Le Premier ministre roumain Marcel Ciolacu, éliminé de la présidentielle, a annoncé lundi qu'il ne "contesterait pas" les résultats, "même si la différence est faible". Il a aussi annoncé sa démission de la tête du parti social-démocrate.
Favori des sondages, il est arrivé dimanche troisième du premier tour avec 19,15% des voix, contre 19,17% pour la centriste Elena Lasconi, maire centre-droit d'une petite ville, le candidat prorusse Calin Georgescu se plaçant premier (22,94%), selon les résultats finaux. Donné favori à l'extrême droite avant le scrutin, George Simion du parti AUR (alliance pour l'unité des Roumains) arrive en 4e position.
Le second tour est prévu le 8 décembre, avec entretemps des législatives le 1er décembre.
L'extrême droite gagnante
Avant même les résultats finaux, le politologue Cristian Pirvulescu avait déclaré que "l'extrême droite est de loin la grande gagnante de cette élection". Selon les experts, elle a profité d'un climat social et géopolitique tendu dans cet Etat membre de l'UE et de l'Otan, situé aux portes de l'Ukraine.
C'est un bouleversement pour ce pays de 19 millions d'habitants qui a jusqu'ici résisté aux postures nationalistes, se démarquant de la Hongrie ou de la Slovaquie. Le président de la république roumaine occupe une fonction essentiellement protocolaire, mais exerce un magistère moral important.
George Simion a félicité son adversaire, se réjouissant qu'un "souverainiste" se retrouve au second tour. Avec son discours passionné aux accents mystiques et conspirationnistes, cet homme de 38 ans, grand fan du président américain élu Donald Trump, était considéré comme l'un des favoris.
Campagne TikTok
A l'inverse, Calin Georgescu a séduit dans les derniers jours avec une campagne TikTok devenue virale, focalisée sur la nécessité d'arrêter l'aide à l'Ukraine. "Ce soir, le peuple roumain a crié pour la paix. Et il a crié très fort, extrêmement fort", a-t-il réagi.
Après dix ans au pouvoir de Klaus Iohannis, fervent soutien de Kiev devenu très impopulaire à cause notamment de ses coûteux voyages à l'étranger financés avec l'argent public, les Roumains ont donc porté leur dévolu sur les candidats antisystème, sur fond de montée des mouvements ultra-conservateurs en Europe.
Des législatives à venir
Fort de ces bons scores à la présidentielle, l'extrême droite devrait bénéficier d'"un effet de contagion" aux élections législatives du 1er décembre. Ce qui augure de négociations difficiles pour former une coalition.
Les sociaux-démocrates, héritiers de l'ancien parti communiste structurant la vie politique du pays depuis plus de trois décennies, gouvernent actuellement en coalition avec les libéraux du PNL.
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