Les 27 Etats membres de l'Union européenne sont favorables à une nouvelle loi sur l'immigration afin "d'accélérer" les expulsions de migrants en situation irrégulière, ont-ils annoncé à l'issue de ce sommet. Dans ses conclusions, le Conseil européen "invite la Commission européenne à soumettre une nouvelle proposition législative" en "urgence".
La présidente de la Commission Ursula von der Leyen avait pris les devants lundi en proposant une nouvelle loi dans un calendrier qui reste à déterminer. Une initiative similaire avait échoué en 2018, mais "six ans plus tard, le débat a évolué", "vers la droite" de l'échiquier politique, relève un responsable européen.
Les expulsions de migrants en situation irrégulière "sont le chaînon manquant" de la politique migratoire européenne. "Nous devons sortir des sentiers battus", avait plaidé le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis dès son arrivée.
Les dirigeants européens doivent aussi débattre de la proposition controversée de "hubs de retour", soit la déportation de migrants dans des centres d'accueil de pays tiers, comme commence à le faire l'Italie de Giorgia Meloni en Albanie.
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Une "goutte d'eau"
Ces centres ne sont qu'une "goutte d'eau" et ne représentent "pas une solution" pour des "grands pays" comme l'Allemagne, a évacué le chancelier Olaf Scholz, en se présentant devant la presse.
L'Espagne s'y oppose, pendant que la France, prudente, invite à "favoriser les retours lorsque les conditions le permettent", "plutôt que d'organiser des retours dans des hubs en pays tiers", selon l'Elysée.
La discussion est "très vague et préliminaire", il n'y a "pas de plan" sur ces hubs, complète un diplomate européen, qui n'attend "pas de grandes décisions" de ce sommet.
En mai, l'Union européenne a adopté le pacte migration et asile, censé entrer en vigueur mi-2026, avec un durcissement du "filtrage" aux frontières et un mécanisme de solidarité entre les 27 dans la prise en charge des demandeurs d'asile.
Des pays comme l'Allemagne et la France plaident pour accélérer sa mise en place.
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Poussée des partis d'extrême droite
Et les questions migratoires reviennent bousculer l'agenda, poussées notamment par les partis d'extrême droite, en progression dans de nombreux pays d'Europe.
Certains dans l'UE "entendent ce que nous disons depuis des années", s'est réjouie la cheffe de file de l'extrême droite française Marine Le Pen, de passage à Bruxelles pour une réunion des Patriotes pour l'Europe, troisième force politique du Parlement européen après les élections de juin.
Ce durcissement du ton intervient alors que le nombre de passages clandestins détectés aux frontières de l'Union européenne a baissé de 42% sur les neuf premiers mois de 2024 comparé à la même période de l'année précédente, selon l'Agence européenne de surveillance des frontières Frontex.
ats/vajo/jop
Phase de transition
Ce sommet a par ailleurs lieu dans une phase de transition à Bruxelles, où la nouvelle équipe de la Commission européenne devrait prendre ses fonctions début décembre.
Il est marqué par les difficultés de plusieurs leaders européens dans leurs pays, particulièrement d'Emmanuel Macron, affaibli par l'explosion des déficits en France et l'attelage fragile avec le nouveau Premier ministre Michel Barnier, issu de la droite et sans majorité à l'Assemblée nationale.
Le soutien à l'Ukraine, en présence de Volodymyr Zelensky, et l'appel à la désescalade au Proche-Orient sont les deux autres dossiers majeurs à l'ordre du jour du sommet européen jeudi.
Mais "la discussion la plus sensible" entre les Etats membres "sera certainement celle sur l'immigration", assure un haut responsable, qui redoute que les Européens ne parviennent pas à se mettre d'accord sur ce volet dans la déclaration finale.