Ces gros centres de données sont indispensables au fonctionnement de ces géants, comme Google, Amazon ou Meta, qui ont tous choisi d'installer leur siège européen à Dublin, en raison d'une taxation plus qu'attractive. Depuis 10 ans, les nouveaux chantiers s'enchaînent à un rythme effréné. Mais des voix commencent à s’élever dans le pays contre la prolifération de ces immenses centres faits de béton.
Disproportionné par rapport à la population
"Nous ne sommes pas anti-technologies, nous savons qu'il s'agit d'infrastructures nécessaires", précise Dylan Murphy, membre de l'association Not Here Not Anywhere ("Pas ici, nulle part") lundi dans La Matinale. "Mais il faut que ça soit régulé. Pour le moment, clairement, on leur a déroulé un tapis rouge!", fustige-t-il.
Actuellement, il y a 86 data centers en Irlande. De quoi offrir au pays le titre de premier hébergeur européen. "C'est disproportionné par rapport à la population", estime Barry McMullin, professeur à l’École de génie électronique de Dublin.
D'autant que leur fonctionnement dépend encore beaucoup des combustibles fossiles et qu'ils génèrent donc d'importantes émissions de dioxyde de carbone. "On ne peut pas continuer à avoir des œillères", dénonce le chercheur.
Inquiétudes sur l'approvisionnement électrique
Certains craignent même des pannes d’électricité en hiver, à l'instar de la députée Brid Smith, du parti People before profit ("Le peuple avant les profits"). "Dans la plupart des pays européens, les data centers ne peuvent pas consommer plus de 4 ou 5% du réseau électrique national. En Irlande, on est à 18%", explique-t-elle (lire aussi un article du Guardian sur la question).
Si le gouvernement irlandais réfute l'idée d’un moratoire, il mise tout de même sur une dispersion des data centers, pour soulager la pression sur le réseau. De futures constructions devraient donc plutôt voir le jour sur la côte ouest du pays.
Clémence Pénard/jop