La nationalité suisse échoue donc au pied du podium. Les détenteurs et détentrices d'un passeport français ou espagnol peuvent voyager dans davantage de pays sans avoir besoin de visa, alors que le passeport singapourien, premier du classement, permet 195 destinations.
Un passeport qui ouvre les portes d'un maximum de pays est avantageux pour les voyageurs mais encore plus pour ceux qui recherchent ce que l'on appelle "les passeports dorés".
Une pratique qui diminue en Europe
Dans le détail, les passeports dorés concernent des personnes fortunées qui cherchent à obtenir une nationalité en échange d'un investissement dans des entreprises ou dans l'immobilier du pays convoité.
Des arrangements qui sont souvent dénoncés car ils permettent parfois de faciliter le blanchiment de capitaux, une fraude fiscale ou encore le contournement de sanctions qui visent le pays d'origine.
En Europe, de moins en moins d'Etats proposent l'achat de ces passeports dorés. "Il y avait plusieurs pays qui prévoyaient la possibilité d'acquérir une nationalité par investissement ou par achat. C'était le cas de la Bulgarie, de Chypre et de Malte. Mais la Commission européenne s'est à juste titre fortement opposée à ce système et, à l'heure actuelle, seule l'île de Malte continue à proposer la 'vente' de nationalité", explique dans La Matinale Philippe Kennel, avocat fiscaliste à Genève et Lausanne.
Moins de visas dorés également
Lorsque les passeports ne peuvent pas être achetés, les personnes fortunées se tournent souvent vers les visas, qu'ils peuvent obtenir là aussi en échange d'investissement.
Mais ces derniers mois, les pays européens qui proposaient ces pratiques, comme l'Espagne, la Grèce ou le Portugal, ont décidé d'arrêter ces programmes, notamment pour des raisons immobilières.
Les visas dorés avaient dopé les investissements immobiliers de riches étrangers, avec pour conséquence de faire monter les prix. Un phénomène qui accentuait la crise du logement dans certaines grandes villes.
Pour l'ONG Transparency International, des progrès restent néanmoins à faire. "Nous pensons que la Commission européenne doit en faire plus en imposant des règles claires, déclare Roland Papp, spécialiste en flux financiers illicites. Et certains pays lancent actuellement de nouvelles initiatives, comme la Hongrie qui propose depuis cet été un programme de visas dorés."
À noter que les visas et les passeports dorés restent un business encore bien implanté hors de l’Europe, notamment dans certaines petites îles-États. En octobre 2023, la Dominique était pointée du doigt pour les dérives liées à la vente de passeports dorés dans une enquête publiée par Heidi.news et une douzaine de médias internationaux dont Le Monde et le Guardian.
Loïc Delacour/ther