforcé dans les COP biodiversité

Principal problème: la sécheresse

Benki Piyako le rappelle: le peuple Ashaninka est pionnier de la protection de la forêt. Pour ce peuple, transmettre sa vision aux Etats et aux gouvernements est essentiel. Le président américain Joe Biden, en visite historique en Amazonie le 17 novembre, a promis de doubler l'apport des Etats-Unis pour le Fonds Amazonie pour le porter à 100 millions de dollars.

>> Lire sur ce sujet : Joe Biden en Amazonie, une visite symbolique pour le climat avant le retour de Donald Trump

Malgré les problèmes liés à la sécheresse, Benki Piyako reste optimiste et estime qu'il n'est jamais trop tard (ici la forêt amazonienne). [Biosphoto via AFP - Vincent Premel]
Malgré les problèmes liés à la sécheresse, Benki Piyako reste optimiste et estime qu'il n'est jamais trop tard (ici la forêt amazonienne). [Biosphoto via AFP - Vincent Premel]

Mais pour Benki Piyako, ce sera insuffisant pour lutter contre le danger qu'il redoute le plus, la sécheresse. "Il y a plus d'incendies et la reforestation devient plus difficile", décrit Benki Piyako. Il craint pour la production de nourriture et l'approvisionnement en eau. "L'humanité doit assumer le problème", insiste-t-il.

Benki Piyako constate un dérèglement des saisons, car actuellement, au Brésil, le sol reste sec en pleine saison des pluies. Conséquence: "les incendies aujourd'hui se propagent beaucoup plus qu'ils ne devraient parce que la forêt est desséchée", souligne-t-il. Ce qui engendre "une élévation des températures qui est très grave et tout brûle".

Rester optimiste

Benki Piyako reste toutefois optimiste. "Rien n'est trop tard. Tout a toujours l'opportunité de renaître", image le chef politique et spirituel. Il propose de faire davantage attention à nos actions, d'arrêter de polluer et de jeter les poubelles dans la nature. En se responsabilisant, Benki Piyako est certains que nous pourrions avoir "un autre monde". Concrètement, avec son institut Yorenka Tasorentsi, Benki Piyako plante des arbres en Amazonie, mais également en Europe.

Benki Piyako souhaite une alliance de la science, de la sagesse ancestrale et de la spiritualité afin d'obtenir davantage de conscience pour l'humanité. Son combat est risqué. De nombreux écologistes ont été assassinés. Mais Benki Piyako n'a pas peur d'être le porte-parole d'une forêt qui n'a pas de voix.

Sujet radio: Manuela Salvi

Adaptation web: Julie Liardet

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Impact de la politique au Brésil

L'arrivée du président Lula au pouvoir au Brésil a-t-elle ralenti la dégradation de la forêt? Oui et Non. Oui parce que Lula intègre les peuples indigènes dans ses politiques publiques. La déforestation ralentit (moins 50 % en 2023). Les images satellites prouvent d'ailleurs que les territoires indigènes sont les mieux protégés là où il y a plus de biodiversité. En revanche, le président Lula laisse passer des lois au Congrès qui aggravent la situation.