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En Autriche, victoire historique de l'extrême droite aux législatives

Herbert Kickl, chef du parti d'extrême-droite Freiheitliche Partei Österreichs (FPÖ). [Keystone - EPA/FILIP SINGER]
En Autriche, le parti d’extrême droite FPÖ en tête des premiers résultats des élections législatives / Forum / 2 min. / hier à 18:08
Cinq ans après avoir connu la débâcle, l'extrême droite autrichienne a signé un succès historique aux législatives dimanche. Mais sans garantie de pouvoir gouverner.

Le Parti de la Liberté (FPÖ) d'Herbert Kickl obtient 29,1% des suffrages, soit un bond de 13 points par rapport au scrutin de 2019, selon des projections basées sur le décompte de plus la moitié des bulletins.

En face, le chancelier Karl Nehammer, chef de file des conservateurs (ÖVP), a noté la "déception" de ses troupes face à la défaite (26,3%). "Nous ne sommes pas parvenus à rattraper" l'extrême droite, a-t-il regretté devant un parterre à l'humeur sombre.

>> Lire : L'Autriche se rend aux urnes dans une lutte serrée entre l'extrême droite et les conservateurs

Former une coalition, mission impossible?

Dans un contexte de montée des partis radicaux en Europe, le FPÖ fondé par d'anciens nazis fait encore mieux que ce qu'avaient prédit les sondages, infligeant un revers au gouvernement écolo-conservateur. Mais Herbert Kickl, si extrême qu'aucun parti ne veut bâtir une coalition avec lui, est loin d'être assuré d'accéder à la chancellerie ou même au gouvernement.

Une attitude qu'il a regrettée dimanche soir, en réagissant aux résultats. Face au message "très clair" adressé dans les urnes, "nous tendons la main à tous les partis", a-t-il affirmé sur la chaîne publique ORF, regrettant que ses électeurs soient traités comme "des citoyens de second rang".

Laminé en 2019 par un retentissant scandale de corruption dit "Ibizagate", le parti a spectaculairement remonté la pente sous l'impulsion d'un Herbert Kickl peu prédestiné pourtant à être dans la lumière et qui a prospéré sur les peurs sociales et économiques traversant le continent.

>> Le portrait de Herbert Kickl dans le 12h30 :

Le chef du parti d'extrême droite autrichien FPÖ, Herbert Kickl. [KEYSTONE - ANDREEA ALEXANDRU]KEYSTONE - ANDREEA ALEXANDRU
Portrait de Herbert Kickl, le chef du parti d’extrême droite autrichien FPÖ annoncé gagnant des élections législatives / Le 12h30 / 1 min. / hier à 12:35

"Remigration" et coronascepticisme

Proche de certains groupuscules décriés, celui qui veut, au pays natal d'Adolf Hitler, se faire appeler comme lui "Volkskanzler" (chancelier du peuple), a repris à son compte le terme de "remigration", avec comme projet de déchoir de leur nationalité et d'expulser des Autrichiens d'origine étrangère.

Cet ex-ministre de l'Intérieur, âgé de 55 ans, a aussi su attirer les antivax avec ses propos conspirationnistes contre les mesures anti-Covid, les plus démunis touchés par l'inflation et tous ceux sensibles à la neutralité autrichienne en condamnant les sanctions contre la Russie.

En face, le chancelier Nehammer, chef de file des conservateurs, a joué la carte d'un parti "au centre" de l'échiquier politique, en dépit de positions très tranchées sur l'immigration. 

>> L'analyse de l'historien et politologue Patrick Moreau dans Forum :

L’extrême droite est aux portes du pouvoir en Autriche. [Keystone - EPA/Filip Singer]Keystone - EPA/Filip Singer
L’extrême droite est aux portes du pouvoir en Autriche: interview de Patrick Moreau / Forum / 6 min. / samedi à 18:05

Malgré une chute de plus de dix points par rapport à 2019, l'ÖVP, au pouvoir depuis 1987, "a de bonnes chances de conserver la chancellerie", estiment des analystes. Mais avec quels partenaires? Les scénarios sont à écrire. Si Karl Nehammer répète qu'il ne veut pas s'allier avec Herbert Kickl, il ne rejette pas une éventuelle coalition avec les "bleus" du FPÖ, comme en 2000 et 2017.

Mais selon les experts, les conservateurs n'accepteront pas d'être le partenaire minoritaire et pourraient préférer s'associer avec les "rouges" sociaux-démocrates (21%) et les libéraux de Neos (9%) - un format à trois serait une première en Autriche. Avec les Verts, en net recul (8,3%), les sujets de discorde sont nombreux et le divorce semble consommé.

agences/kkub

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