Les récentes attaques meurtrières israéliennes sur sol libanais ont remis à l'ordre du jour un long et ancien historique entre les deux Etats. Bien qu'elles se soient intensifiées depuis la mi-septembre, les hostilités remontent à plusieurs décennies, bien au-delà de la guerre dans la bande de Gaza et des escalades dans la région. Résumé d'une histoire vieille de plus de 40 ans.
1982 - L'OCCUPATION ISRAÉLIENNE
Si les confrontations entre Israël et le Liban sont restées relativement stables jusque-là, le début de la guerre civile libanaise, en 1975, marque le début d'une ingérence israélienne davantage soutenue. En 1978, Israël envahit une partie du Sud-Liban en y déployant ses soldats à la frontière dans le but de repousser les combattants de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Quatre ans après cette invasion, pour laquelle l'ONU demande dans une résolution à Israël de retirer ses forces du territoire libanais, et dans un contexte d'attaques régulières — bien qu'inégales — de part et d'autre, l'Etat hébreu réoccupe le sud du Liban, s'étendant cette fois jusqu'à Beyrouth. L'objectif affiché de l'invasion baptisée "Paix en Galilée" est d'éliminer les militants palestiniens de l'OLP établis au Liban. La capitale est bombardée et encerclée.
C'est en réponse à l'occupation israélienne que le Hezbollah est créé la même année, en 1982. A la fois groupe paramilitaire et parti politique, le mouvement islamiste chiite — dont le nom signifie "Parti de Dieu" — est soutenu par l'Iran. Sa création est officiellement annoncée en 1985. Le Hezbollah se présente alors comme un mouvement de résistance qui vise à lutter contre l'Etat d'Israël et "éliminer" cette "entité".
2000 - LE RETRAIT D'ISRAËL
La branche armée du Hezbollah, la Résistance islamique au Liban, multiplie les opérations contre l'armée israélienne, qui occupe alors un millier de km2 dans le sud du pays, ainsi que sa milice auxiliaire, l'Armée du Liban sud (ALS), composée de chiites et de chrétiens libanais. En 1993, puis en 1996, l'Etat hébreu mène deux vastes offensives meurtrières au Liban qui tuent des centaines de personnes et font plus d'un demi-million de réfugiés.
Après un carnage lors de cette dernière offensive dans la localité de Cana, au sud du Liban, où l'armée israélienne bombarde un camp de l'ONU abritant des civils venus chercher refuge, les appels internationaux au cessez-le-feu se multiplient. Un accord en ce sens est signé entre Israël et le Hezbollah après une quinzaine de jours de raids massifs israéliens.
Le Sud-Liban sera néanmoins occupé par Israël encore pendant quatre ans, jusqu'en 2000, 22 ans après la première invasion israélienne sur sol libanais. Ce retrait est considéré comme un échec pour l'Etat hébreu, au profit du Hezbollah.
Bénéficiant d'une situation de relative accalmie après le retrait d'Israël — des affrontements ponctuels ont toujours lieu —, le mouvement renforce sa présence politique au Liban et accède pour la première fois au gouvernement en 2005.
2006 - OFFENSIVE ISRAELIENNE, PUIS RETRAIT
En 2006, une nouvelle confrontation mène à une guerre de 33 jours au Liban. Le Hezbollah enlève deux soldats israéliens à la frontière dans le but de les échanger contre des détenus en Israël. L'Etat hébreu réagit en lançant une vaste offensive à coups de raids aériens dévastateurs. Il impose également un blocus et lance, en parallèle, une nouvelle invasion du sud du Liban.
En 33 jours, 1200 personnes sont tuées côté libanais, majoritairement des civils, et 160 autres côté israélien, majoritairement des militaires. Un million de personnes ont par ailleurs été déplacées au Liban et 500'000 en Israël.
La guerre se solde par une résolution de l'ONU, qui prévoit un cessez-le-feu, le retrait des soldats israéliens et le désarmement du Hezbollah au Sud-Liban. Une zone tampon est alors instaurée et 15'000 Casques bleus sont déployés dans la région.
2024 - GUERRE OUVERTE AVEC LE HEZBOLLAH
Les frappes israéliennes et les tirs de roquettes du Hezbollah à la frontière vont perdurer de manière sporadique jusqu'au 7 octobre 2023. Dès le lendemain des attaques sans précédent du Hamas palestinien en Israël, qui vont marquer le début d'une guerre particulièrement meurtrière menée par l'armée israélienne dans la bande de Gaza, le Hezbollah lance des roquettes sur le nord de l'Etat hébreu en soutien au Hamas. Les tirs transfrontaliers entre la formation libanaise et l'armée israélienne sont dès lors quotidiens.
A la mi-septembre, des explosions simultanées de bipeurs et de talkies-walkies appartenant à des membres du Hezbollah tuent 39 personnes et font près de 3000 blessés au Liban. Une dizaine de jours plus tard, l'armée de l'Etat hébreu lance une campagne de bombardements massive et meurtrière dans le pays. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et plusieurs membres du mouvement sont tués lors d'une frappe sur Beyrouth qui a détruit plusieurs immeubles de la banlieue sud. Au total, plus de mille personnes ont péri au Liban depuis la mi-septembre, selon les autorités libanaises, qui font également état de près d'un million de déplacés.
Dernière phase de cette escalade, les forces israéliennes pénètrent dans la nuit de lundi à mardi au Sud-Liban pour mener des "raids terrestres limités, localisés et ciblés".
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Isabel Ares