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En Birmanie, des civils armés tiennent la junte au pouvoir en échec

Reportage en Birmanie, auprès des Forces de Défense du Peuple, des civils qui tiennent la junte militaire en échec depuis 3 ans
Reportage en Birmanie, auprès des Forces de Défense du Peuple, des civils qui tiennent la junte militaire en échec depuis 3 ans / 19h30 / 3 min. / le 9 avril 2024
Depuis trois ans, des groupes armés combattent les soldats de la junte birmane, au pouvoir depuis le coup d’Etat de 2021. Parmi eux se trouvent les Forces de défense du peuple, une armée de civils qui tient la junte en échec.

Le 1er février 2021, l'armée birmane renversait le gouvernement d'Aung San Suu Kyi, mettant fin à une décennie de transition démocratique. Depuis, la Birmanie est plongée dans la guerre civile et fermée aux journalistes étrangers. Entrés clandestinement dans le pays après un périlleux voyage, deux correspondants de la RTS ont toutefois pu avoir accès au cœur de la résistance birmane.

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Avancée de l'opposition

Les Forces de défense du peuple ont pris les armes après le coup d'Etat pour lutter contre la junte au pouvoir. "Je suis vraiment fier de faire partie des Forces de défense du peuple, car je me bats du bon côté", témoigne une nouvelle recrue, qui souhaite rester anonyme, dans le 19h30 de la RTS. "Nous sommes jeunes, nous voulons un meilleur futur et une chance nous est donnée d’y parvenir, alors on doit la saisir".

Des jeunes Birmans qui viennent de rejoindre les rangs des Forces de défense du peuple. 19h30 du 09.04.2023 [RTS]
Des jeunes Birmans qui viennent de rejoindre les rangs des Forces de défense du peuple. [RTS]

Après trois ans de guerre, les Forces de défense du peuple, alliées à des groupes armés ethniques, gagnent du terrain. Moins nombreux et moins armés que la junte, les opposants politiques ont appris à utiliser des drones pour lancer des bombes sur des cibles militaires, avec des effets parfois dévastateurs.

"La réalité n’est plus la même. Avant, la junte était à l’offensive. Aujourd’hui, nous sommes à l’offensive et nous tenons pratiquement la ville. Et elle va tomber, c’est certain", estime un des combattants des Forces de défense du peuple, basé dans le sud du pays.

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Prisonniers de guerre

Dans leur avancée, les rebelles prennent désormais des routes, des villages et, depuis peu, des bases militaires. Depuis le début de son offensive, il y a quatre mois, la résistance a même capturé plus de 1700 soldats ennemis.

"Nous avons des soldats de la junte qui ont baissé les armes et se sont rendus avant même le début des combats. Et il y en a qui ont abandonné parce qu’ils n’étaient plus en mesure de se battre", explique le commandant Saw Nay La, responsable d'une de ces prisons, en plein coeur de la forêt birmane.

Dans ce pénitencier, personne n’est enchaîné. Les captifs, deux fois plus âgés que leurs geôliers, assurent être bien traités. "Nous n’avons pas la même détermination que la leur", témoigne l'un de ces prisonniers de guerre. "Dans nos rangs, nos soldats sont âgés, alors qu’en face, nous combattons des jeunes qui sont éduqués, en bonne forme, très alertes", poursuit ce caporal de l’armée birmane.

Dans cette prison birmane, aucun des prisonniers de guerre n'est enchaîné. 19h30 du 09.04.2024 [RTS]
Dans cette prison birmane, aucun des prisonniers de guerre n'est enchaîné. [RTS]

Victimes civiles et déplacés

En échec sur le terrain, la junte s’en remet à des attaques aériennes quasi quotidiennes. Plus de 50'000 personnes sont mortes depuis le début de la guerre, dont au moins 8000 civils. La semaine dernière, l'ONU a appelé à ne pas oublier le calvaire vécu par ces civils, qui vivent dans la faim et la peur.

Selon l'ONU, le pays compte 2,8 millions de déplacés, 90% d'entre eux depuis le coup d'Etat militaire. Mardi, le ministre thaïlandais des Affaires étrangères a déclaré que la Thaïlande était prête à accueillir 100'000 réfugiés, alors que la ville frontalière de Myawaddy vient de tomber aux mains des rebelles birmans.

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Sujet TV: Germain Baslé/Antoine Védeilhé

Adaptation web: Emilie Délétroz avec agences

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