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Espoir d'un retour à une vie (presque) normale pour le jury du procès Trump

L'ancien président Donald Trump assis alors que les dernières personnes du jury prêtent serment au cours de son procès pénal pour avoir falsifié des documents commerciaux afin de dissimuler l'argent versé pour faire taire la star du porno Stormy Daniels en 2016. Dessin d'audience, Tribunal d'État de Manhattan à New York, le vendredi 19 avril 2024. [KEYSTONE - Jane Rosenberg via AP]
L'ancien président Donald Trump assis alors que les dernières personnes du jury prêtent serment au cours de son procès pénal pour avoir falsifié des documents commerciaux afin de dissimuler l'argent versé pour faire taire la star du porno Stormy Daniels en 2016. Dessin d'audience, Tribunal d'État de Manhattan à New York, le vendredi 19 avril 2024. - [KEYSTONE - Jane Rosenberg via AP]
Protégées tout au long du procès par leur anonymat, les personnes faisant partie du jury qui a reconnu jeudi Donald Trump "coupable" espèrent reprendre une vie (presque) normale, bien que ces douze femmes et hommes de New York soient dorénavant face à un "danger" inédit pour leur sécurité.

Signe de l'extrême sensibilité de la question de la sécurité du jury du tribunal de Manhattan, le juge Juan Merchan avait sommé l'accusé Donald Trump de ne jamais s'en prendre à ces cinq femmes et sept hommes dans ses propos publics.

Cette décision est toujours effective et s'applique également aux témoins ainsi qu'à la famille du juge, lequel a souvent été injurié par Donald Trump, et à celles des procureurs, au moins jusqu'au prononcé de la peine le 11 juillet.

Mise en garde voilée

Après que jurées et jurés eurent répondu "oui coupable" aux 34 chefs d'accusation pour falsifications comptables, le juge Merchan les a remerciés d'avoir "accordé à cette affaire toute l'attention qu'elle méritait".

Mais dans une mise en garde à peine voilée, il a insisté sur la confidentialité à laquelle ils étaient tenus durant le procès: "Vous vous rappellerez [qu'au début du procès] je vous ai un peu sermonnés. Vous êtes dorénavant libres de discuter de l'affaire si vous en avez envie (...) C'est un choix qui vous appartient", a prévenu le magistrat, la voix un peu tremblante.

>> Voir le sujet du 19h30 sur la fin du procès de Donald Trump :

Donald Trump a été déclaré coupable à l’issue de son procès pénal à New York. L’ancien président américain va faire appel
Donald Trump a été déclaré coupable à l'issue de son procès pénal à New York. L'ancien président américain va faire appel / 19h30 / 1 min. / le 31 mai 2024

Pour Claire Finkelstein, professeure de Droit à l'université de Pennsylvanie, l'identité de chaque jurée et juré va finir par "sortir et ce sera par le biais de la défense" de Donald Trump. Anonymes pour le grand public et la presse, les douze personnes du jury ne l'étaient pas pour les avocats de la défense et de l'accusation.

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Des jurés en danger?

D'après l'organisation Advance Democracy, citée vendredi par la télévision NBC News, des propos violents contre le juge Juan Merchan et le procureur qui a instruit toute l'affaire, Alvin Bragg, ainsi que leurs adresses présumées et celles de jurés, ont circulé sur des comptes de réseaux sociaux de partisans trumpistes.

Dans une Amérique ultra polarisée, à cinq mois de la présidentielle entre Joe Biden et Donald Trump, les jurés "vont se retrouver en danger (...) et c'est un vrai sujet d'inquiétude", redoute Claire Finkelstein.

Il est arrivé qu'après de grands procès médiatisés des jurés brisent l'anonymat pour raconter leur histoire à la presse ou dans un livre. Comme après l'acquittement controversé en 1995 de l'ancienne superstar du football américain O.J. Simpson, mort en avril, pour le meurtre de son ex-femme. Un juré a publié un livre, un autre a contribué à un documentaire télé.

>> Lire aussi : O.J. Simpson, ex-star du foot américain acquittée lors du "procès du siècle", est mort

De fait, une fois l'affaire bouclée, "les jurés sont libres d'en discuter, de parler des preuves et des délibérations", explique l'ancien procureur Bennett Gershman. Mais ce professeur de droit ne voit pas les jurés de Trump chercher à faire de l'argent sur leur expérience.

Protection du jury

Pour le procès de l'ancien président Trump, une femme jurée sélectionnée parmi 200 personnes a jeté l'éponge après avoir révélé au juge que son nom était sorti dans la presse.

D'ailleurs, lors des cinq semaines de débat – où aucune caméra, ni enregistreur sonore n'étaient autorisés – le juge Merchan a exhorté les journalistes à ne jamais donner de description physique des personnes du jury.

L'ancien président américain Donald Trump retourne à la Trump Tower après qu'un jury l'a déclaré coupable des 34 chefs d'accusation retenus contre lui dans le cadre de son procès pénal devant la Cour suprême de l'État de New York, à New York, le 30 mai 2024. [KEYSTONE - Peter Foley]
L'ancien président américain Donald Trump retourne à la Trump Tower après qu'un jury l'a déclaré coupable des 34 chefs d'accusation retenus contre lui dans le cadre de son procès pénal devant la Cour suprême de l'État de New York, à New York, le 30 mai 2024. [KEYSTONE - Peter Foley]

"Si des jurés sont menacés", conseille la professeure Finkelstein, les autorités new-yorkaises "pourraient leur fournir de la sécurité à domicile, les reloger et, si cela devient vraiment dangereux, les placer sous un programme de protection des témoins".

Lors du procès, Donald Trump a parfois été soutenu dans le prétoire et à l'extérieur par sa famille, des élus républicains, et aussi, l'ancien boxeur, garde du corps et ex-dirigeant du groupe Hell's Angels de New York, Chuck Zito.

L'entourage de l'ex-président "a clairement tenté d'intimider des jurés avant le verdict", pense Claire Finkelstein pour qui le procès s'apparentait "vraiment à (celui) d'un membre de la mafia".

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afp/sjaq

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