En Israël, les manifestations contre le gouvernement se multiplient, avec notamment des mamans de soldats
A Tel Aviv s'est déroulée samedi soir une nouvelle manifestation pour réclamer la libération des otages retenus à Gaza et exiger la démission du gouvernement de Benjamin Netanyahu. Une marée humaine s'est rassemblée pour l'occasion.
"La majorité des Israéliens comprennent maintenant, et tous les sondages le montrent, que la seule chose qui intéresse notre Premier ministre est de maintenir son gouvernement. Il ne se soucie pas des otages, il ne se soucie pas de l'économie, il ne se soucie de rien d'autre que de lui-même", déclare Elana Barzilai, manifestante anti-gouvernement, dimanche dans le 12h45.
"On veut les otages et les soldats en vie", a pour sa part écrit Michal Brody Bareket sur la pancarte qu'elle brandissait vendredi à Jérusalem. Après les attaques du 7 octobre, cette professeure de mathématique à l'Open University d'Israël a fondé "Mother's cry". Ce groupe rassemble plusieurs centaines de mères de soldats opposées à la guerre. Certaines d'entre elles se joignent à la petite manifestation contre la guerre qui a lieu tous les vendredis à Jérusalem. "En tant que mère, c’est mon devoir", justifie Michal Brody Bareket dans le 12h30.
>> Le suivi en direct de la situation au Proche-Orient : Un hôpital de Gaza fait état d'un raid israélien ayant fait 20 morts à Nousseirat
Un fils qui risque sa vie
La fondatrice de Mother's cry est une pacifiste convaincue. Pour elle, impossible de rester les bras croisés alors que son fils combat à Gaza. Elle a décidé d’agir, mais se sentait bien seule au départ.
Le temps passe et de plus en plus de parents réalisent que leurs enfants risquent leurs vies pour rien
"J’étais choquée de voir que la plupart des mères pensent que leurs enfants doivent aller à Gaza et se battre là-bas… J’étais vraiment étonnée que peu de mères puissent dire comme moi que ce n’est pas la solution, qu’il s’agit surtout d’une vengeance…. Mais le temps passe et de plus en plus de parents réalisent que leurs enfants risquent leurs vies pour rien", témoigne-t-elle.
Sur son téléphone, Michal Brody Bareket fait défiler des photos de son fils, en remerciant le ciel qu’il soit toujours en vie. "Au départ, son équipe était composée d’environ vingt soldats, maintenant, ils sont sept, les autres ont été blessés pour la plupart, certains tués."
"Et tout ça pour quoi?", se demande la mère de famille. "Le Hamas n’a pas été battu, le Hamas conserve le pouvoir après sept mois et demi de guerre… Tant de gens sont morts à Gaza et tout est détruit là-bas", relève-t-elle.
Sujet radio et TV: Charlotte Derouin et Olivier Kohler
Adaptation web: Julie Marty
Des tensions grandissantes au sein du gouvernement israélien
Alors que les manifestations se succèdent, les dissensions sont de plus en plus apparentes au sommet de l'Etat israélien, notamment autour du scénario de l'après-guerre dans la bande de Gaza.
En entrant dans le 8e mois de guerre, l'armée israélienne a lancé le 7 mai des opérations au sol à Rafah, localité adossée à la frontière égyptienne à la lisière sud de la bande de Gaza, où se cachent, selon elle, les derniers bataillons du Hamas.
Mais la bataille à peine lancée, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a, le 15 mai, dénoncé l'absence de stratégie de Benjamin Netanyahu et l'a pressé de préparer l'après-Hamas. "La fin de la campagne militaire doit s'accompagner d'une action politique", a-t-il martelé s'opposant publiquement au Premier ministre, qui, peu avant, avait écarté "toute discussion sur l'avenir de la bande de Gaza" avant que "le Hamas soit anéanti".
Benny Gantz, membre influent du cabinet de guerre, menace même de démissionner. "Si vous privilégiez l'intérêt national à vos intérêts personnels et choisissez de suivre les traces de Theodor Herzl (le fondateur du mouvement sioniste, ndlr), Ben Gourion, Menahem Begin et Yitzhak Rabin (anciens Premiers ministres israéliens, ndlr), nous continuerons à être vos partenaires dans la lutte. Mais si vous choisissez de suivre la voie des fanatiques et de conduire la nation entière dans l'abysse, nous serons contraints de démissionner du gouvernement", a-t-il lancé à son Premier ministre lors d'une séance du cabinet.